Sabreuses françaises championnes d'Europe : Cécilia Berder retient "ces moments de cohésion et de partage"
"C'est vraiment pour ça que je fais de l'escrime. C'est ces moments de cohésion et de partage, cette intensité", a témoigné dimanche 23 juin sur franceinfo l'escrimeuse Cécilia Berder, sacrée avec ses coéquipières françaises, championne d'Europe par équipe de sabre, troisième titre consécutif décroché à Bâle, cinq semaines avant les Jeux olympiques.
Cécilia Berder salue les supporters venus en nombre en Suisse, qui lui a fait prendre "conscience à quel point notre arme était attendue". La championne reconnaît qu'à Paris, tout "sera plus difficile" parce que les sabreuses seront "attendues". Ce sera à elles de "pouvoir être malignes au bon moment, faire preuve d'espièglerie, de malice", promet Cécilia Berder.
franceinfo : Comment avez-vous vécu votre sacre aux championnats d'Europe ?
Cécilia Berder : C'était extraordinaire. J'ai cru qu'on allait perdre cette finale. On gagne 45-44. On ne faisait que se coller. C'était du coude-à-coude avec les Ukrainiennes. Face à Olga Kharlan [quadruple championne du monde], pour nous, c'est vraiment une référence. Vous imaginez, au tennis, ce serait un peu Roger Federer. Et on a une Sarah Noutcha qui remet trois touches d'affilée. Je me suis dit, elle va le faire. C'était féerique.
Noucha a envoyé tout ce qu'elle pouvait en ayant posé son cerveau. Et son corps, d'un coup, s'est libéré. J'étais spectatrice de tout ça. C'était magique. C'est vraiment aussi pour ça que je fais de l'escrime. Ce sont ces moments de cohésion et de partage, cette intensité. On a fait l'effort juste avant et maintenant on met tous nos rêves et nos espoirs dans le sac à dos d'une collègue. C'est magique.
Quand on gagne aux championnats d'Europe à un plus d'un mois de Paris 2024, est-ce que vous visez l'or pour les Jeux ?
C'est sûr. J'ai pris conscience à quel point notre arme était attendue. Ça fait un moment que le sabre féminin réalise une très bonne saison. On a la numéro une et la numéro deux mondiales dans notre groupe. Donc forcément on est attendues. Samedi, on est rentrées sur notre match contre la Pologne et il y a eu des drapeaux français partout, ce qui n'était pas du tout le cas depuis trois ou quatre jours en championnat d'Europe.
Il y avait vraiment du monde qui s'était déplacé. Ça nous fait du bien de voir des drapeaux et des gens qui étaient là pour nous encourager. On s'est dit : on y va ! Et le soir, se retrouver avec des gens qu'on ne connaissait pas et qui nous avait supportés. On était fières de montrer la médaille aux enfants qui étaient là, c'est magnifique.
Dans un mois, vous serez devant votre public, sous la nef du Grand palais pour les Jeux olympiques. La concurrence sera un petit peu plus rude. Est-ce que ce sera plus facile ou plus dur d'aller chercher le titre ?
Ce sera plus dur, parce que tout est difficile aux Jeux. La rareté de l'événement fait que c'est plus dur. Là, on aura des milliers de supporters qui sont là pour nous. Est-ce qu'on sera capable de se mettre aussi à ce moment-là en position de chasseur ? Parce qu'honnêtement, tout le monde va vouloir nous abattre. Mais l'équipe est dingue. Ce sera à nous d'être capables d'être chasseurs, à nous aussi de prendre une arme pour pouvoir être malignes au bon moment, faire preuve d'espièglerie, de malice, de prendre notre temps. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément faciles. Et je peux vous assurer qu'aux Jeux, votre sabre et votre masque pèsent 100 kilos de plus. Donc oui, tout va être plus difficile.
Est-ce qu'il y a une force collective de l'escrime français, chez les femmes comme chez les hommes, quelles que soient les armes ?
Il faut imaginer que quand vous rentrez, il y a une forme de mimétisme, un sentiment d'appartenance. On voit les collègues qui gagnent des matchs, on se dit, c'est cool ce qu'ils ont fait, on a envie de faire pareil. Donc oui, forcément, la dynamique, elle peut être lancée. Je reconnais à quel point les épéistes féminines et les sabreurs hommes, ce seront eux les premiers à lancer les Jeux olympiques à Paris. La responsabilité va aussi être sur leurs épaules. Ce n'est pas facile de commencer. Tu lances aussi tout un groupe en fait. On sera tous derrière eux. La force de l'exemple, c'est tellement puissant. Cela peut paraître un peu anodin, mais souvent les bonnes olympiades, ça commence par une bonne première journée.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.