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Euskaltel-Euskadi : qui sont les bonshommes orange du Tour de France ?

Comme à chaque traversée des Pyrénées, le Tour va devoir affronter la vague orange des supporters de l'équipe Euskaltel-Euskadi. Portrait d'une équipe à part dans le monde du cyclisme professionnel.

Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'équipe Euskaltel-Euskadi lors de la 12e étape du tour d'Espagne, le 9 septembre 2010. (JAIME REINA / AFP)

Tous les ans, la même scène se répète : à chaque fois que le Tour de France traverse les Pyrénées, des supporters orange envahissent les lacets des routes pour soutenir les coureurs de l'équipe Euskaltel-Euskadi, une team à part dans le monde du cyclisme professionnel. Mercredi 18 juillet, ils ne devraient pas couper à la tradition.

Une équipe pas comme les autres

La particularité de l'équipe basque repose avant tout sur ses origines, autant sportives que politiques. Le 17 juin 1993, le député basque espagnol José Alberto Pradera et le manager d'une équipe cycliste amateure, Miguel Madariaga, décident de donner naissance à la Fundacion Ciclista Euskadi. L'organisme est chargé de gérer tout ce qui concerne le cyclisme au niveau local, mais également de défendre l'euskara, la langue basque.

Quelques mois après sa création, la Fundacion se dote de sa propre équipe cycliste. Au départ, celle-ci est uniquement financée par des fans, preuve de l'engouement suscité par le projet dans le Pays basque. Finalement, l'équipe reçoit à partir de 1998 l'aide du sponsor Euskaltel, un opérateur de câble qui permet à l'équipe de se professionnaliser. Deux ans plus tard, Euskaltel-Euskadi se dote de dossards orange. Orange qui devient rapidement la couleur distinctive de l'équipe, celle qui teinte désormais les pentes pyrénéennes au passage du Tour près de la frontière espagnole.

Au niveau sportif, l'équipe est composée à 100% de coureurs basques. Président du fan club français de l'équipe Euskaltel, Vincent Bengochea apprécie cette particularité : "En tant que Basques, nous avons une culture particulière, avec une langue particulière. Je me sens plus proche de l'équipe Euskaltel que des équipes françaises comme Europcar ou la FDJ. C'est une fierté d'avoir une équipe composée de coureurs de la région, qui parlent le basque et qui ont été formés ici. C'est notre équipe."

En 2001, l'équipe prend part à son premier Tour de France, compétition qui lui a plutôt réussi jusqu'ici. En douze participations, Euskaltel-Euskadi compte en effet quatre victoires d'étapes, toutes obtenues en montagne. Son coureur vedette, l'ancien champion olympique Samuel Sanchez, a déjà fini troisième de la Grande Boucle en 2010 (après le déclassement d'Alberto Contador) et cinquième en 2011, remportant la même année le maillot blanc à pois rouges de meilleur grimpeur. Des résultats satisfaisants quand on sait que l'équipe possède l'un des plus petits budgets du peloton avec ses 7 millions d'euros, soit deux à trois fois moins que certaines formations professionnelles.

Samuel Sanchez lors du prologue du Tour de France à Liège (Belgique), le 30 juin 2012. Le coureur espagnol est le leader de l'équipe basque Euskaltel-Euskadi. ( CITIZENSIDE / MICHAEL POTTS/ AFP)

Un Tour 2012 cauchemardesque

Après les bonnes performances de l'année dernière, la 99e édition de la Grande Boucle s'annonçait sous les meilleurs auspices pour Euskaltel-Euskadi. Le 7 avril dernier, Samuel Sanchez s'impose dans la sixième et dernière étape du Tour du Pays basque et remporte l'épreuve. Cette victoire est une première pour un coureur de l'équipe orange depuis 2003 et le sacre d'Iban Mayo à domicile. De bon augure pour le Tour, se disent les supporters des Orange. "Il y avait quelque chose à faire cette année, explique Jean-Claude Aguer, vice-président du fan club d'Euskaltel-Euskadi. L'équipe était solide et présente en première semaine. Et puis tout s'est effondré…"

En effet, depuis le départ de la Grande Boucle, l'équipe basque n'a cessé de cumuler les pépins : ses coureurs n'ont encore remporté aucune étape, et quatre d'entre eux ont déjà été contraints à l'abandon. Parmi eux, Samuel Sanchez, qui s'est brisé la clavicule après une terrible chute lors de la 8e étape. 

"C'est la catastrophe. Avant les Pyrénées, nous nous retrouvons avec Samuel Sanchez et trois autres équipiers hors course, alors qu'ils étaient prêts pour la montagne", se désole Jean-Claude Aguer. "On a joué de malchance. Mais c'est la loi du sport", préfère philosopher son collègue Vincent Bengochea.

Des spécialistes des étapes de montagne, et donc des Pyrénées

Ces contre-performances n'ont cependant pas douché l'enthousiasme des supporters basques, qui seront bien présents durant ces deux jours à travers les Pyrénées. Les membres du fan club d'Euskaltel-Euskadi devraient ainsi être une cinquantaine au pied du col d'Aubisque, mercredi 18 juillet, pour la 16e étape entre Pau et Bagnères-de-Luchon. "Nous serons une petite marée orange", confirme Jean-Claude Aguer.

Si les coureurs d'Euskaltel-Euskadi ne peuvent plus espérer remporter un des maillots distinctifs de la Grande Boucle, ils peuvent encore se consoler avec une victoire d'étape. "Cela sauverait notre Tour", espère Jean-Claude Aguer. Vincent Bongochea confirme qu'une victoire ferait le bonheur des supporters basques : "J'ai discuté avec le président d'Euskaltel, l'objectif de l'équipe est de terminer première d'une étape. Mais il en reste peu, ça ne sera pas facile."

Pourquoi pas mercredi ou jeudi, devant "leurs" supporters ? Après tout, les coureurs connaissent bien les routes pyrénéennes. De plus, les quatre victoires obtenues par l'équipe Euskaltel sur le Tour de France l'ont toujours été dans la montagne, dont deux fois… dans les Pyrénées (en 2001 et en 2010). De quoi donner des idées aux cinq coureurs basques toujours en course.

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