Euro 2016 - France-Portugal : Ces gestes qui ont fait la légende de l'équipe de France en finale
1984 : Platini, un coup franc... et Arconada
Le sort de la finale de l'Euro-1984 entre la France et l'Espagne bascule sur un coup franc. Mais contrairement à l'habitude prise par les Français depuis des années, ce n'est pas un tir limpide de Michel Platini qui reste dans les mémoires. On approche de l'heure de jeu au Parc des Princes ce 27 juin, et les 47.368 spectateurs commencent à douter de l'issue de la rencontre. Les Bleus de Michel Hidalgo vont-ils laisser échapper la première occasion pour la France d'être enfin sacrée? "On savait que ça pouvait peut-être se jouer sur un coup de pied arrêté", se souvient Bruno Bellone. La faute sifflée, +Platoche+ prend instinctivement le ballon.
Ses chefs d'oeuvre sont déjà rentrés dans l'histoire de l'équipe de France, comme celui à l'automne 81 contre les Pays-Bas déjà au Parc et qui qualifie la France pour le Mondial-82. Contre l'Espagne, le tir de Platini est anodin, passe certes le mur ibérique, mais apparaît facile à stopper pour Luis Arconada. C'est alors que le portier espagnol se rate totalement: en se couchant, il laisse le ballon glisser sous son bras gauche et rouler. A l'époque, l'arbitrage vidéo est bien loin, mais est surtout inutile. La balle franchie bien la ligne. Sa bévue va prendre son nom. Devant au score, les Bleus doublent la mise en fin de partie par Bellone, pour le sacre de la génération Platini.
1998 : et 1, et 2, et 3-0
"Sur les coups de pied arrêtés, ils sont assez dilettantes. Si vous êtes un peu futés et malins, essayez de bouger, de les perturber. Ils n'ont pas un rigueur de marquage énorme", conseille le sélectionneur Aimé Jacquet avant la finale contre le Brésil au Stade de France. Un conseil qui va prendre un sens prédictif. Concentré, Zinedine Zidane écoute religieusement. C'est lui qui marquera les deux premiers buts de la tête, d'abord sur un corner d'Emmanuel Petit (27e), puis de Youri Djorkaeff juste avant la pause. Ces deux buts enivrent déjà tout un peuple, qui ne demandait que ça, mais qui doit encore attendre une mi-temps avant d'accrocher enfin une étoile qui manque cruellement aux Bleus.
Au retour des vestiaires, les Brésiliens lancent toutes leurs forces vers l'avant et retrouvent un peu d'espoir après l'expulsion de Marcel Desailly (67e) pour un deuxième carton jaune. Mais les Bleus, porté par leur public, résistent à tout et concluent même le score par une contre éclair et un ultime but d'Emmanuel Petit en fin de match (90+3). "Et 1, et 2, et 3-0" hurle tout un pays qui fête ses héros. En face il y avait pourtant une incroyable collection de grands joueurs: Ronaldo, Rivaldo, Robert Carlos, Bebeto, Leonardo... Mais la génération Zidane est née.
2000 : la saveur des dernières secondes
Il ne reste que quarante secondes, et la France est en train de perdre sa finale contre l'Italie de Maldini, Nesta et autre Totti. Mais Sylvain Wiltord va dire non. Au stade de Feyenoord, à Rotterdam, la Nazionale mène depuis la 55e minute après un but de Delvecchio. Del Piero manque de peu le 2-0 à la 84e et Roger Lemerre, le sélectionneur français, a la tête des mauvais jours. On est dans les arrêts de jeu, le banc italien est debout et prêt à courir sur la pelouse pour un titre européen attendu depuis 1968. Barthez dégage loin devant, Trezeguet dévie la balle de la tête, et Wiltord, entré en jeu en cours de match, l'emmène de la poitrine et crucifie l'Italie, d'une frappe du gauche qui se glisse sous le ventre du malheureux Toldo qui raconte au Monde avoir "compris avant tout le monde".
Le joueur des Girondins fonce vers le public en faisant non de la main comme si il était écrit que la France de Zidane, championne du monde en 1998, ne pouvait pas perdre cet Euro. A peine dix minutes après, en prolongation, Trezeguet inscrit le but en or d'une incroyable reprise du gauche sur un centre de Pirès. "Ça reste mon but le plus important, bien sûr. C'est le souvenir le plus beau, le plus fort. Je sens l'amour de tout un pays", avait confié il y a quelques semaines "Trezegol" à l'AFP.
2006 : coup de tête pour une défaite
Un coup de boule et un grand sentiment de gâchis. Voilà ce qui restera de cette défaite au goût amer des Bleus. Tout commence pourtant parfaitement dans cette soirée du 9 juillet à Berlin. Pour sa dernière apparition en Coupe du monde, le maestro Zidane peaufine son entrée sur scène dans cette finale. Six minutes après le coup d'envoi, Malouda s'effondre dans la surface italienne, après une faute de l'autre homme du match, Marco Materazzi. La panenka sur le pénalty, qui frappe la transversale mais franchit toutefois la ligne, bétonne la légende de "Zizou". Avant qu'un autre geste ne l'écorne. Quelques minutes après le but français, Materazzi balance un coup de tête rageur sur corner et égalise. L'histoire va en retenir un autre.
Pendant les prolongations, Zidane dégoupille à la 108e minute, après s'être branché avec Materazzi. "On jouait le même match, on avait marqué tous les deux mais, lui était un grand champion et moi j'étais nul (...) C'est comme ça que j'ai perçu ses moqueries et j'ai réagi", raconte aujourd'hui l'Italien dans une interview accordée à l'Equipe Magazine, qui assure lui avoir lancé "je préfère ta putain de soeur". Zizou craque et lui balance le coup de boule le plus célèbre du monde, qui finit sur le torse de l'Italien. Carton rouge. A sa sortie, le sélectionneur Raymond Domenech n'a pas un regard pour lui. La suite est terrible, spécialement pour David Trézeguet, le seul à manquer son pénalty lors de séance de tirs au but. Ses larmes et ses excuses devant la foule quelques jours plus tard place de la Concorde à Paris resteront elles aussi dans l'histoire.
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