Disparition : la carrière de Gérard Houllier en six dates
• 7 décembre 1983 : la révélation au RC Lens
Après avoir brillé au Touquet et surtout à Nœux-les-Mines en deuxième division (élu meilleur entraîneur de D2 en 1981), le jeune Gérard Houllier prend les commandes du RC Lens en 1982 à 35 ans. Et dès sa première saison, l’ancien instituteur du Pas-de-Calais détonne avec son équipe portée vers l’attaque qui termine à la 4e place de Division 1. Une performance qui permet aux Sang & Or de participer à la Coupe de l’UEFA pour la deuxième fois de leur histoire, sept ans après leur première participation. Une épopée au fort accent belge qui marque le paysage lensois, et les supporters du club. Après avoir éliminé La Gantoise et le Royal Antwerp, Lens s’incline de peu face au grand RSC Anderlecht en 8e de finale. Après deux saisons plus quelconques (13e, 7e), Houllier, entraîneur en puissance, quitte son Pas-de-Calais natal, devenu trop petit, direction la capitale.
• 25 avril 1986 : champion avec le PSG
Gérard Houllier est un homme de premières. A même pas 40 ans, le tout nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain réussit l’impensable : porter le jeune club créé en 1970 sur le toit du football hexagonal dès sa première saison sur le banc du club parisien. Et ce, devant le FC Nantes et surtout les Girondins de Bordeaux, double tenants du titre. Pour cela, Houllier s’appuie sur des hommes forts tels que Joël Bats dans les buts, Luis Fernandez au milieu, Safet Sušić en numéro dix et Dominique Rocheteau en gâchette offensive (19 buts en 35 matches). Un premier titre historique pour le PSG, avant celui de 1994 et les 7 glanés depuis l’arrivée du Qatar. Mais comme à Lens, la suite est plus délicate avec une élimination dès le premier tour en C1 la saison suivante contre Vitkovice, et une septième place en 1987-88, qui lui vaut d’être écarté.
• 17 novembre 1993 : France-Bulgarie, le traumatisme
Brillant technicien et grand formateur à l’origine du développement des centres de formation en France, Gérard Houllier laissera sans doute une trace un peu moins forte que Michel Hidalgo, en dépit de ses nombreux accomplissements. Et cela tient beaucoup à son expérience ratée en Bleu. Car si Houllier a été loué pour son rôle de DTN à la FFF, son histoire avec la sélection a été plus tourmentée. D’abord adjoint de Michel Platini de 1988 à 1992, il incarne l’échec de la génération gâchée des Papin, Cantona, Ginola et consorts. Surtout, devenu sélectionneur en 1992, il est l’homme de la non-qualification désastreuse pour le Mondial 1994 aux Etats-Unis, avec l’élimination tragique contre la Bulgarie. Toute la France se souvient du but tardif de Kostadinov, et de la charge de Gérard Houllier envers David Ginola à l’époque. Une débâcle qui causera son départ des Bleus, après un an seulement aux commandes.
• 16 mai 2001 : Liverpool, la renaissance
Arrivé comme adjoint en juillet 1998 sur les bords de la Mersey, Gérard Houllier devient en novembre de la même année le premier entraîneur non-britannique des Reds : une révolution. L’ancien prof d’anglais, qui a joué une saison au Liverpool ALSOP en 1968-1969, se fond dans la moule tout en insufflant un renouveau au club. En six années aux manettes, il fait entrer Liverpool dans le XXIe siècle. Surtout, il remet le club au premier plan avec une année 2001 exceptionnelle, marquée par un triplé Coupe d’Angleterre - Coupe de la Ligue - Coupe de l’UEFA. Il remporte cette dernière le 16 mai 2001 à Dortmund au terme d’une finale dantesque contre le Deportivo Alaves. Après avoir mené 3-1 à la mi-temps, les Reds sont poussés en prolongations par les Espagnols (4-4). Mais ses hommes arrachent la victoire en à la 116e minute pour cette première finale européenne de Liverpool depuis le drame du Heysel en 1985. Une renaissance pour le club, et pour son coach. Houllier quitte le club en 2004, après l’avoir stabilisé dans le Big 4 et une nouvelle Coupe de la Ligue en 2003.
• 4 avril 2006 : la désillusion avec Lyon malgré les titres
Après un an de repos, Houllier reprend du service en 2005 à Lyon, qui n’a alors pas grand chose à envier à Liverpool sur le plan sportif. A la tête d’une équipe quadruple championne de France, Houllier poursuit la moisson de titres avec deux nouvelles Ligue 1 acquise assez facilement (2006, 2007). Mais c’est sur la scène européenne que l'entraîneur va être juger. Il le sait. En 2005-2006, Lyon a sans doute la meilleure équipe de son histoire. Le match qui marque le passage d’Houllier sur ce banc, c’est le quart de finale perdu contre l’AC Milan, alors que jusque la 88e, à 1-1, les Lyonnais étaient qualifiés. Mais c’était sans compter Inzaghi (88e) et Shevchenko (93e), venus crucifier les rêves des Gones. L’année suivante, l’OL d’Houllier tombera dès les huitièmes de finale contre l’AS Rome et le technicien quittera Lyon à la fin de saison. Mais les regrets, ce sont bien ceux d’avril 2006.
• 31 mai 2011 : Aston Villa, le clap de fin
Redevenu DTN des Bleus, Houllier quitte le navire tricolore en 2010 après le naufrage de Knysna, accusé d’avoir soutenu Raymond Domenech après l’échec de l’Euro 2008. Pour rebondir, le technicien rejoint son Angleterre adoptive sur le banc d’Aston Villa. Mais dix ans après sa dissection de l’aorte en 2011, les médecins lui conseillent d’arrêter sa carrière d’entraîneur s’il ne veut pas y laisser sa vie. En mai 2011, après une saison correcte ponctuée à la 9e place de Premier League, Houllier annonce sa démission. Il deviendra ensuite directeur sportif des New York Red Bulls, avant de revenir conseiller de Jean-Michel Aulas à Lyon. Mais plus jamais il ne retrouvera un banc.
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