Dopage : les athlètes français appellent à la "sérénité"
L’athlétisme français est au cœur de nombreuses polémiques depuis ces derniers mois. D'abord amoché par les scandales de dopage avec le contrôle de Clémence Calvin, les soupçons sur Morhad Amdouni et le récent contrôle positif à l’EPO d’Ophélie Claude-Boxberger. Puis les mauvais résultats à Doha (2 médailles, 0 titre) avec son lot de problèmes dont l'invitation d'un hypnotiseur au sein de l'équipe de France. Etre un athlète français n’est pas de tout repos ces dernières semaines. Alors, à l’initiative de Yohann Diniz et Renaud Lavillenie, 19 athlètes ont exprimé leur ras-le-bol et appellent au calme dans leur préparation pour les échéances 2020.
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En clair, les athlètes se positionnent pour la lutte contre le dopage mais refusent de commenter la situation, critique, de la fédération française d’athlétisme. Lors de son comité directeur organisé vendredi, la FFA avait opté pour le statu quo en renouvelant sa confiance au président André Giraud et à son Directeur technique national Patrice Gergès. Parmi les athlètes contactés, Alexis Miellet regrette de ne pas avoir été “assez sensibilisé dans les équipes de France jeune ou à l’école dans les sections sportives” sur le dopage. Mais celui qui a participé à ses premiers Mondiaux sur 1500 m à Doha affirme l’envie des signataires de montrer que “les derniers événements nous touchent mais que l’équipe reste soudée et qu’on devrait se satisfaire de l’efficacité des contrôles”.
Sophie Duarte, championne d’Europe de cross en 2013, va plus loin. “Nous ne cautionnons pas tout ce qui se passe mais nous avons besoin de retrouver du calme pour continuer notre préparation”. En effet, l’année 2020 est riche en rendez-vous internationaux, avec les Jeux Olympiques de Tokyo en ligne de mire. La spécialiste du cross “ne prend aucune position par rapport à la FFA” et déplore que “la mise en valeur de certains sportifs pris dans les mailles du filet ne joue pas en faveur du résultat sportif”.
Bigot comme acteur de la lutte contre le dopage, divise
Parmi les signataires, des habitués des compétitions internationales comme Kévin Mayer, Christophe Lemaitre, Mélina Robert-Michon ou encore Pascal Martinot-Lagarde. Mais aussi des plus jeunes venus en équipe de France tels Alexis Miellet et Djilali Bedrani. Un, en particulier, a beaucoup fait parlé de lui pour avoir signé cette lettre : Quentin Bigot. Le lanceur du marteau français, suspendu deux ans pour un contrôle positif à un stéroïde anabolisant (2014-2016), s’est attiré les foudres de nombreux détracteurs, dont des athlètes français, pour son passé de “dopé”. Il a justifié sa participation à cette action en trois points : le premier, son engagement “depuis maintenant 4 ans dans la lutte contre le dopage”, le deuxième, une “année 2020 très importante” ce qui explique leur “besoin de sérénité et non d’excitation stérile” et le troisième, en tant que “membre de l’équipe de France”.
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Si ces 19 athlètes ont pris position, qu’en est-il des autres ? Rénelle Lamote, Pierre-Ambroise Bosse, Ludvy Vaillant par exemple ne figurent pas dans les noms des adhérents à ce communiqué, mais cela ne signifie pas forcément qu'ils ne soutiennent pas cette cause, alors que penser de cela ? Certains apportent leur soutien à cette charte, mais la plupart restent encore silencieux quelques heures après sa publication. Ce communiqué instaure peut-être davantage de flou sur la situation critique que traverse l’athlétisme français mais pose néanmoins la question sur ce qui les a poussés à communiquer de la sorte. En tout cas Alexis Miellet l’assure, il a signé cette lettre “seul, sans demande de la fédération, du Président ou du DTN”.
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