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Ligue 1 : quatre questions sur le projet de délocalisation en Chine du match Monaco-Lyon

La Ligue de football professionnel (LFP) souhaiterait délocaliser sur le continent asiatique l'affiche Monaco-Lyon, programmée au mois de février prochain. 

Article rédigé par Célia Sommer, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les joueurs de Monaco lors de la finale du trophée des champions, le 3 août 2018, à Shenzhen, en Chine.  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Et si la Ligue 1 devenait le premier championnat européen à délocaliser à l'étranger un match de la saison régulière ? C'est justement l'ambition de la Ligue de football professionnel (LFP), qui espère "servir de laboratoire" et "va entamer des démarches officielles pour obtenir une dérogation à titre exceptionnel", a appris l'AFP jeudi 21 octobre. 

Avec l'accord des deux clubs, la LFP espère pouvoir délocaliser la rencontre opposant Lyon à Monaco, programmée le week-end du 5-6 février 2022. Mais pour l'instant, rien est fait. Cette opération reste soumise à dérogation de la Fifa. 

Pourquoi la Chine ? 

La LFP n'a jamais masqué sa volonté de promouvoir son championnat à l'international. L'instance essaye de s'implanter en Chine depuis plusieurs années déjà. En 2018 et 2019, les finales du trophée des champions s'étaient disputées à Shenzen. L'idée de programmer chaque week-end un match le dimanche, à 13 heures, n'a également rien d'anodin. Cet horaire est, en effet, propice à une large diffusion dans le pays.

Julian Draxler lors d'un bain de foule avant la finale du trophée des champions, à Shenzhen, le 2 août 2018.  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Mais pour l'instant, la LFP peine à faire reconnaître son championnat à l'étranger, qui reste largement sous-exposé. Les droits TV de la Ligue 1 à l'international sont estimés autour de 75 millions d'euros par année jusqu'en 2024, contre près de 800 millions pour la Liga et 1,5 milliards d'euros pour la Premier League. 

Pourquoi ce match ? 

L'Olympique Lyonnais et Monaco sont deux "images de marque", qui parlent à l'étranger et sont susceptibles d'attirer du public. La date choisie du 5 ou 6 février ne relève pas non plus du hasard : le week-end est suffisamment éloigné de matchs de Coupe d'Europe ou de sélection, et n'empêche donc pas les deux équipes d'effectuer un long déplacement.

Surtout, les deux clubs ont chacun noué des liens forts avec la Chine. L'un des actionnaires de Lyon est chinois, tout comme une partie des sponsors du club. Du côté de l'AS Monaco, le président Dmitri Rybolovlev entretient des liens commerciaux très étroits avec la Chine.

Pas sûr, cependant, qu'un Lyon-Monaco (au lieu d'un Monaco-Lyon) aurait suscité le même engouement côté Lyonnais. L'idée d'une délocalisation aurait fort probablement engendré la colère des supporters lyonnais, dont la communauté est bien plus étendue que celle des Monégasques.

Y a-t-il eu des précédents ? 

Certains championnats ont déjà manifesté leur volonté de programmer des matchs hors de leurs frontières. Mais ils se sont heurtés à un refus strict de la Fifa. C'est notamment le cas de la Liga. L'instance espagnole a tenté, en vain, d'organiser à Miami un match Gérone-Barcelone durant la saison 2018-2019, puis une rencontre Villarreal-Atlético de Madrid l'année suivante.

En 2020, la Commission des "partenaires" de la fédération internationale avait tranché en s'opposant aux matchs officiels délocalisés dans un pays étranger (hors Supercoupes), confirmant la position de la Fifa. Si la fédération venait à donner son accord, il s'agirait donc d'une grande première dans le football européen et la Ligue 1 serait pionnière en la matière. 

Et le bilan carbone, dans tout ça ? 

Se déplacer de Lyon à Monaco n'a pas le même impact carbone qu'un Lyon-Shanghaï. Si recourir au train, plutôt qu'à l'avion, ne semble pas encore soumis à une réelle réflexion au sein des clubs français, les deux équipes n'auront pas d'autres choix que d'emprunter l'avion pour se rendre à Shanghaï. L'équivalent de presque 10 000 kilomètres à vol d'oiseau et... plus de 15 tonnes d'émission de CO2 (pour un avion de plus de 220 sièges, d'après le site de calcul du gouvernement agirpourlatransition). 

À noter qu'un déplacement Lyon-Monaco, c'est environ 300 km à vol d'oiseau, 69,5 kg d'émission de CO2 en avion et seulement 522 g en train. Pour rappel, en janvier dernier, l’Olympique Lyonnais a rejoint Fair play for planet, le premier label écologique reconnaissant les clubs et événements sportifs ayant un engagement environnemental.

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