Federer, un déclin irrémédiable ?
Le constat est impitoyable. Roger Federer n’a soulevé qu’un seul des 13 derniers trophées majeurs. Son succès londonien de 2012 est le seul tournoi du Grand Chelem qu’il a pu glaner depuis trois ans, et il ne compte qu’une seule autre finale (Roland-Garros 2011) dans ce laps de temps. Loin, très loin de ses habitudes : 11 victoires en Majeurs entre 2004 et 2007, au plus fort de sa domination sur le circuit, et encore 4 entre 2008 et 2010 lors de la prise de pouvoir de Rafael Nadal (Federer avait d’ailleurs bénéficié des blessures de l’Espagnol pour effectuer le doublé Roland-Wimbledon en 2009 et dérober l’Open d’Australie 2010).
Dernier titre il y a 9 mois
L’homme aux 17 titres en Grand Chelem (4 Open d’Australie, 1 Roland-Garros, 7 Wimbledon et 5 US Open) traverse la période la plus difficile de sa carrière. Il n’a pas remporté le moindre titre depuis le Masters 1000 de Cincinnati en août 2012 et il semble stagner quand ses rivaux continuent de progresser (ce qui est assez logique puisque le Suisse va avoir 32 ans cet été).
Surtout, si l’on excepte le magnifique sursaut de Wimbledon 2012, Federer n’a pas été en mesure de s’adjuger un Majeur depuis l’US Open 2011 lorsqu’il avait raté deux balles de match en demi-finales contre Novak Djokovic) : battu logiquement à Melbourne ces deux dernières éditions (par Nadal en 2012 puis Andy Murray en janvier), sorti sans ménagement par Djokovic en demi-finale de Roland-Garros 2012 puis par Tomas Berdych dès les quarts de finale à Flushing Meadows en septembre dernier, le plus grand joueur de l’histoire (au moins au niveau des résultats, tout le monde sera d’accord là-dessus) vient de subir un nouveau revers sévère ce mardi à Paris, contre un Jo-Wilfried Tsonga qui avait déjà ébranlé le mythe en quarts de finale de Wimbledon en 2011.
Résultats moins bons contre les meilleurs
Pire, Federer paraît sous l’emprise de ses principaux adversaires (sauf à Wimbledon). Il est mené dans ses confrontations avec Nadal (10 victoires, 20 défaites), avec Murray (9 à 11 dont trois des quatre dernières), et il s’est incliné sept fois lors de ses dix derniers matches face à Djokovic même s’il mène encore 16-13 contre le Serbe.
En fait, le gentleman helvète semble entamer un déclin que beaucoup d’observateurs avaient annoncé trop tôt il y a quelques années. Cette érosion lente des résultats diffère cependant de celle d’un Pete Sampras au début des années 2000. Avant son fantastique comeback de l’US Open 2002, lorsqu’il s’était offert son 14e sacre en Grand Chelem, l’Américain n’avait plus gagné de tournoi depuis sa 13e levée plus de deux ans auparavant (Wimbledon 2000 contre Patrick Rafter). Certaines de ses performances entre ces deux dates avaient mêmes été indignes de sa classe, comme cet échec au 2e tour face au Suisse George Bastl sur le gazon anglais.
Wimbledon, le juge de paix
Roger Federer n’en est heureusement pas là. Le Maestro vient de prolonger sa série imbattable de 36 quarts de finale consécutifs en Grand Chelem et il perd presque uniquement contre des joueurs du Top 10, pas des seconds couteaux du circuit. Le Suisse va toutefois jouer très gros à Wimbledon, son tournoi fétiche, qu’il aura l’occasion de remporter pour la huitième fois (record de Sampras et lui-même battu). Sur l’herbe du Centre Court, Rodgeur retrouve souvent sa fluidité et son agressivité. Tenant du titre et finaliste trois semaines plus tard aux Jeux Olympiques (dominé par Murray), Federer peut perdre gros dans les semaines à venir : un paquet de points ATP, une place dans le tiercé de tête du classement (podium qu’il n’a pas quitté durablement depuis juillet 2003, seulement six petites semaines fin 2011) et une aura de star quasiment impossible à battre lorsqu’il développe son meilleur tennis. Si cela devait arriver, il n’y aurait alors plus de pincettes à prendre pour parler du déclin du plus beau joueur de l’histoire.
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