Ferro, une lycéenne dans le grand bain
"Je n'ai jamais été aussi heureuse après une défaite." C'est en sortant du court du tournoi de St-Gaudens, battue en 8e de finale, que Fiona Ferro a appris qu'elle avait une wild-card pour Roland-Garros. Mais pas pour les qualifications, non, à 17 ans, elle a reçu une invitation pour le tableau final. "Je n'ai jamais fait de Grand Chelem chez les pros. Alors, ça fait vraiment plaisir. C'est une grosse marque de confiance", se réjouit-elle. "C'est un rêve." Actuellement 419e mondiale à la WTA, mais encore limitée en nombre de tournois chez les seniors en raison de son âge, elle va donc faire aujourd'hui ses premiers pas dans les Internationaux de France. Espoir du tennis féminin tricolore, elle avoue qu'elle ne sait "pas trop à quoi m'attendre. Mais je suis impatiente d'y être."
Sur les pas de Caroline Garcia ?
Depuis vendredi, elle sait que son adversaire a pour nom Sabine Lisicki, 17e mondiale et tête de série N.16. Elle aurait préféré affronter une joueuse plus à sa portée au 1er tour, mais le tirage au sort en a décidé autrement. Néanmoins, elle aime ce genre de défi: "C'est très formateur de jouer contre des filles plus fortes. J'apprends plus vite." Alternant encore entre le circuit junior et le circuit senior, elle sait la différence entre les deux: "Chez les seniors, on ne te donne rien." Mais elle a confiance: "Sur un match, j'ai le niveau pour battre une Top 100", affirme-t-elle. Là, ce sera carrément une Top20. "Ce sera une super expérience", ajoute son entraîneur Pierre Bouteyre, qui la suit depuis quatre ans. "Elle a une base assez solide. Techniquement, tous ses coups sont en place. Il faut qu'elle acquiert de l'expérience, du physique... Et qu'elle assimile bien la façon dont elle doit jouer." Sa joueuse estime "avoir un bon déplacement, je suis assez solide du fond du court. Je n'ai pas de gros points faibles, ni de gros points forts." Voici trois ans, Caroline Garcia, âgée de 17 ans, avait également été invitée à Roland-Garros, et était passée tout près de sortir Maria Sharapova au 2e tour. "Mais elle était déjà 150e mondiale. Moi, je n'ai jamais battu une fille parmi les 150 premières", pondère-t-elle aussitôt.
Elle vit chez ses parents avec ses trois frères
Seule fille au milieu de trois frères (deux plus âgés et un plus petit), Fiona Ferro est venue au tennis par ses frères, qui y jouaient. Elle est encore lycéenne, suit des cours de 1ere S au CNED. "C'est devenu dur à partir de cette année. Mais je veux aller jusqu'au bac pour avoir un bagage hors du tennis", dit-elle. Pour mener les deux activités de front, elle a "préféré rester à la maison" plutôt que dans une structure fédérale: "J'ai passé un an à Boulouris, mais je ne m'y plaisais pas trop", concède-t-elle. A son avantage: "Je vais toujours au bout de ce que je fais. Je donne toujours le maximum". Pierre Bouteyre abonde dans ce sens: "Elle est très investie. Comme souvent, les filles donnent 200%. Et elle est très accrocheuse."
A l'approche de l'évènement, elle sait que la pression va monter: "C'est une bonne nervosité", glisse-t-elle. Et elle compte sur son entraîneur pour l'aider à gérer la situation: '"Quand je doute, il me rassure bien. Il me comprend et il a beaucoup d'humour." Pierre Bouteyre estime que sa protégée "gère plutôt bien. Elle ne se prend pas trop la tête. Mais ici, tout est surdimensionné. Je vais voir comment elle réagit, mais j'ai pour habitude d'être à l'inverse du joueur. S'il est trop nerveux, je vais l'apaiser..." Durant son match, elle va le chercher du regard. "Ca me rassure", explique Fiona Ferro. Pas loin, il y aura aussi toute sa famille, ses parents et ses frères. Pour ses premiers pas, ils ne pouvaient pas rater ça. Quelque soit son parcours, elle sera là en juniors, avec"l'objectif de gagner un Grand Chelem d'ici l'année prochaine. Si ça pouvait être à Roland-Garros, ce serait super."
Vidéo : la balle de match qui élimine Ferro
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