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La marathonienne Clémence Calvin donne sa version du contrôle antidopage manqué de Marrakech

L'athlète a été suspendue à titre conservatoire après un incident survenu le 27 mars dernier au Maroc. L'agence française antidopage l'accuse de s'être soustraite à un contrôle. 

Article rédigé par franceinfo
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La marathonienne Clémence Calvin célèbre sa deuxième place lors des championnats d'Europe à Berlin (Allemagne), le 12 août 2018. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

C'est la première fois qu'elle s'exprime. La marathonienne française Clémence Calvin a donné une conférence de presse pour donner sa version des faits, mercredi 10 avril à Paris, après avoir été suspendue pour s'être soustraite à un contrôle antidopage au Maroc. "Ce que j'ai vécu le 27 mars, c'était tout sauf un contrôle, a-t-elle notamment déclaré face à la presse, selon des propos retranscrits par francetv sport. C'était d'une grande violence, une incompréhension de ce qui m'arrivait." Le contrôle a été réalisé sur la voie publique en présence, notamment, de Damien Ressiot, directeur des contrôles de l'Agence française de lutte antidopage (AFLD).

"Des gens sont arrivés en me saisissant le bras"

Le 27 mars, la vice-championne d'Europe est à Marrakech, où elle s'entraîne, quand trois représentants de l'AFLD lui demandent de se soumettre à un contrôle antidopage inopiné. Vers 17h30, "des gens sont arrivés en me saisissant le bras et en disant 'police française'", raconte Clémence Calvin. Puis "il est où [Samir] Dahmani ?", son compagnon, lui aussi athlète au sein de l'équipe de France. Selon les informations de francetv sport, la coureuse leur aurait demandé de rejoindre son mari pour lui confier son fils. Ils se sont alors rendus dans la salle de gym et une dispute aurait éclaté. Clémence Calvin affirme qu'elle tendait son fils à Samir Dahmani quand l'une des personnes lui a tapé "le bras violemment".

Mon mari a commencé à se disputer avec ces gens, je me suis écartée. Un moment vraiment particulier. C'est vraiment la première fois que je me faisais attaquer de la sorte.

Clémence Calvin, vice-championne d'Europe de marathon

en conférence de presse

La marathonienne dénonce les conditions dans lesquelles sont intervenus les agents de l'AFLD. Mais elle affirme également que ces derniers n'ont jamais fait mention d'un contrôle. "A aucun moment ils ne se sont présentés comme des représentants ou des contrôleurs. (…) Ils cherchaient mon mari. Et je n'ai reçu aucun document." Toujours selon son récit, le couple est rentré chez lui vers minuit après avoir cherché à faire ausculter l'enfant par un médecin. Après coup, "on nous a raconté qu'il y avait trois personnes qui avaient arpenté le quartier en tapant aux portes en se présentant comme la police française et qui cherchaient 'les Français'."

Mon mari n'est jamais intervenu. Il est d'ordinaire très calme. Il a éclaté… dans la voix. C'était une dispute. Quand je lui ai demandé qui étaient ces gens, il m'a dit : 'Je ne sais pas, ils sont fous, je ne sais pas ce qu'ils veulent'.

Clémence Calvin, marathonienne

en conférence de presse

Mathieu Teoran, secrétaire général de l'AFLD, est immédiatement monté au créneau. Et sa version des faits est radicalement différente de celle de Clémence Calvin. Lors d'une conférence de presse, il a évoqué des "invraisemblances" et a dénoncé deux "allégations graves, dénuées de tout fondement et infamantes pour l'agence : des violences à l'égard de la sportive et de son enfant", sans exclure d'éventuelles suites judiciaires à l'encontre de la marathonienne. Mathieu Teoran ajoute que l'agence antidopage marocaine avait été prévenue et que les contrôles peuvent être réalisés "en tous lieux : stade, rue, espaces publics". Enfin, selon lui, l'AFLD a encore tenté à deux reprises de contrôler l'athlète après l'incident, sans parvenir à la localiser.

Une procédure disciplinaire

En attendant de faire la lumière sur les faits, Clémence Calvin ne peut plus courir en compétition car deux manquements lui ont été notifiés. Arnaud Péricard, avocat de l'athlète, dit avoir reçu mercredi matin deux notifications de l'AFLD. La première fait état d’un "no-show", autrement dit un manquement aux obligations de géolocalisation de la coureuse au Maroc. "Elle n’était pas là où elle devait être le soir du 27 mars après 20 heures, c’est-à-dire chez elle", a reconnu l’avocat. Clémence Calvin s'est également vu notifier une suspension à titre conservatoire, dans le cadre d'une procédure disciplinaire motivée par une soustraction "à un prélèvement d'échantillon", a également expliqué Arnaud Péricard.

En l'état, et à moins d'un possible recours devant le Conseil d'Etat, Clémence Calvin ne pourra pas participer au marathon de Paris prévu ce dimanche, où elle espérait réaliser les minima pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Si le refus de contrôle est confirmé, Clémence Calvin risque par ailleurs une suspension de quatre ans. Son compagnon et entraîneur Samir Dahmani a également été suspendu par l'AFLD, le temps de l'enquête, pour "obstruction à un contrôle antidopage". Interrogé dans "Stade 2", André Giraud, président de la fédération française d'athlétisme, a annoncé que son institution allait être obligée "de prendre des mesures", comme "ne plus autoriser les athlètes à aller dans des destinations où il y a des risques".

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