Federer, une 31e demie en Grand Chelem
Que vaut la qualification de Roger Federer pour les demi-finales de Roland-Garros ? Sur le plan comptable, cela vaut un petit pactole en euros. Au niveau du palmarès, c'est sa 31e demie en Grand Chelem, le record de Jiommy Connors étant égalé. Mais en terme de performance, la question se pose. Hors du coup durant un set, inconstant au deuxième, il a profité d'une forte baisse physique et tennistique de Juan Martin Del Potro pour emporter les trois autres. Bien évidemment, il a aussi participé à ce jeu des vases communicants, devenant plus offensif, un peu plus régulier. Mais Rafael Nadal, s'il a vu le match, ne doit pas être très inquiet par de possibles retrouvailles en finale, comme l'an dernier.
L'ancien N.1 mondial avait déjà montré des absences de fil conducteur dans son jeu, que ce soit face à Nicolas Mahut ou David Goffin. C'était passé, contre des joueurs qu'il avait peu (ou pas) l'occasion d''affronter, ce qui pouvait expliquer quelques moments de flottement dans ses matches. Mais face à Juan Martin Del Potro, qu'il avait déjà joué 13 fois (pour deux défaites), cette explication ne tenait plus. Le niveau de l'Argentin, avec son service et ses aces mais aussi son coup droit supersonique, n'a pas arrangé le sort du Suisse, certainement moins avantagé par les conditions climatiques. "Les conditions sont très lentes. On n'obtient pas de points gratuits sur le service. Et ces conditions étaient excellentes pour lui", reconnaissait le Suisse après son match. "J'ai eu du mal à trouver mon rythme." Et de conclure lucidement: "Je ne vais pas dire que je joue le feu."
Les missiles de Del Potro
En début de match, un concours de grosses fautes ouvrait les hostilités, et c'est le N.3 mondial qui prenait les commandes de ce jeu, mais pas du match, en "boisant" un revers dans les tribunes sur la première balle de break de son rival (2-1). Sur un jeu blanc, il perdait de nouveau son engagement (4-1), avant de combler aussitôt son double-retard (4-3). Mais il subissait beaucoup trop dans les échanges, et l'Argentin remportait logiquement cette 1ère manche (6-3) après 40 minutes de jeu. Mais ses chops de revers gênaient néanmoins le Sud-Américain, qui perdait son service pour être mené (3-2).
Mais le 9e mondial s'offrait trois balles de break, et sur la deuxième, l'Helvète tentait l'amortie, qui se transformait en coup droit chopé directement dans le filet. Un coup incroyable pour ce maître technicien. Les deux hommes restaient ainsi au coude à coude jusqu'au jeu décisif. Et là, le coup droit de Del Potro faisait la différence, les échanges s'intensifiant et sur un revers dans le filet de l'ancien N.1 mondial, il s'emparait du deuxième set (7/4) en 59 minutes. "Perdre le 2e set a été dur pour moi", avouait-il. "Mais je savais que je pourrais tenir sur la longueur. Et j'ai été très satisfait de la manière dont j'ai joué au début du 3e set."
Federer monte, Del Potro en chute libre
Ensuite, tout changeait. Juan Martin Del Potro déclinait fortement physiquement, tandis que Roger Federer semblait de mieux en mieux, tant au niveau des coups que de la tactique. Un break d'entrée, puis un cavalier seul pour revenir à deux sets à un (6-2 en 32 minutes), et l'avalanche se poursuivait dans le quatrième, l'Argentin ayant de plus en plus de mal à se déplacer, et manquant plusieurs fois de chuter sur des reprises d'appui. En 23 minutes, Federer égalisait à deux sets partout (6-0), et dans l'ultime manche, la tendance ne s'inversait pas. Un break sur un phénoménal coup droit le long de la ligne (3-1), de la solidité retrouvée, voilà comment le Suisse, après un dernier revers touchant le filet avant de sortir, pouvait lever les bras et féliciter son courageux adversaire, gêné par son genou depuis son premier match à Roland-Garros. Et le Sud-Américain, une fois le match terminé, écartait l'excuse du physique pour pointer un problème de service: "J'ai beaucoup perdu dans mes services. C'est ce qui a fait que j'ai perdu de l'intensité dans mon jeu. Mais je répète, Federer a un atout, il le mérite, car j'ai dû forcer, pour servir mieux, il m'a tout fait pour que mon service soit moins bon."
Nul ne sait ce qu'il se serait passé si Juan Martin Del Potro avait été en pleine possession de ses moyens. Mais si les plus belles victoires se forgent dans la douleur, Roger Federer peut encore rêver. Il devra néanmoins hausser sacrément son niveau de jeu, et le maintenir. Avec l'homme qui a battu tous les records de présence en finale et en demi-finale en Grand Chelem, c'est possible. Et quand on lui a demandé après le match, en conférence de presse, s'il pensait pouvoir retrouver son niveau de l'an dernier, il a simplement répondu: "Oui."
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