Entre la Russie et l'Agence mondiale antidopage, le torchon brûle de plus en plus
Plus d'une centaine d'athlètes russes empêchée de participer aux Jeux Olympiques de Rio, et toute la délégation du même pays privée des Jeux Paralympiques. Voici quelques-unes des conséquences les plus visibles du rapport de la Commission indépendante de l'Agence mondiale antidopage, qui avait mis au jour le 9 novembre dernier, un système de dopage organisé en Russie dans l'athlétisme. Depuis, la suspicion s'est répandue, les pratiques dévoilées notamment lors des Jeux d'hiver de Sotchi. Selon l'AMA, c'est pour tout cela qu'elle a été victime de hackers, mardi et jeudi.
"Nous condamnons cette activité criminelle et nous avons demandé au gouvernement russe de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que cela cesse", a déclaré le directeur général de l'AMA Olivier Niggli dans un communiqué publié jeudi. Selon lui, ces fuites de données piratées dans les ordinateurs de l'AMA constituent "des représailles" face aux mesures prises par l'Agence dans sa lutte contre le dopage en Russie. De lourdes sanctions avaient frappé ce pays puisque toute son équipe d'athlétisme, à l'exception de la sauteuse en longueur Darya Klishina, avait notamment été exclue des JO.
La Russie dans sa posture habituelle
"Comment pouvez-vous dire que ce sont des pirates informatiques de Russie ? Vous accusez la Russie pour tout", s'était insurgé Vitali Mutko mercredi depuis Athènes, où il se trouvait pour l'élection du nouveau président de l'Union européenne de football (UEFA), en tant que président de la Fédération russe de football. "Je lis que Niggli a demandé à notre gouvernement de coopérer. Nous allons demander aux instances (gouvernementales) appropriées d'y travailler, mais il m'est difficile de commenter", a répondu le ministre russe des Sports Vitali Moutko auprès de l'agence de presse russe R-Sport. "Après tout, les jeux Olympiques sont entre les mains du CIO (Comité international olympique), c'est au CIO de commenter cela avec l'AMA ", a-t-il ajouté. "On ne peut pas lier la lutte contre les cyberattaques au rétablissement des droits des sportifs", a déclaré à la presse la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, en qualifiant de "déplacées" les accusations de l'AMA. "La Russie se prononce toujours pour la lutte contre le crime cybernétique et invite tous les Etats et toutes les organisations internationales à coopérer dans ce domaine. La position de la Russie est très connue", a ajouté Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
Mardi déjà, l'AMA avait annoncé que sa base de données avait été piratée par le groupe russe d'espionnage cybernétique Tsar Team (APT28), également connu sous le nom de "Fancy Bears", qui avait publié des données confidentielles de quatre athlètes américains aux JO de Rio. Jeudi, l'AMA a de nouveau mis en cause les Fancy Bears pour "avoir fait fuiter un autre paquet de données confidentielles depuis le système de gestion et de localisation de l'Agence (Adams)", qui lui permet d'assurer le suivi des contrôles antidopage des sportifs.
Froome se justifie
Dans les deux cas, les données divulguées concernent des autorisations à usage thérapeutique (AUT), détenues par les sportifs concernés pour l'usage de certaines substances. Ces données ne révèlent donc aucune infraction ni aucun contrôle antidopage positif puisque les sportifs en question ont une autorisation médicale pour utiliser des médicaments inscrits sur la liste des produits interdits. "Comme la fuite que l'Agence a annoncée le 13 septembre, cette fois le groupe a révélé dans le domaine public des données confidentielles de 25 athlètes de huit pays. Parmi les athlètes concernés 10 viennent des Etats-Unis, 5 d'Allemagne, 5 de Grande-Bretagne, 1 de République tchèque, 1 du Danemark, 1 de Pologne, 1 de Roumanie et 1 de Russie", selon le communiqué de l'AMA .
Il s'agit notamment de la joueuse de tennis américaine Bethanie Mattek-Sands, les cyclistes britanniques Bradley Wiggins et Christopher Froome, la joueuse de tennis tchèque Petra Kvitova ou le lanceur de disque allemand Robert Harting. Le triple vainqueur du Tour de France Chris Froome a précisé qu'il avait bénéficié d'une autorisation d'utiliser des produits interdits en raison de problèmes d'asthme: "J'ai parlé très ouvertement de ces autorisations thérapeutiques aux médias et je n'ai aucun problème à ce que cette info ait fuitée", a expliqué Froome dans un communiqué. "En neuf ans dans ma carrière professionnelle, j'ai demandé à deux reprises une autorisation thérapeutique pour des problèmes d'asthme, et la dernière fois c'était en 2014". Mardi, les hackers avaient cité les soeurs Venus et Serena Williams (USA, tennis), Simone Biles (USA, gymnastique), et Elena Delle Donne (USA, basket).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.