A la veille du départ du Tour de France, Armstrong "balance" sur le dopage
Drôle de démarche que celle que Lance Armstrong a choisi d'adopter à la veille du départ du 100e Tour de France. Le septuple vainqueur de l'épreuve déchu a donné une interview exclusive au Monde. Selon lui, il n'a pas encore "raconté toute l'histoire ".
Il n'a d'ailleurs manifestement pas été facile de le convaincre. Le quotidien français explique que la première réaction de Armstrong était de son aveu un simple "fuck off " ("Allez vous faire voir ").
L'Américain, plutôt rancunier, gardait en travers de la gorge la position du journal qui a longtemps refusé de croire à la version du "miraculé du cancer qui triomphe à la seule force de son coup de pédale ".
Armstrong franc-tireur
Dans cette interview, le Boss se pose en moralisateur et détruit ses opposants. Pat MacQuaid, le président de l'Union Cycliste Internationale (UCI) qui a demandé à ce que Armstrong n'ait plus de place dans le cyclisme ? "Je pense simplement qu'[il] a essayé de faire une déclaration politique pour prétendre qu'il était sur une ligne dure contre le dopage. Mais, évidemment, il n'a aucun crédit en la matière ", lâche l'ancien maillot jaune.
L'agence anti-dopage américaine rapporte que le système qui s'est construit autour de lui était "le plus perfectionné, le plus professionnel et le plus efficace de l'histoire du sport ". "Ce ne sont que des conneries [...] pour faire du buzz ", rétorque Armstrong.
Le dopage est là et il restera
Plus troublant encore, la Grande Boucle ne pourrait pas être gagnée sans dopage : "Le Tour de France ? Non. Impossible de gagner sans dopage. Car le Tour est une épreuve d'endurance où l'oxygène est déterminant ".
Selon l'ancien leader des équipes de l'US Postal et de Discovery Channel, le dopage est inéluctable. Si l'on tombe dedans, c'est à cause de la "nature humaine " et Armstrong n'oublie pas d'ajouter qu'il est "un être humain ". Pour lui, le dopage "existe depuis l'Antiquité et existera sans doute toujours ".
Il montre d'ailleurs une réelle sympathie pour Jan Ullrich qui a récemment avoué s'être dopé lui aussi. Sur les routes, il a longtemps feraillé avec l'Allemand. Il est en revanche moins tendre avec le Français Laurent Jalabert, lui aussi désormais empêtré dans une affaire de dopage. "Avec tout le respect que je lui dois, il est en train de mentir ", déclaire Armstrong.
Philosophe à ses heures
Armstrong, s'il juge ne pas avoir encore tout raconté, se garde tout de même de commenter les éléments qui pourraient lui causer des ennuis. Plusieurs questions du quotidien trouvent une réponse lapidaire. Le champion déchu finit même par lâcher un "Pas de commentaire " lorsqu'on l'interroge sur la plainte conjointe d'un ancien sponsor et d'un ancien coéquipier.
Il faut dire qu'il y joue gros. Il a récemment vendu sa maison pour payer des avocats qui lui éviteront peut-être de verser les 100 millions de dollars que ses soutiens d'alors lui réclament.
En attendant, le Boss philosophe sur sa vie : "Tout ce qui compte pour moi, aujourd'hui, ce sont mes amis et ma famille. J'ai cinq enfants et c'est assez à gouverner ! [...] Ma journée ? Je me lève , je bois mon café, je lis le journal [...]. Et vers 17 heures, je m'ouvre une bière bien fraîche et je réfléchis ".
Hinault quitte le plateau
Alors que la caravane du Tour pose ses valises en Corse, les déclarations de Lance Armstrong n'ont pas mis longtemps à parcourir les médias et le peloton. Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, réagissait ce vendredi matin sur France Info : Armstrong "n'aurait sans doute jamais gagné [le Tour de France] sans dopage. Il ne doit pas être capable de concevoir qu'on puisse [le] faire sans se doper ".
Bernard Hinault a de son côté paru plus exaspéré au micro de BFM TV. Alors qu'il était interrogé sans relâche sur la question du dopage, il a plusieurs fois déclaré ne plus vouloir "en entendre parler " et a fini par simplement quitter le direct auquel il participait.
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