Athlétisme : qu'est-ce que l'Agence française de lutte contre le dopage reproche au Tricolore Mouhamadou Fall avant les Mondiaux d'Eugene ?
Le sprinteur a pris connaissance, jeudi, d'un mail de l'AFLD lui signifiant un troisième manquement à ses obligations de localisation.
Les Mondiaux d'athlétisme n'ont pas encore débuté sur la piste américaine d'Eugene (Oregon) qu'une affaire secoue l'équipe de France. Mouhamadou Fall, seul sprinteur tricolore qualifié en individuel dans cette compétition, a appris, jeudi 7 juillet, de la part de la Fédération française d'athlétisme qu'il avait reçu une notification de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), un jour plus tôt, pour un troisième manquement supposé aux règles durant les douze derniers mois.
Franceinfo: sport est en mesure d'affirmer que l'athlète a fait l'objet d'un "no-show" (absence au moment du passage du contrôleur antidopage) et de deux défauts d'obligation de localisation, confirmant une information de L'Equipe. Les athlètes doivent inscrire leurs déplacements dans le logiciel Adams, un outil de gestion en ligne qui doit "simplifier l'administration des opérations antidopage des sportifs au quotidien", selon l'Agence mondiale antidopage (AMA).
Un seul "no-show", le 8 mai
Mouhamadou Fall a reçu un premier mail de l'AFLD le 1er avril, pour ne pas avoir inscrit dans le temps imparti où il se trouverait lors du deuxième trimestre de l'année 2022 (avril-juin). Le 8 mai, le sprinteur français n'était pas là au moment du passage d'un contrôleur antidopage et s'est donc vu signifier un "no-show". Le troisième mail concerne un nouveau manquement supposé à ses obligations de localisation pour le troisième trimestre (juillet-septembre).
Si la triple infraction est confirmée, conformément au code du sport, l'athlète encourt une suspension de deux ans. "Selon les circonstances, elle peut être réduite, mais la sanction ne pourra être inférieure à un an", précise Pierre-Olivier Rocchi, avocat au barreau de Paris, spécialisé dans la lutte antidopage. Toutefois, selon le Code mondial antidopage, toute réduction devient impossible dès lors que, au vu des éléments constitutifs du dossier, une volonté d'échapper aux contrôles est décelée par l'Agence.
Une audition avant une possible suspension
A compter de la notification de l'AFLD, l'athlète dispose de 15 jours pour se justifier. Une fois ce délai écoulé, l'Agence pourra décider d'engager ou non des poursuites à l'encontre du sportif. "L'athlète mis en cause a tout intérêt à envoyer ses observations à l'AFLD, sinon l'institution va enquêter de manière non contradictoire", fait remarquer Pierre-Olivier Rocchi, selon qui l'enquête peut durer plusieurs mois.
Si la suspension du sportif est immédiate lors d'un contrôle antidopage positif, dans le cas d'un "no-show" ou d'un défaut d'obligation de localisation, celle-ci est facultative. "La décision relève de la présidente de l'AFLD. Avant de prononcer une suspension provisoire de l'athlète, elle doit lui avoir proposé de l'entendre", détaille l'avocat.
Attendu aux Mondiaux le 18 juillet
Contactée, la Fédération française d'athlétisme a précisé vendredi soir "qu'à ce jour, la participation de Mouhamadou Fall aux championnats du monde d'athlétisme à Eugene n'était pas remise en cause, sauf décision contraire notifiée par l'AFLD". De son côté, l'Agence n'a pas répondu à nos sollicitations. Le sprinteur français doit démarrer la compétition en séries du 200 mètres le 18 juillet (le 19, à 2h05, heure de Paris).
Maintenu sur la course individuelle, Mouhamadou Fall a été officiellement écarté du relais 4x100m par Romain Barras, directeur de la haute performance de la Fédération Française d’athlétisme (FFA), jeudi 14 juillet. Une décision de précaution, qui n'est pas liée à une restriction de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage. Car si l'athlète venait à être suspendu a posteriori, l'intégralité de ses performances aux Mondiaux pourraient être annulées.
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