Hippisme : une hausse de la fiscalité "serait un coup de massue" pour la filière, alerte le président du Syndicat des entraîneurs, drivers et jockeys de trot

Stéphane Meunier estime que la profession "s'auto-alimente" et que "l'Etat prend son dû".
Article rédigé par franceinfo
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Une course hippique à l'hippodrome d'Arras, en 2015. (BONNIERE PASCAL / MAXPPP)

Une hausse de la fiscalité sur les paris hippiques "serait un coup de massue" pour la filière, alerte, jeudi sur franceinfo, Stéphane Meunier, président du Syndicat des entraîneurs, drivers et jockeys de trot (SEDJ). Le gouvernement a déposé un amendement pour augmenter la taxe de 6,9% à 7,5% sur les produits bruts des jeux des paris hippiques passés dans le réseau physique (PMU, hippodromes) et de 6,9% à 15% pour les paris en ligne.

Cet amendement a été rejeté par l'Assemblée nationale, mais la filière hippique craint que le sujet ne revienne au Sénat, selon un communiqué de France Galop. C'est pourquoi, fait rarissime, toutes les courses prévues ce jeudi sont annulées. Les seuls précédents en France remontent aux guerres mondiales et plus récemment à la période du Covid. Une manifestation est prévue à Paris. Le cortège s'élancera à 12h45 de la place Denfert-Rochereau. L'arrivée prévue à 16h30 place Vauban, derrière les Invalides.

Un manque à gagner de 35 millions d'euros par an

Cette hausse de la fiscalité, si elle entre en vigueur, représentera un manque à gagner de 35 millions d'euros par an, alertent les syndicats et associations de la filière hippique dans un communiqué. "35 millions d'euros, c'est un mois de revenus pour les professionnels. C'est ce qu'on injecte dans la filière en allocations, c'est ce qui retourne directement aux professionnels, éleveurs, aux entraîneurs, jockeys, drivers, à nos salariés", ajoute jeudi sur franceinfo, Stéphane Meunier.

Le président du Syndicat des entraîneurs, drivers et jockeys de trot s'inquiète pour les petites structures. "Ce sont toujours les plus petits qui peuvent mourir en premier" alors qu'ils "sont déjà beaucoup fragilisés parce que l'économie des courses va mal depuis maintenant dix ans". Stéphane Meunier estime que cet amendement, s'il était adopté, serait injuste. "On est une profession qui ne demande rien à l'Etat, qui rapporte à l'Etat et qui ne coûte rien à l'Etat." Il affirme que la filière hippique "rapporte en moyenne 2 millions d'euros par jour à l'État, 951 millions par an, sans que ça coûte un centime à l'État".

La profession "crée de l'emploi et fait un maillage territorial"

Stéphane Meunier insiste : "l'État prend son dû" alors que la "profession s'auto-alimente" et "crée de l'emploi, fait un maillage territorial". Il prend son exemple, où en Normandie, "j'ai mon écurie dans un petit village, on est les premiers employeurs dans l'Orne, dans le secteur agricole". Le secteur des courses hippiques fait vivre directement et indirectement 40 000 personnes en France.

Cet amendement, s'il est adopté, "menacera l'équilibre de nos entreprises", alerte également ce jeudi sur franceinfo, Thibault Lamare, éleveur et entraîneur de chevaux de course dans le Calvados et porte-parole du mouvement de la filière. Il appelle les parlementaires à prendre en compte les "volumes de charges très importants" pour les professionnels du secteur. "Les coûts générés autour des chevaux, de leur entretien et de notre outil de travail, sont incompressibles. On ne pourra pas composer avec ça", prévient-il. Selon lui, "ça entraînera des baisses d'activité, ça empêchera de nombreuses structures de continuer de fonctionner" et poursuit Thibault Lamare, "évidemment cette baisse d'activité s'accompagnera de casse sociale".

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s'est prononcé contre cette hausse de la fiscalité, dimanche sur France 3. "Je souhaite que les propriétaires, tous ceux qui font la vie hippique de notre pays, puissent être protégés d'une fiscalité qui viendrait les empêcher de travailler", a-t-il déclaré.

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