Federer, briseur de rêves
Novak Djokovic avait rendez-vous avec l'histoire. Sur le court Philippe Chatrier, le Serbe pouvait devenir N.1 mondial, préserver son invincibilité en 2011 et égaler du même coup le record de victoires de McEnroe (42). Mais Roger Federer en a décidé autrement. Avec la classe qui le caractérise tant, le Suisse s'est en effet offert une 14e victoire face à Djokovic, brisant ainsi les rêves de son adversaire. Le succès a toutefois été arraché de haute lutte, à l'issue d'un match épique de 3h39.
Sous un ciel gris, Federer et Djokovic se montraient très agressifs dès l'entame de match. Le Suisse breakait "Nole" dès le premier jeu mais le Serbe lui répondait cash en lui prenant à son tour son service. Le ton de la rencontre était alors donné. Djokovic se montrait redoutable sur son service (70%) et donnait du fil à retordre au Suisse. Si ce dernier fleurtait avec les lignes avec beaucoup de talent et de réussite, il se refaisait breaker dans le sixième jeu (4-2). Il faisait toutefois respecter son rang d'ancien N.1 mondial en reprenant une nouvelle fois le service de son adversaire. Les deux joueurs ne lâchaient rien. A 5-5 et 30-15, Djokovic, désireux d'imposer son tempo, était averti pour avoir pris trop de temps pour servir. Dans la foulée, il empochait le point et venait défier l'arbitre du regard. A 40-15, il pensait sans doute avoir le set en poche mais Federer, encouragé par le public du Central, poussait jusqu'au jeu décisif. Un jeu décisif accroché qu'il s'adjugeait 7-5 après plus d'une heure de jeu.
La perte du premier set mettait semble-t-il un sérieux coup au moral de "Djoko". Federer en profitait pour dérouler dans la seconde manche, grâce notamment à son solide revers et un service d'une incroyable efficacité (18 aces en tout). Un break au quatrième jeu lui permettait d'accroître encore un peu plus la pression sur un Serbe au visage de plus en plus fermé. A 7-6, 6-3, la victoire se rapprochait pour Federer. D'autant que le Suisse n'a jamais perdu un match en Grand Chelem lorsqu'il a remporté les deux premières manches. Mais le Suisse connaissait une baisse de régime alors qu'une éclaircie venait bercer le court central. Il concédait le troisième set 6-3, redonnant ainsi de l'espoir à Djokovic. Un espoir encore renforcé quand Federer cédait son service à quatre partout dans le quatrième set.
Une fois de plus, Federer prouvait qu'il était un grand champion en revenant à hauteur du Serbe. A cinq partout, le Suisse sauvait une nouvelle balle de break d'un service gagnant sur une deuxième balle, puis une autre d'un ace deux points plus tard. Il menait alors 6-5. De son côté, Djokovic n'a lâchait pas prise et arrachait même un nouveau tie-break. Si le Serbe était indéniablement plus frais grâce à une demi-finale remportée par forfait, Federer s'appuyait, lui, sur son expérience. Il concluait victorieusement la rencontre d'un ace sur sa troisième balle de match. Et levait le doigt en l'air, heureux d'avoir surmonter l'obstacle Djokovic.
A 29 ans, Federer se qualifie ainsi pour sa 5e finale sur la terre battue parisienne. Une finale qui promet du grand spectacle puisqu'il retrouvera son ennemi de toujours, l'Espagnol Rafael Nadal. Ses premiers mots lui ont d'ailleurs été destinés. Alors que le Majorquin fête aujourd'hui ses 25 ans, Federer a estimé lui avoir peut-être fait un cadeau en battant Djokovic contre qui il restait sur quatre défaites de rang. Vainqueur de Roland-Garros en 2009, Federer va maintenant avoir du pain sur la planche pour empêcher Nadal de s'octroyer un sixième sacre à Roland-Garros. Et peut-être remporter son 17e tournoi du Grand Chelem.
Déclaration:
Novak Djokovic: "Ca devait finir un jour. Malheureusement, c'est arrivé au mauvais moment. Mais c'est le sport, je vais continuer à travailler. Il a joué un match incroyable, il faut l'en féliciter. Il est allé chercher chaque point quand il en avait besoin. Je n'ai pas de regret, je ne regarde pas derrière moi. Il a été un peu chanceux à quelques moments. Quelques points ont décidé du match, mais c'est comme ça à ce niveau là. Jouer Roger en demie, c'est toujours intense. On a joué un très long premier set. Si je le gagne, qui sait ce que ça peut donner. Je suis bien revenu, c'est dommage de ne pas accrocher le 4e set. Je ne pense pas que c'était un désavantage de ne pas avoir joué pendant quatre jours. A la fin, la visibilité n'était pas géniale. C'était très difficile de voir le service, surtout dans les derniers points du tie-break. Mais c'était la même chose pour nous deux. Il est très fort mentalement quand il le faut. Il sait comment gérer la pression. Il a bien servi au bon moment. C'est une défaite décevante. On ne peut pas se sentir bien après une défaite. Mais je sais quoi faire, je sais comment me comporter sur le court et en dehors."
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.