Mondiaux d'escrime : "Avec moi, j'ai trois tueuses", prévient Cécilia Berder avant la compétition de sabre par équipe
Vous avez été éliminée en quarts de finale du sabre individuel. Quel sentiment prédomine ?
Cécilia Berder : "Il y a une grande part de frustration car la journée a été belle. A 95% c'était super dans les choix, les sensations, les décisions. Il y a eu des choses encourageantes. Mais quand on fait un Championnat du monde, c'est évident qu'on vise la médaille donc la part de frustration est plus importante. J'ai beaucoup tenté, parfois presque trop. J'aurai peut-être pu ou dû assurer. Quand on a tenté, on a moins de regrets. Mais je sais qu'il y a des points positifs sur lesquels je dois m’accrocher. C'est un sentiment mitigé."
Quels points positifs en particulier ?
C.B. : "Je m'étais vraiment fixé comme objectif, au delà du résultat, de jouer, de m'amuser, de piéger, de prendre du temps pour moi, de profiter sur la piste. Ca a été le cas, je me suis régalé. J'avais envie de jouer. Avant mon quart de finale, j'avais un sourire incroyable en regardant autour de moi toutes les championnes et en me disant 'tu es là". Profiter de l'instant présent, c'était le plus important. Evidemment, il y avait une pression sur mon sabre, mon masque, mes épaules. Mais j'adore ça."
"Il va falloir avoir de la malice, de la stratégie, de la technique, du mental"
Et cette adrénaline est intacte par rapport à la compétition par équipe ? Comment se remettre dedans pour cette épreuve ?
C.B. : "Je me suis entraîné pour décrasser (dimanche), j'ai récupéré avec le kiné car le corps est endolori. C'est assez facile de se remettre dedans car c'est un sport d'équipe. Vous avez trois collègues à fond, qui ont envie de briller et de se régaler. Ça se fait tout naturellement. "
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L'équipe de France est championne du monde en titre. Ressentez-vous une ambition plus particulière cette année dans le groupe ?
C.B. : "Une chose est sûre, on est attendues par nos adversaires donc c'est un peu différent. Pour nous, pas de changement. On a été championnes du monde, c'était incroyable. Mais tout de suite, on s'est remis au travail pour un nouveau challenge. Oui, il y a cette position de favori qui n'est pas simple à gérer. Protéger quelque chose c'est plus difficile que partir en conquête dans le sport de haut-niveau. Il va falloir avoir de la malice, de la stratégie, de la technique, du mental. Je sais qu'à côté de moi, j'ai des tueuses."
Vous semblez assez confiante et pleine d'envie.
C.B. : " Il y a de l’ambition, c'est assez facile. Il y a aussi une vraie prudence car on pourrait un huitième de finale difficile face à la Turquie ou le Venezuela (elles ont battu la Turquie 45-24, ndlr). Les premiers tours vont être difficiles. Elles vont vouloir nous rentrer dans la figure. Et là, il y a une vraie inconnue de voir comment on va réagir. Le corps peut être surprenant pour tout comprendre, mais il peut aussi se bloquer. Tout est notions d’équilibre, de malice, d'agressivité dans ce sport. Si on trouve les équilibres dans chaque élément, on va pouvoir rigoler."
"Montrer les crocs au bon moment, ça me parle, ça me plait"
Une grosse performance vous replacerait aussi dans les classements en vue de la qualification aux JO 2020. C'est une pression en plus ?
C.B. : "Tout le monde nous en parle. Mais on n’est pas dans cette optique. Un Championnat du monde, c'est ce qui se fait de mieux. Ce n'est pas à nous de regarder ça, c'est plus au staff, aux gens qui nous encadrent. On est là pour être sur la piste, faire ce qu'on aime faire. C'est amplement suffisant."
Mais les Jeux restent une obsession ?
C.B. : "Pas une obsession mais un objectif pour le collectif. Si vous arrivez à qualifier une équipe aux Jeux, ça englobe un groupe (trois tireurs seraient qualifiés, ndlr). Si on arrive à avoir un objectif collectif, on va chacun se tirer vers le haut. On ira plus vite, plus loin et ça sera plus intéressant."
En juin, vous avez décroché le bronze aux Europe. Sentez-vous une montée en puissance ?
C.B. : "Je trouve le collectif plus fort mais on verra comment on réagit demain (lundi). De toute façon, ça se joue à des détails. On est 31 équipes. Il y a facilement 20 équipes qui peuvent faire des miracles."
Plus personnellement, vous êtes la cheffe de file de l'équipe de France. Comment voyez-vous votre rôle dans ce collectif ?
C.B. : " J'ai fait plus de championnats peut-être. J'espère pouvoir apporter un certain calme, une vraie énergie. Il faut de la sérénité mais aussi savoir sortir les coups, montrer à ses adversaires que ça va être dur. Si vous voulez nous battre, il faudra faire des choix incroyables. Montrer les crocs au bon moment, ça me parle, ça me plait. Et les filles savent qu'elles peuvent compter sur moi quand il s'agira d'envoyer. Je serai là."
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