Escrime : Enzo Lefort, une carrière en équilibre
L'image d'Enzo Lefort levant les bras et criant sa rage est encore dans les mémoires de tous les fans d'escrime. Le Français vient de remporter son premier titre de champion du monde en individuel. C'était le 20 juillet dernier. En finale, il a surclassé le Britannique Marcus Mepstead (15-6) et devient le premier fleurettiste tricolore à remporter l'or avec cette arme depuis Philippe Omnès en 1990. Quelques jours plus tard, il se hissera avec ses potes sur la deuxième marche du podium par équipes. L'aboutissement d'une carrière faites de hauts et de bas.
L'escrime sans les codes
C'est sur le site Bros Stories qu'il raconte, à travers une lettre ouverte, d'où il vient. Le Guyanais se livre comme rarement et évoque avec franchise ses débuts, ses galères mais aussi ses joies. Celui d'un jeune homme tombé raide de ce sport à travers les exploits de Laura Flessel, alors qu'il n'a que cinq ans. "Imaginez-vous que je me souviens avoir vu Laura Flessel gagner les jeux à Atlanta. J’avais 5 ans. Imaginez-vous Enzo, le gamin de Gourbeyre, mettre son matelas dans le salon en 2000 et 2004 pour camper devant la télé".
Après avoir fait ses gammes hors de métropole, il intègre l'INSEP alors qu'il n'est pas encore majeur. C'est le début d'une longue recherche sur lui-même qui commence. Fêtard, hors des clous, le gamin de Gourbeyre raconte. "Je ne m’en suis jamais caché : je suis un épicurien. Pour ne rien gâcher, je suis curieux, j’aime sortir et faire la fête. La nuit me fascine pour tout un tas de bonnes raisons, et dans l’imaginaire collectif, ça ne colle pas avec la vie d’un sportif de haut-niveau".
Une carrière en équilibre
Face à ce talent brut mais qui ne rentre pas dans les clous, Enzo Lefort prend une première claque. En 2013, il n'est pas retenu pour les Mondiaux. L'homme réagit. Il change tout et devient un véritable athlète de haut niveau. "Je me suis entraîné, j’ai tiré de près. J’ai pris branlée sur branlée, ça me rendait dingue à l’entraînement, mais ça m’a fait progresser.
Mais ce n'est pas suffisant. Les résultats ne suivent pas et son DTN de l'époque lui dis de mettre entre parenthèse sa vie d'ascète. De continuer à vivre et sortir. L'équilibre est important. Lefort le comprend et reprend son rythme passé. Tout en gardant une forme d'équilibre. "En Avril 2016, je rencontre ma copine, c’est le top, on sort beaucoup, on fait plein de trucs et dans le même temps, je me défonce à l’entraînement. C’est là que je comprends que le plus important, c’est d’être bien dans ses baskets, bien dans sa vie, que la balance soit équilibrée". Les résultats quant à eux suivent enfin.
La solitude du champion
Médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Rio en individuel, il connait la consécration il y a quelques semaines. Mais comme pour sa carrière. Là encore l'équilibre de ses sentiments le tiraille. Et cela se ressent à l'heure de distribuer les breloques. Il est en or en solo, mais ne prendra que la 2e place avec ses potes. "Je suis quelque part entre une sincère tristesse et une joie intense. Le cul entre deux chaises. C’est toute la « schizophrénie » de ce sport où tu évolues à la fois avec tes potes et seul contre vents et marées". L'équilibre, toujours.
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