Espagne-France, des espoirs ?
Jamais la France n'avait perdu contre l'Espagne en match de qualifications ou de phases finales. Mais c'était avant ce 23 juin 2012 et ce quarts de finale de l'Euro-2012 perdu (2-0). C'était avant l'avènement de cette formation au sommet de l'Europe, au sommet du monde. C'était même avant 2008. Depuis, l'équipe de France vient donc d'enchaîner trois défaites consécutives: (1-0) à Malaga en amical en 2008, (2-0) au Stade de France en amical en 2010 et (2-0) au dernier Euro. Et au stade Vicente-Calderon, l'Espagne n'a jamais perdu en neuf rencontres. Et sa défaite en amical contre le Japon vendredi n'a pas apporté plus de confiance à un collectif en panne d'efficacité et privé de Mavuba, pierre-angulaire de son début de campagne. Les supporteurs les plus optimistes ont-ils pour autant les moyens d'espérer ?
Les maths à la rescousse
Le premier espoir réside dans les mathématiques. Toute série a une fin, et plus la série est longue, plus on se rapproche du bout. Et comme l'histoire penche, pour le moment, en faveur des Bleus (14 victoires, 12 défaites, 6 nuls depuis la première confrontation en 1922), les hommes de Didier Deschamps peuvent remettre le train sur de bons rails. Les maths viennent également en aide à Karim Benzema, aphone en Bleu depuis le 5 juin. Et le Madrilène peut se rappeler qu'en 2006, un autre Madrilène, Zinédine Zidane, avait beaucoup oeuvré dans le succès des Bleus (3-1) en quarts de finale du Mondial alors que la presse ibère l'avait présenté comme un retraité.
Une défense ibère remodelée
Le deuxième se trouve en Espagne. Privée de son habituel duo barcelonais en charnière centrale Piqué-Puyol, la Roja perd un peu de solidité, de présence physique et d'habitudes, même si les remplaçants (Busquets, Albiol, Sergio Ramos) ont des qualités indéniables dans ces domaines. La percussion des Benzema, Ribéry et Ménez pourraient ainsi profiter de manques d'ajustements défensifs pour mettre en danger Casillas, mais il faudra mettre fin à sept rencontres officielles sans but encaissé.
Faire durer le suspense
Pour espérer faire trembler les champions du monde et d'Europe, les Français doivent éviter de prendre un but précoce. C'est presque une Lapalissade. Lors du dernier Euro, le but de Xabi Alonso dès la 19e minute avait condamné les Bleus à pousser alors que le système alors mis en place par Laurent Blanc était basé sur les contres et l'utilisation des couloirs. Vendredi dernier, chez les Bélarus, le but de Jordi Alba (12e) puis celui de Pedro (21e) ont considérablement facilité la tâche des Ibères. Ce qui n'avait pas été le cas en Géorgie le 11 septembre dernier dans leur premier match des qualifications, où les Espagnols n'avaient arraché la victoire qu'en toute fin de match grâce à Soldado (86e).
Imposer la loi du milieu
Résister à l'Espagne, c'est résister à son milieu de terrain. Xabi Alonso pour stabiliser, Xavi et Iniesta comme rampes de lancement voire plus, sans oublier les Fabregas, David Silva et Pedro, milieux de terrain placés en attaque, les Ibères basent leur jeu sur l'activité de ces joueurs. Remises, décalages, prise d'intervalles, tout y passe, et pour le moment, rares sont les formations, nationales ou de club contre le Barça, à avoir trouvé la solution. Les 347 capes du trio de base donnent forcément le vertige aux Français Capoue-Matuidi-Cabaye, qui en cumulent 28, dont 18 pour le seul joueur de Newcastle. Et les 3 sélections de Gonalons ne changent pas grand-chose. Face à ce défi majeur, la France cherchera à imposer son impact physique certainement supérieur, en comptant également sur l'implication dans le repli défensif des soutiens à Benzema (Ribéry, Ménez ou Valbuena). Face au collectif ibère, la France ne peut répondre que collectivement, avec un bloc compact qui limite les espaces.
Rien à perdre
Plus encore que lors de l'Euro-2012, l'équipe de France se trouve avec le statut d'outsider. A Madrid, l'Espagne est plus que jamais favorite. "Nous avons les idées bien claires quant à la philosophie de jeu que nous voulons avoir contre la France", a d'ailleurs déclaré Pedro. De la confiance d'un côté, le sentiment qu'une défaite serait normale dans l'esprit des observateurs, voilà les ingrédients pour voir des Bleus décomplexés et sans pression. Le meilleur moyen pour réaliser un exploit. Et un match nul en serait déjà un.
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