Djokovic, un N.1 en puissance
Que se serait-il passé si Gaël Monfils ou Michael Llodra avait remporté un simple le dimanche 5 décembre à Belgrade, en finale de la Coupe Davis ? Cinq mois après, Novak Djokovic ne serait peut-être pas en passe de devenir N.1 mondial. Il ne serait peut-être pas le seul joueur invaincu sur le circuit après 37 matches. Il ne serait peut-être pas à cinq victoires du mythique record établi par John McEnroe (42 succès de suite en 1984). "La finale de la coupe Davis m'a donné une énergie incroyable", avoue le Serbe. "Ensuite, j'ai acquis un état d'esprit de vainqueur. Avant, j'avais subi des défaites." Le tournant de la carrière de ce joueur fantasque est donc gravé, daté. Jusque-là, le Belgradois affichait son talent, sa volonté de vaincre, et ses capacités physiques mais avait la capacité de passer au travers d'un match, d'un tournoi, ce qui avait un temps placé Andy Murray au rayon du principal trouble-fête du duo Nadal-Federer. Depuis le sacre en Coupe Davis, ce n'est plus le cas.
L'an dernier, Rafael Nadal avait réalisé la saison parfaite sur terre-battue, ne perdant pas le moindre match. En 2011, hormis Monte-Carlo, il vient de mordre deux fois la poussière consécutivement, sur ses terres madrilènes et désormais à Rome où il n'avait laissé échapper qu'un titre lors des six dernières éditions, à chaque fois contre Novak Djokovic. "Soyons clair: c'est le roi de la terre battue. Il a été si dominant pendant six ans. OK, je l'ai eu deux fois en huit jours, ce qui est un accomplissement incroyable. Mais ce ne sont que deux tournois", relativise l'insatiable actuel N.2 mondial. Sa modestie dans le discours cache cependant une autre réalité. Outre le fait de n'avoir toujours pas connu le moindre revers cette année, il n'a laissé que des miettes aux anciens maîtres du circuit: un petit set pour Roger Federer en trois matches, deux petits sets accordées à Rafael Nadal en quatre duels dont les deux derniers conclus en deux manches sur terre, un set concédé à Andy Murray en deux rencontres, voilà le bilan des trois autres meilleurs joueurs du monde. Et il ne veut pas s'arrêter en si bon chemin: "J'ai joué de manière parfaite face à Rafa à Madrid et à Rome. Maintenant, il y a toujours matière à progresser."
Et progresser passe forcément par des Internationaux de France de tout premier ordre. Lui qui n'a jamais été plus loin que la demi-finale (2007 et 2008, défaites contre Nadal comme en 2006 en quarts de finale) aspire à mieux. Forcément. "Mon équipe a effectué un boulot incroyable. Je vais essayer de savourer cette victoire mais il faut déjà penser à Roland-Garros", lançait-il après son sacre romain. Avec des choix assumés sur son programme (exit Monte-Carlo), le N.2 mondial sait que son physique est au centre de ses performances futures. "Je ne vais pas toucher la raquette pendant quatre jours", glissait-il. "Le repos est primordial. Après, on va tout faire pour être d'attaque pour Roland-Garros, le rendez-vous le plus important de la saison sur terre battue." Paris sera d'autant plus important qu'il peut, en cas de présence en finale, devenir le prochain N.1 mondial, quelque soit le parcours de ses rivaux, et en premier lieu du détenteur du trône, Nadal. Il peut même devenir le nouveau leader du tennis mondial sans atteindre le dernier dimanche, si l'Ibère n'est pas encore en lice ce jour-là. Mais ce dernier n'est pas prêt à lâcher son bien le plus précieux, et rater l'occasion d'égaler Bjorn Borg sur les courts de la Porte-d'Auteuil. "J'ai beaucoup de trophées à la maison, plus que j'en avais rêvé", se console Nadal. "Il se trouve qu'il y a un mec qui gagne presque tout. Il réussit des choses hallucinantes. Je suis le deuxième mais je vais continuer à bosser dur. Son niveau de tennis était vraiment très haut. Ca ne va pas continuer ainsi tout le temps, c'est impossible. J'aurai ma chance."
S'il va jusqu'en quarts de finale, soit aussi bien que l'an dernier ou Jurgen Melzer l'avait terrassé, Novak Djokovic égalera le record de John McEnroe, de 42 victoires de suite sur une saison. "Quand je pense à tous les points qu'il va me falloir défendre la saison prochaine, mon Dieu!", sourit-il. Et il pourrait même envisager de s'approcher de Guillermo Vilas, vainqueur de 46 matches consécutifs en 1977 (sur deux saisons), puisqu'il en est déjà à 39 (avec les deux victoires en Coupe Davis en 2010).
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