En Californie, le tennis face à son pire adversaire : la gastro
Après l'épidémie d'oreillons chez les rugbymen du top 14, les joueurs de tennis participant au tournoi américain d'Indian Wells ont subi les foudres de la gastro-entérite.
Gaël Monfils forfait, Francesca Schiavone, victorieuse de Roland-Garros en 2011, à la trappe, Roger Federer "patraque", le virus qui décime le plateau du tournoi d'Indian Wells, en Californie, du 5 au 18 mars, est particulièrement redoutable. Même une journaliste du Los Angeles Times a dû être hospitalisée. La tenniswoman américaine Vania King explique, sur son compte Twitter : "J'ai passé quelques-unes des pires nuits de ma vie (attention, détails glauques) : fièvre, vomissements, diarrhée, tout en même temps. Quelqu'un a dû me le refiler..."
Respirez, vous êtes contaminés
D'après le site spécialisé Tennis Temple, il ne s'agit pas d'une gastro-entérite classique, qu'on se transmet par le contact, mais d'un virus qui circulerait dans l'air de cette région de Californie. L'interdiction de serrer la main à son adversaire, comme c'est prévu aux JO de Londres pour les athlètes britanniques, ne servirait ici à rien. Les spectateurs comme les joueurs sont touchés : ainsi, l'entourage de Roger Federer est beaucoup plus malade que le champion suisse. D'après le blog du joueur finlandais Jarkko Nieminen, une trentaine de sportifs sont touchés à des degrés divers par le virus, et ça s'étend aussi aux ramasseurs de balle et aux officiels du tournoi.
Paranoïa sur les courts d'Indian Wells
Il n'y a guère que le n°1 mondial, le Serbe Novak Djokovic, qui en rigole : "Les utilisateurs Apple ont moins de chance d'attraper le virus. Maros [son entraîneur] et moi nous avons décidé d'utiliser ces smartphones comme notre première ligne de défense immunitaire face au virus qui sévit sur Indian Wells ;)..." a-t-il écrit sur son compte Twitter avant de poster une photo où il s'est accroché un iPhone sur le front. La championne russe Nadia Petrova explique à la chaîne CBS se laver les mains tout le temps, et elle a prévu de se munir, sur le court, d'un gel hydroalcoolique.
A quoi est due cette épidémie ? Au fait que ce sont des sportifs ou au fait que le tournoi a lieu en Californie ? Un peu des deux.
La Californie, paradis de la gastro
C'est le mauvais côté de cet Etat pourtant symbole du rêve américain : les problèmes de gastro-entérites y sont, sans jeu de mot, courants. La vallée de la Coachella, où se déroule le tournoi, est située à environ 150 kilomètes à l'est de Los Angeles. Elle est citée par nombre de spécialistes comme un endroit où ce virus est particulièrement fort. Une épidémie a frappé le Tour de Californie, l'épreuve cycliste qui passe dans la région en 2008 : le maillot jaune de l'époque, Tyler Farrar, a dû abandonner, ainsi que plusieurs coureurs de premier plan.
L'épidémie de cette année est en plus particulièrement gratinée. D'après le site régional MyDesert.com, le taux d'hospitalisation aux urgences de l'hôpital de Palm Springs, tout proche du site du tournoi d'Indian Wells, a augmenté de 15% le mois dernier. Le docteur Euthym Kontaxis explique sur le site que "ce chiffre est inhabituel à cette époque de l'année".
Les sportifs, des proies faciles pour les microbes
Dans toutes les disciplines, les athlètes repoussent en permanence les limites de leur corps et ont appris à supporter la douleur. Parallèlement, plus on fait du sport, moins on dispose d'anticorps. Dans certains sports d'endurance, comme le cyclisme, les coureurs n'ont qu'une masse grasse minimale et dépendent énormément des aliments et des boissons qu'ils ingèrent lors de la course. Toute bactérie peut avoir un effet dévastateur. Début mars, une gastro-entérite avait décimé l'épreuve du Paris-Nice : six coureurs, dont le Luxembourgeois Andy Schleck, avaient dû abandonner.
Quand il s'agit de se soigner, les sportifs sont limités. Pour utiliser un médicament contenant des substances susceptibles de provoquer un contrôle anti-dopage positif, les sportifs doivent obtenir l'autorisation d'un médecin. Et rien qu'une petite gastro-entérite peur ruiner les efforts à l'entraînement d'un athlète pendant un an.
Après la maladie, la phase de reprise est tout aussi dangereuse. Comme l'écrit le site Médecinedusport.com, le risque de blessure type tendinite est multiplié par trois dans la période qui suit une gastro-entérite.
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