Domenech: "Arrêter la mascarade"
Ce fut tout dabord lenfer du dimanche, puis le lundi ausoleil, essaie-t-on de nous faire croire. Après une incroyable journéedominicale marquée par le départ de Nicolas Anelka, laltercation PatriceEvra-Robert Duverne et la grève de lentraînement décidée par les joueurs, letout pimenté par une intervention imprévue et tout aussi hallucinante de FranckRibéry sur le plateau de Téléfoot où il navait pas été convié, ce fut presqueun lendemain qui chante. Des joueurs à lentraînement, pas le moindrerebondissement à signaler ni daccrochages entre qui que ce soit. Une journéepresque normale pour une équipe qui prépare un match décisif de Coupe du mondedans moins de 24 heures.
Cest donc un Raymond Domenech toujours un peu abattu, maisun peu plus volontaire qui sest présenté devant la presse lundi soir. Sans lecapitaine Patrice Evra pourtant annoncé. Pour évincer toute question vraimentgênante, le sélectionneur des Bleus a tenu à mettre lui-même les choses auclair sur deux sujets épineux: l'exclusion d'Anelka et le communiqué desjoueurs. S'il apporte son soutien la FFF pour une sanction "sportive, puis administrativejustifiée" d'exclure son attaquant, il se démarque de l'attitude de sesjoueurs. "Personne ne peut sepermettre un tel comportement. L'exemplarité des sportifs de haut niveau est quelquechose d'important, rappelle-t-il. "Jene cautionne pas ce qu'ont fait les joueurs", a-t-il annoncéclairement.
Et pour montrer son écoeurement quant à la situationprovoquée dimanche, le coach des Bleus a reconnu avoir pris seul la décision delire leur communiqué: "Cela faisait45 minutes que l'on essayait de les convaincre dans le bus, que c'était d'unestupidité sans nom, une aberration. Je me suis dit 'il faut arrêter lamascarade', que les gens avaient le droit de savoir". Il a donc prisla lettre des joueurs pour la lire. Un communiqué qu'il déclare "ne pas cautionner", nil'attitude des joueurs, ni le choix de la presse d'afficher les propos à la Une. "Je me sens en partie responsable. J'ai une part de responsabilité,mais pas tout", reconnaît-il dépité.
"Ils ont pris conscience de ce qu'ils ont fait"
Comme souvent, Domenech a donc dicté sa loi en conférence depresse. Une déclaration initiale sur les deux points chauds du moment, puis l'interdiction faite aux journalistes de poser toute question se rapportant à cessujets par la suite. S'ensuivaient des palabres sur le match Afrique du Sud-Francedécisif de mardi soir et quelques banalités avant que les interrogations netournent de nouveau autour du groupe et des relations de Domenech avec ses joueurs. "Je n'ai pas à leur faire confiance ounon, explique-t-il. Ils ont prisconscience de ce qu'ils ont fait. L'ampleur de ce qu'ils ont créée les pousse àbien se comporter mardi".
Incapable de dire aussi la grève était aussi unanimequ'annoncée, on a senti un sélectionneur tenu à l'écart malgré lui de la vie de son groupe, deses problèmes et états d'âme. S'il clame haut et fort que l'équipe sera prêtepour son dernier rendez-vous, il espère néanmoins qu'avec "tous les signesqu'on leur envoie, les joueurs ont compris qu'ils doivent se donner àfond". "Ils n'ont jamais étéaussi déterminé, n'ont jamais autant voulu gagner un match. J'en ai lacertitude.. Ils ont épuisé beaucoup d'énergie en dehors du terrain, mais ilsseront prêts", annonce-t-il.MéthodeCoué? Sans doute un peu, car il n'élude pas la question concernant le fait que certains joueurs n'auraient pas envie de jouer mardi. Mais si lui n'y croit pas, personne ne semble capablede le faire pour lui.
Une grève pas si unanime que cela
Si Domenech a plus ou moins éludé la question concernant lagrève qui aurait été décidé "à l'unanimité des joueurs" selon lecommuniqué lu, un dirigeant de la FFF s'est montré moins convaincu. Henri Monteil, président dela Ligue duCentre-Ouest, a ainsi confié à la Charente-Libre que "des joueurs sont allés voir Domenech dans sa chambre" etqu'ils "pleuraient", disant"regretter ce qui se passe". "Desjeunes, je ne peux pas vous donner de noms. De toute façon, les trois ou quatreleaders sont des joueurs sur le déclin, qui ne joueront plus jamais de Coupe dumonde. Qui sont-ils? Je ne sais pas... Gallas, Abidal, peut-être Henry qui estami avec Anelka", poursuit-il.
"J'étais juste àcôté" du bus où s'étaient enfermés les joueurs, explique Henri Monteil."Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenechsont allés parlementer. Mais il n'y avait rien à faire. Des joueurs n'arrêtaientpas de frapper sur les vitres en hurlant au chauffeur de démarrer. C'était fou".Une indication qui explique un peu mieux le fait que le sélectionneur et lestaff soient rentrés à l'hôtel dans une autre voiture et confirme la tendance:La direction de l'équipe est bien entre les mains de certains joueurs.
Par Melinda DAVAN-SOULAS
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