Demain le Sport : "Il faut savoir faire sa place, on ne déroule pas le tapis rouge aux femmes", lance la présidente de la Fédération française de hockey
Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a accueilli samedi la première promotion du "Club des 300" femmes dirigeantes qui vise à accompagner notamment les femmes aux fonctions dirigeantes dans les fédérations sportives.
"Il faut savoir faire sa place et surtout savoir aller chercher les places parce qu'on ne nous déroule pas un tapis rouge", estime dimanche 23 octobre sur franceinfo Isabelle Jouin, présidente de la Fédération française de hockey et marraine de la première promotion du "Club des 300". Samedi, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) accueillait la première promotion du "Club des 300" femmes dirigeantes. Ce dispositif entend accompagner les femmes aux fonctions dirigeantes dans les fédérations sportives et le monde du sport en général. Face à un "écosystème sportif très masculin", il faut " proposer une autre façon d'envisager les choses", plaide Isabelle Jouin.
franceinfo : Vous êtes l'une des seules femmes à la tête d'une fédération. Est-ce que vous ne vous sentez pas un peu seule ?
Isabelle Jouin : Si, bien sûr. Mais il y a une véritable impulsion qui est donnée. Avoir autant de femmes qui postulent pour ce programme d'accompagnement [476 femmes ont candidaté au Club des 300], c'est plutôt une excellente nouvelle pour le futur du mouvement sportif. Cela montre qu'il y a à la fois l'envie, qu'elles ont envie d'oser et qu'elles ont envie d'être accompagnées pour porter ces projets sportifs et finalement impulser une évolution au sein du mouvement sportif.
Comment accompagne-t-on concrètement les femmes dans ces fonctions de dirigeantes dans le monde du sport ?
Au travers du programme proposé, on va leur offrir la possibilité de se mettre en réseau. C'est déjà ça qui est très important puisque la notion de sororité joue aussi. Cette capacité à créer un réseau entre les femmes est importante pour travailler sur leur complémentarité, pour partager les difficultés et puis pour se servir des bonnes pratiques. C'est ce réseau d'entraide et de solidarité qui est un sujet important. Ensuite, il faut les former sur du "media training", sur du co-développement. Cela permet de travailler sur une problématique qu'on peut avoir dans un comité directeur.
L'idée est donc d'apprendre à faire sa place dans ces milieux masculins. Vous qui êtes à la tête de la Fédération française de hockey, avez-vous ressenti cette difficulté ?
Oui, il faut savoir faire sa place et surtout aller chercher les places parce qu'on ne nous déroule pas un tapis rouge pour vous donner la place. Il y a effectivement tout un discours porté par beaucoup de nouveaux présidents, qui soutiennent cette nouvelle façon d'envisager les sujets et qui portent aussi une autre vision du travail en équipe, en mixité. Mais oui, il faut se faire sa place et il faut notamment proposer une autre façon d'envisager les choses et les sujets. Ce qui n'est pas toujours simple. On a quand même affaire à un écosystème sportif qui, historiquement, est quand même très masculin.
" Cela fait un certain nombre d'années qu'on essaye d'avoir des femmes à des postes à responsabilités et c'est compliqué parce qu'on est toujours assez peu finalement par rapport aux enjeux sociétaux et par rapport aux avancées au sein des entreprises."
Isabelle Jouinà franceinfo
On évoque aussi souvent le problème de légitimité que certaines femmes ressentent à l'idée d'occuper des postes à responsabilités. Est-ce quelque chose que vous constatez ?
Oui, bien sûr. Il y a toujours la crainte de se dire "est ce que je suis capable de prendre ce poste ?" "Est-ce que le fait que je ne vienne pas du monde sportif va me pénaliser pour comprendre les rouages ? Cela, c'est en fait des freins que l'on se met nous-même. Il faut le comprendre dès le départ : nous ne sommes pas moins en capacité que d'autre de porter ces projets. Nous avons notre sensibilité, je pense que c'est plutôt une force car nous sommes dans un monde où les attentes d'avoir des dirigeants empathiques sont importantes. On est en capacité de porter cette façon d'envisager le leadership différemment.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.