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Au cœur d'un scandale sexuel, la ligue féminine de football aux Etats-Unis reporte ses matchs du week-end

L'entraîneur anglais Paul Riley, qui fait face à des allégations d'inconduite sexuelle, a été limogé par le club de la North Carolina Courage.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les matchs de la ligue féminine nord-américaine de foot, prévus le week-end du 2 octobre 2021, ne se joueront pas. (STREETER LECKA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La ligue féminine nord-américaine de foot (NWSL), secouée par des allégations de mauvaise conduite sexuelle contre un entraîneur, et dénoncée pour son inaction, a annoncé vendredi 1er octobre, que les matchs de son championnat prévus ce week-end ne se joueraient pas.

"Cette semaine, et une grande partie de cette saison, a été incroyablement traumatisante pour nos joueuses et notre personnel, et j'assume l'entière responsabilité du rôle que j'ai joué. Je suis vraiment désolée pour la douleur que tant de personnes ressentent", a déclaré Lisa Baird, commissaire de la NWSL dans un communiqué.

"Conscients de ce traumatisme, nous avons décidé de ne pas nous rendre sur les terrains ce week-end afin de donner à chacun l'occasion de réfléchir. Les affaires courantes ne sont pas notre préoccupation en ce moment. Notre ligue a beaucoup de choses à réparer, et nos joueuses méritent tellement mieux", a-t-elle ajouté.

Des "rapports sexuels forcés"

Cette décision, prise en accord avec le syndicat des joueuses (NWSLPA), survient au lendemain du limogeage, par le North Carolina Courage, de l'entraîneur Paul Riley qui fait face à des allégations d'inconduite sexuelle, impliquant notamment des rapports forcés.

Deux anciennes joueuses, Sinead Farrelly et Meleana "Mana" Shim, ont affirmé au site The Athletic avoir dû faire face à plusieurs reprises, depuis 2010, au présumé comportement inapproprié de cet Anglais de 58 ans, dont la licence d'entraîneur a d'ailleurs été suspendue jeudi par la Fédération américaine de football.

Farrelly l'a ainsi accusé de l'avoir contrainte à des "rapports sexuels forcés", lorsqu'il était à la tête du Philadelphia Independence, notamment un soir où elle s'est rendue dans sa chambre d'hôtel, suite à une défaite en finale d'une compétition. Après quoi il lui aurait dit: "On emporte ça dans nos tombes".

"Vous êtes tous des monstres" 

Farrelly et Shim ont également affirmé qu'à une autre occasion, lorsque Riley les entraînait au sein des Portland Thorns, il les avait forcées à s'embrasser dans son appartement. Ce dernier a contesté ces allégations "complètement fausses". "Je n'ai jamais eu de relations sexuelles avec ces joueuses, ni ne leur ai fait d'avances sexuelles", s'est-il défendu auprès du média.

Ces dernières heures, les réactions d'indignation et de colère ont afflué, certaines dénonçant notamment la passivité de la NSWL. "La ligue a été informée à de multiples reprises et a refusé à chaque fois d'enquêter", a ainsi affirmé l'internationale américaine Alex Morgan, qui a joué sous les ordres de Riley à la même époque que les deux accusatrices à Portland, appuyant son propos avec des captures d'écran d'emails envoyés par Farrelly à la ligue.

La star, militante, Megan Rapinoe a aussi exprimé sa colère: "A tous ceux qui sont dans l'exercice du pouvoir et qui ont laissé faire, qui ont entendu et rejeté, qui ont autorisé ce monstre à changer d'équipe sans aucune répercussion, allez vous faire foutre, vous êtes tous des monstres et vous pouvez TOUS donner votre démission immédiatement".

Le syndicat des joueuses (NWSLPA) a pour sa part dénoncé "un abus systémique, fléau pour la Ligue". Dans la tourmente, Lisa Baird a promis de mettre en place un processus de signalement anonyme pour les joueuses et membres du personnel. Elle s'est aussi engagée à transmettre le dossier à l'"US Center for SafeSport", afin que cette organisation indépendante, mandatée pour lutter contre les abus sexuels dans le sport aux Etats-Unis, puisse enquêter.

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