Droits TV : Quels enjeux pour le nouvel appel d'offres de la LFP ?
La Ligue de football professionnel a annoncé mardi soir le lancement d'une consultation concernant les droits télévisuels de la Ligue 1 et de la Ligue 1, attribués à Mediapro en 2018. Les lots, quatre pour la Ligue 1 et un pour la Ligue 2, concernent tous les matches de Ligue 2 ainsi que ceux du vendredi soir, samedi 17h, dimanche
• Stopper l'hémorragie économique
La priorité pour la Ligue et les clubs est économique. Sur les 835 millions d'euros annuels promis par Mediapro, seuls 235 millions ont été versés. 135 millions lors du premier versement d'août, et 100 millions négociés en décembre pour la rupture du contrat de diffusion. Depuis plusieurs mois, la Ligue 1 est donc diffusée en quelque sorte à pertes, obligeant la LFP à contracter un prêt pour compenser la manne manquante des droits télévisuels. Le remplacement de Mediapro par un diffuseur (vraiment) payant est de plus en plus urgent pour la Ligue et les clubs, qui pâtissent de l'absence de public dans les stades et d'hospitalités le soir des rencontres. Sans oublier qu'ils sont nombreux à avoir anticipé dans leurs budgets la nouvelle manne financière apportée par le mirobolant contrat Mediapro.
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• Eviter l'écran noir
Si Mediapro a pu continuer de diffuser malgré la fin actée de son contrat et l'arrêt des paiements, c'est pour éviter l'écran noir. Ce n'était qu'une solution de secours prévue jusqu'à la fin du mois de janvier. L'arrêt de la diffusion du championnat de France, même temporairement, serait dramatique pour le "produit Ligue 1". Symboliquement (sans spectateur dans les stades et sans diffusion TV, la Ligue 1 deviendrait de fait invisible) et économiquement, avec une valeur en baisse. L'option d'une diffusion gratuite par une chaîne en clair semble difficilement viable économiquement et techniquement (diffuser des matches nécessite des moyens de productions importants) pour la Ligue.
• Chercher, au moins en apparence, un concurrent à Canal+
De grand perdant à grand patron. En deux ans, entre l'appel d'offres perdu face à Mediapro et la situation actuelle, la position de Canal+ s'est renversée. Revenue bredouille en 2018, Canal+ est aujourd'hui le sauveur attendu du football français. Mais la chaîne cryptée joue la montre pour baisser les prix, car, face à elle, le champ de bataille est désert. Au cœur de l'explosion des droits en 2018, la concurrence apparaît aujourd'hui inexistante.
Ancien rival, BeIN Sport a officialisé une alliance avec Canal+ à l'automne 2019 en leur sous-licenciant le lot obtenu lors de l'appel d'offres. Et si la Ligue n'a pas vu arriver d'autres potentiels acquéreurs depuis le début de la crise Mediapro, que ce soit du côté des diffuseurs étrangers ou des nouveaux géants du secteur (Amazon, Netflix, Facebook, etc), difficile d'imaginer un changement pendant les 13 jours prévus pour l'appel d'offres.
• Donner un cadre légal aux négociations avec Canal+
Canal+ apparaît aujourd'hui la seule solution pour la Ligue (avec BeIN Sport comme potentiel associé pour une partie des matches). Les négociations durent déjà depuis plusieurs mois et la chaîne cryptée a elle-même réclamé un appel d'offres, arguant qu'un accord "de gré à gré" serait illégal. Mais Canal+ souhaitait également voir le lot sous-licencié à BeIN Sport remis en vente, pour faire baisser son prix (330 millions d'euros pour le match du samedi 21h et dimanche 17h). La consultation lancée ce mardi soir écarte, au moins pour l'instant, cette possibilité. Canal+ va-t-il contester ce choix devant la justice ? Après des semaines de rumeurs et de fuites, l'appel d'offres va obliger les différents acteurs à montrer leur jeu.
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