Cet article date de plus de trois ans.

Dopage: la justice suisse "annule" la suspension du nageur chinois Sun Yang

Le Tribunal fédéral suisse a annulé la suspension de huit ans du nageur chinois Sun Yang, prononcée en février par le Tribunal arbitral du sport. Le triple champion olympique avait détruit un échantillon lors d'un contrÎle antidopage inopiné en 2018.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le nageur chinois Sun Yang (OLI SCARFF / AFP)

C'est une décision qui pourrait constituer un camouflet pour la justice sportive. Le Tribunal fédéral suisse a annulé la suspension de huit ans du nageur chinois Sun Yang, prononcée en février par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui devra de nouveau arbitrer, d'aprÚs un communiqué de la plus haute instance juridique du pays publié ce jeudi. Triple champion olympique, Sun Yang avait détruit un échantillon lors d'un contrÎle antidopage inopiné en 2018.

"Partialité" d'un arbitre du TAS

Le Tribunal fédéral a approuvé la demande présentée par le triple champion olympique "pour cause de partialité d'un arbitre du TAS. La décision du TAS est annulée. Le TAS devra statuer à nouveau sur le cas de Sun Yang dans une composition différente", souligne un bref communiqué. La défense du nageur chinois avait notamment mis en exergue des tweets racistes antichinois du président du panel de juges, l'Italien Franco Frattini. Le TAS avait annoncé le 28 février la suspension de l'icone de la natation chinoise pour la destruction à coups de marteau d'un échantillon lors d'un contrÎle antidopage inopiné, en septembre 2018.

Cette suspension pour huit ans du Chinois était l'une des décisions les plus spectaculaires du TAS, en raison de sa sévérité et du standing du nageur, triple champion olympique et superstar dans son pays. Le nageur avait fait immédiatement appel de cette suspension devant la justice civile. Déjà contrÎlé positif à un stimulant en 2014, Sun Yang a été puni pour la destruction à coups de marteau d'un échantillon lors d'un contrÎle antidopage inopiné en septembre 2018.

Dans un communiqué, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a indiqué avoir été informée de la décision du Tribunal fédéral. "La décision du Tribunal fédéral suisse découle d'une contestation à l'égard du président du panel du TAS et n'inclut aucun commentaire sur le fond de l'affaire", souligne-t-elle.

"Devant le TAS, la position de l'AMA a clairement prĂ©valu sur le fond de l'affaire", ajoute l'agence, prĂ©cisant qu'elle "se tient prĂȘte Ă  prĂ©senter Ă  nouveau son cas de maniĂšre robuste devant un panel du TAS diffĂ©rent en temps voulu". Elle n'a pas non plus reçu la dĂ©cision complĂšte et motivĂ©e du Tribunal fĂ©dĂ©ral suisse et "ne peut dĂšs lors pas s'exprimer plus en dĂ©tail".

Son avocat Zhang Qihuai, qui a confirmé jeudi à l'AFP avoir eu notification de la décision de la justice suisse sans en avoir eu la teneur, avait dit l'intention de son client d'entamer des poursuites contre un inspecteur qui avait selon lui fourni de "fausses preuves" dans un communiqué. Il avait accusé également l'AMA d'avoir "falsifié les faits et abusé de son pouvoir".

"Le 28 février 2020 a été un jour sombre", avait encore jugé Zhang Qihuai. "Il montre la scÚne du mal qui terrasse la justice et du pouvoir qui se substitue à l'évidente vérité", a-t-il ajouté. "Ce jour-là, le TAS a fermé les yeux sur les rÚgles et les procédures, fermé les yeux sur les faits et les évidences, et accepté tous les mensonges et les fausses preuves."

Lors de l'audience, le nageur a arguĂ© que les contrĂŽleurs n'avaient pas produit "les documents prouvant leur identitĂ©". Ce qui n'avait pas Ă©tĂ© retenu par le TAS. Pour le Tribunal, vĂ©ritable "cour suprĂȘme du sport", le sportif n'avait "pas Ă©tabli qu'il avait une explication valable pour dĂ©truire son Ă©chantillon" et "il ne (lui) revenait pas de dĂ©cider seul qu'un contrĂŽle antidopage devait ĂȘtre invalidĂ© et un Ă©chantillon dĂ©truit."

La suspension de Sun avait été saluée par de nombreux sportifs. L'Australien Mark Horton avait refusé de lui serrer la main et de monter sur le podium du 400 m libre à Gwangju (Corée du Sud). Le Britannique Duncan Scott, en bronze sur 200 m, avait aussi refusé de serrer la main du natif de Hangzhou, prÚs de Shanghaï.

"Bravo le TAS! Bonne décision, avait tweeté en février le Sud-Africain Chad Le Clos, vice-champion olympique du 200 m en 2016, derriÚre Sun. Comme beaucoup d'autres nageurs propres, j'ai couru contre Sun Yang et 'perdu'. Les tricheurs n'ont pas leur place dans le sport." David Sharpe, qui dirige l'Agence antidopage australienne, avait estimé pour sa part que l'arbitrage du TAS restaurait "la confiance dans le systÚme antidopage".

L'affaire de l'échantillon détruit avait atterri devant le TAS aprÚs un recours de l'AMA contre de précédentes conclusions controversées de la Fédération internationale de natation (Fina), qui avait blanchi Sun Yang pour vice de forme.

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.