Deschamps, les choix payants
L'équipe de France a réalisé un superbe feu d'artifice face à la Suisse. Un net succès 5-2 avec la manière. Dans ce festival offensif, difficile de désigner un homme du match : Karim Benzema pour son (ses) but(s) et son altruisme (deux passes décisives), Olivier Giroud pour son but historique et son caviar pour Mathieu Valbuena, ou encore le Marseillais. Lui aussi a participé à la fête en inscrivant le but du KO, le troisième juste avant la mi-temps. "P'ti Vélo" a déclenché la "goleada" en déposant sur la tête d'Olivier Giroud, le corner qui a amené le premier but. Mais plus encore que le trio offensif, c'est peut-être Didier Deschamps qu'il faut féliciter. Le sélectionneur, en chamboulant son onze de départ qui avait donné satisfaction contre le Honduras, prenait un risque. La mise sur le banc de Paul Pogba, averti face aux Honduriens, même si elle se défendait, avait surpris en raison du talent du milieu de terrain. Celle d'Antoine Griezmann, convaincant dans le jeu, aussi. Mais les faits qui ont suivi ont donné raison à "DD".
Giroud, Sissoko, duo gagnant
Ces choix forts ont été payants. Se priver de deux jeunes joueurs bourrés de talent était un sacré pari. Mais les handicaps :de l'un - sous la menace d'une suspension - et de l'autre - un peu "léger" physiquement pour le combat qui s'annonçait - ont poussé Deschamps à changer ses planes. Pour les remplacer, il a fait appel à deux joueurs au profil similaire : costaud. D'un côté Olivier Giroud, l'attaquant et Moussa Sissoko, le milieu de terrain. En les titularisant, Deschamps savait où il allait. Les deux joueurs sont désormais aguerris pour le combat physique puisque rompus aux joutes de Premier League. Les deux répondraient présent. Olivier Giroud, déçu par sa non-titularisation contre le Honduras, avait faim de ballon, faim de jeu. Il voulait prouver qu'il était mieux qu'un remplaçant de luxe et que ses matches de préparation n'étaient pas un leurre (3 buts en 3 matches). Le second est un homme de devoir, que Deschamps avait l'habitude de faire rentrer lorsque le combat se durcissait. Il était notamment du match nul contre l'Espagne (1-1) à l'automne 2012.
Les deux n'ont pas déçu et ont apporté leur savoir-faire. Le Gunner a servi de point d'ancrage aux attaques bleus. Avec son physique de déménageur, il a parfaitement fait son trou au sein de la défense helvète. Il a surtout marqué le but qui a tout déclenché. Le premier. De la tête, son point fort. Une réalisation, la 100e de l'équipe de France en Coupe du monde, fêtée avec tout le groupe France. La preuve que personne ne lui tenait rigueur de ses déclarations. La preuve aussi que Deschamps avait parfaitement su le maintenir concerné. Le joueur de Newcastle, lui, a fait le travail au milieu de terrain. Il a couvert les montées de Debuchy, là où Pogba doit encore travailler ses replis. Le Magpie a également été récompensé de son abattage par un but, son premier sous le maillot bleu. Bien servi par Benzema à la 73e minute, il a placé un plat du pied droit qui a fait mouche.
Pogba, rentrée gagnante
Comme tout cela ne suffisait pas, Didier Deschamps a aussi vu juste avec ses changements. Si celui de Laurent Koscielny à la place de Mamadou Sakho n'était pas prévu - le joueur de Liverpool a été victime d'une élongation -, la sortie de Giroud pour Pogba avait de quoi surprendre. Car Olivier Giroud était auteur d'un match plein et car il intervenait tôt dans la rencontre (63e minute). Mais là encore, "la Dech'" a eu le nez creux puisque c'est le milieu de terrain de la Juventus qui a régalé sur le quatrième but, l'oeuvre de Karim Benzema. Le délicieux extérieur du pied droit est tombé directement dans la course de Karim Benzema qui d'un geste acrobatique a inscrit son 3e but de ce Mondial. Tout Pogba dans un seul geste. Quelques minutes plus tard, coupable d'un mauvais geste, il aurait pu prendre ce jaune qui l'aurait suspendu pour la dernière rencontre face à l'Equateur.
Cette rencontre face à la Suisse a confirmé le potentiel offensif des Bleus et validé les choix de Didier Deschamps. Pourtant cette fin de match un peu bazardée, où les Bleus ont pris deux buts, aurait pu être évitée : "Cela aurait pu être plus que parfait", a-t-il souligné au micro de TF1 et BeIn Sports. Cela lui donnera l'occasion de recadrer ses troupes et notamment YohanCabaye qui sera suspendu face à l'Equateur en raison d'un carton jaune stupide, pris pour un trop plein d'agressivité. Mais il goûtera sûrement l'état d'esprit d'un groupe où tout le monde se sent désormais concerné, résumé par la phrase d'Olivier Giroud. "On a de très bons joueurs, mais ce qui fait notre force c'est l'état d'esprit. Quand on voit qu'à 5-0 on continue à défendre notre bifteck bec et ongles, tout est dit. On a tous envie de prolonger ces super moments qu'on vit depuis le match de l'Ukraine. La star, c'est l'équipe, même si on a des joueurs de classe mondiale, et c'est un plaisir de se mettre à disposition de l'équipe".
Vidéo: la joie des supporters français à la sortie du stade
Le tweet d'Antoine Griezmann
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