Ferrer enterre l’espoir de Tsonga
Gâtés par le spectacle proposé précédemment par Djokovic et Nadal, les 15 000 spectateurs du Court Philippe-Chatrier ont mis un peu de temps à revenir en tribunes. Cela n’a pas forcément mis en confiance Jo-Wilfried Tsonga, qui adore lorsque l’ambiance est au rendez-vous. Déjà perturbé par la longueur du match précédent, le Manceau n’était donc pas dans les meilleures dispositions et a connu toutes les peines du monde à entrer dans son match. Il n’a pas été en mesure de reproduire ce qu’il avait su faire face à Roger Federer en prenant le jeu en main. Et même si son adversaire n’évoluait pas non plus à son meilleur niveau, le mental n’y était vraiment pas du côté du Français.
Sans forcer, Ferrer se contentait bien souvent de retourner, attendant une erreur qui ne tardait pas à venir. Habitué à ne pas attirer le feu des projecteurs, le N.2 espagnol sentait bien qu’il avait les armes pour mettre fin à une série de cinq défaites dans le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem. En face, la tête de série N.6 donnait l’impression d’être perdu sur le court. Il regardait à plusieurs reprises sa raquette, les lignes, parfois le public. Presque groggy avant-même d’avoir combattu, celui que l’on compare souvent à Mohamed Ali laissait filer les jeux, puis perdait logiquement le premier set après 33 minutes (6-1).
Le vent n'a pas tourné
Au début de la deuxième manche, le public revenu en nombre, découvrait l’étendu des dégâts. Sachant qu’il ne pouvait pas lui arriver grand-chose de pire, le N.1 français se décidait à repartir de l’avant. Après avoir retrouvé son service, il prenait même celui de son adversaire sur un jeu blanc, menant alors 2-0, puis 3-0. Le public sentait que le vent –très présent- était peut-être en train de tourner en faveur de son protégé, mais c’était compter sans sur l’inusable Ferrer. Au changement de côté, Tsonga en profitait pour jauger son adversaire, mais celui-ci ne laissait rien transparaître. L’Espagnol préférait faire le dos rond pour repartir sur de bonnes bases. Le joueur de 31 ans revenait à l’essentiel et recollait finalement au score.
Sous le regard de Henri Leconte, dernier finaliste tricolore à Roland-Garros (1988), Tsonga relançait de nouveau la machine pour se procurer une balle de set. D’abord gêné par le cri d’un spectateur, il allait de nouveau sortir de son match après une succession de points litigieux. Les deux hommes devaient se départager dans le jeu décisif, et une fois encore, le cinquième joueur mondial prenait le dessus.
Ferrer: "c'est un rêve"
Mené deux sets à rien, Tsonga était sonné. Il sentait que dans les échanges, ou même sur ses services, la tête de série N.4 annihilait ses intentions offensives. Considéré par beaucoup comme le deuxième meilleur retourneur du circuit (après Djokovic), le natif de Javea enfonçait le clou et ne tardait pas à achever son adversaire au terme de 2h04 de match. "Pour moi, c'est un rêve. C'est le moment le plus important dans ma carrière", a déclaré Ferrer, qui participera à sa toute première finale dans un tournoi du Grand Chelem. "Je ne suis pas fatigué, et c'est important pour espérer faire quelque chose contre Rafael Nadal. Je vais me battre, et j'espère que les gens vont apprécier cette finale", a déclaré l'Espagnol juste après son succès.
Déjà finaliste cette année à cinq reprises, dont deux titres remportés à Auckland et Buenos Aires, le Valencian vient de réaliser la plus grosse performance de sa carrière en atteignant la finale. Il jouera face à Nadal avec l’avantage de n’avoir concédé aucun set depuis le début de sa quinzaine.
De son côté, Tsonga ne cachait pas sa grande frustration. « Je suis déçu car je n’ai pas fait le match que j’aurais voulu faire », a lâché Jo. « C’est dommage car j’avais tous les éléments pour faire un bon match », a-t-il soupiré. Il lui faudra certainement quelques jours avant de digérer cette désillusion. Le N.1 français aura l’occasion de rebondir sur le gazon du Queens, en attendant peut-être un exploit à Wimbledon. Ce n’est que partie remise.
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