007 chez les footballeurs : le meilleur des histoires d'espionnage dans le sport
Gadgets, détectives privés, cyberattaques, missions incognito : la panoplie du parfait agent secret est presque complète.
Qu'ont en commun James Bond et les footballeurs ? Outre le fait de conduire, pour certains, une luxueuse Aston Martin, quelques pratiques du milieu du foot se rapprochent un peu des mœurs du milieu de l'espionnage vu par Ian Fleming. Lundi 25 février, on a appris que l'ancien entraîneur du Barça, Pep Guardiola, avait fait suivre par des détectives privés tous les faits et gestes de son défenseur Gerard Piqué, quand il flirtait avec la chanteuse Shakira. Inventaire non-exhaustif des coups fumants des 007 du sport.
L'espion qui m'aimait
La vie privée des footballeurs leur appartient-elle ? Si les plus grands entraîneurs du monde jurent la main sur le cœur que leurs joueurs sont des adultes majeurs et vaccinés, certains prennent quelques précautions. "La vie privée des footballeurs est parfois un gros problème pour eux, donc pour leur club, et donc pour moi", justifiait au Guardian (lien en anglais) l'ancien sélectionneur anglais Fabio Capello, qui voulait à tout prix éviter les affaires de sexe pendant le Mondial sud-africain, en 2010.
Le modèle du genre, c'est notre Guy Roux national. L'ancien entraîneur d'Auxerre avait des contacts dans toutes les boîtes de nuit jusqu'à Paris, pour rattraper par le col un joueur se déhanchant sur le dancefloor à une heure avancée de la nuit. Guy Roux était aussi très connu chez les préposés des péages de l'autoroute entre Paris et Auxerre, qui lui faisaient un rapport régulier sur les habitudes de ses joueurs. Détail qui tue : il vérifiait scrupuleusement le compteur kilométrique des voitures sur le parking du centre d'entraînement de l'AJA…
Quand on n'a pas Guy Roux sur le banc, on fait appel à la technologie, comme à l'Inter Milan. Au début des années 2000, le club lombard met carrément sur écoute son attaquant Christian Vieri, aussi prolifique dans la surface de réparation que dans le monde de la nuit milanaise. Jusqu'à ce que la police le place sous surveillance pour une autre affaire et le prévienne qu'il est déjà espionné. L'attaquant porte plainte. Malgré le million d'euros de dommages et intérêts obtenus par Vieri, l'Inter Milan n'en démord pas : "Nous étions dans notre droit", expliquait encore en 2012 l'avocat du club au site Football Italia (en anglais).
Rien que pour vos yeux
Les filatures et les photos au téléobjectif ne représentent qu'une petite partie de l'art consommé de l'espionnage. Comme en politique ou dans les affaires, le sport n'est pas épargné. Il y a d'abord l'espionnage presque involontaire. L'ancien sélectionneur du XV de France Marc Lièvremont raconte dans son livre Cadrages et débordements les dangers de résider près des équipes adverses.
Pour ne pas être dans le même hôtel que les Gallois, qu'ils vont affronter en demi-finale du Mondial 2011, les Bleus déménagent. Direction l'hôtel d'en face, précédemment occupé par les Anglais. "De la baie vitrée de ma chambre, j'ai une vue imprenable sur ce qui va devenir leur salle de vie, leur salle vidéo. Je peux même voir les joueurs se faire masser. Probablement que le coach anglais, Martin Johnson, en a fait de même la semaine dernière pour nous."
La même aventure est arrivée à des journalistes suédois, qui voyaient par la fenêtre le grand écran où s'affichaient les tactiques de l'équipe d'Angleterre au dernier Euro. Photo du Daily Mirror à l'appui. Et, comme par hasard, la Suède a marqué deux fois en déjouant le marquage anglais sur coup de pied arrêté…
Au service secret de Sa Majesté
Les micros dans les abat-jour ? Dans James Bond, mais pas seulement. Plusieurs équipes nationales ont eu recours à des sociétés spécialisées pour éviter tout espionnage avant le Mondial 2010, rapportait le Sunday Times sud-africain (en anglais). Les miroirs sans tain ? Le sélectionneur de l'équipe féminine danoise a eu la surprise de sa vie quand il a découvert deux techniciens chinois en train d'enregistrer sa causerie tactique derrière une glace, raconte Sports Illustrated (en anglais). Les Danoises participaient à un tournoi amical en Chine, un an avant les Jeux olympiques de Pékin…
Au rayon gadgets, on a trouvé plus fort que Q : le président du club de basket des New York Knicks. Désabusé par le comportement des adversaires, qui provoquent à longueur de match sa star, Carmelo Anthony, il a fait déployer deux micros hypersensibles aux extrémités du terrain pour en avoir le cœur net, rapporte ESPN (en anglais). Une façon originale d'obliger les joueurs adverses à ravaler leurs insultes. Conséquence : les Knicks continuent sur leur bonne lancée - ils sont 3es de la conférence Est de la NBA - mais l'équipe a subi quelques défaites à domicile surprenantes. L'entraîneur des Chicago Bulls, Tom Thibodeau, n'est pas choqué : "Il y a des micros partout maintenant en NBA."
Dangereusement vôtre
On s'espionne aussi entre dirigeants. Le Guardian (en anglais) raconte que le board d'Arsenal a dépêché des détectives privés en Ouzbékistan pour enquêter sur le passé trouble et le séjour en prison d'Alisher Ousmanov, un actionnaire du club désireux d'y accroître sa participation. "Ce qui a fait un sacré choc à l'intéressé", raconte le quotidien britannique. Encore plus maladroit, le club de Tottenham a engagé une armée de détectives privés pour ne pas lâcher d'une semelle les membres du comité chargé de désigner le club résident du stade olympique de Londres. Cela s'est su, et Tottenham s'est retrouvé hors course.
Restent non-élucidées les affaires de gaz envoyé dans les vestiaires adverses ou de mystérieuses épidémies de gastro-entérite à la veille d'échéances importantes qui font le folklore du sport de haut niveau. Comme on dit : "Si vous ou vos hommes veniez à être capturés par l'ennemi, l'agence nierait avoir connaissance de votre existence…" D'ailleurs, cet article s'autodétruira dans 15 secondes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.