Football : "Dans sa tranche d'âge, c'est le plus prometteur", comment Xabi Alonso a transformé le Bayer Leverkusen et attire tous les regards
Il était un esthète du jeu et un stratège au milieu de terrain, sera-t-il un tacticien hors pair une fois sur le banc ? En tout cas, Xabi Alonso en prend le chemin. Leader de Bundesliga avec le Bayer Leverkusen, le technicien espagnol et ses hommes affrontent Stuttgart, dimanche 10 décembre, à l'occasion de la 14e journée, pour ce qui sera son 40e match de championnat sur le banc du Bayer.
Une situation inespérée pour Leverkusen il y a un an et demi, lorsque le technicien de 42 ans reprend, début octobre 2022, le club à l'avant-dernière place du classement, avec une seule victoire et cinq défaites au compteur.
Le Bayer Leverkusen, seule équipe encore invaincue dans les cinq grands championnats européens, est en route pour balayer le surnom peu glorieux de "Bayer Neverkusen", donné depuis la finale de Ligue des champions perdue en 2002 contre le Real Madrid. L'équipe allemande, sous les ordres de Xabi Alonso, est encore en course pour mettre fin à la suprématie du Bayern Munich, champion d'Allemagne depuis 11 saisons.
Comment Xabi Alonso, qui n'entraîne que depuis 2019, a-t-il réussi une telle prouesse ? Grâce à une philosophie de jeu précise et des résultats fulgurants qui font de l'Espagnol le technicien en vogue, alors qu'il n'avait connu que la réserve de la Real Sociedad jusque-là.
Passé par Liverpool, le Real Madrid ou encore le Bayern Munich en tant que joueur, Xabi Alonso a eu le temps de côtoyer les meilleurs entraîneurs du monde à l'image de Pep Guardiola ou Carlo Ancelotti. Il a su aspirer leurs principes afin de le retranscrire dans le jeu affiché aujourd'hui par son équipe. Et après 39 matchs, Xabi Alonso possède même un meilleur bilan que certains de ses mentors.
Ses méthodes sont le fruit de son apprentissage à leurs côtés. Sa gestion du vestiaire est inspirée par celle de Carlo Ancelotti, qu'il a qualifié comme "un maître pour tout le monde" auprès de l'AFP. En revanche, malgré sa nationalité espagnole et son jeu basé sur la "qualité de la passe pour contrôler le ballon", il rejette l'idée du tiki-taka, proposé notamment par Pep Guardiola. "Le tiki-taka, c'est un peu de la possession de balle défensive. Je l'ai pratiqué mais nous avons d'autres choses", dévoile le champion du monde 2010 et double champion d'Europe (2008 et 2012), qui a connu ce style de jeu avec l'Espagne.
Plutôt influencé par la philosophie allemande, il privilégie le "changement de tempo pour passer derrière le milieu de terrain adverse", rendu possible grâce à des joueurs fins techniquement et intelligents dans le placement comme Florian Wirtz, maître à jouer du Bayer Leverkusen. L'Allemand de 20 ans, considéré comme un des meilleurs espoirs du football mondial, rayonne aux côtés de pistons rapides en transition comme Jérémie Frimpong ou encore Alex Grimaldo. Ce dernier est arrivé libre de tout contrat l'été dernier en même temps que l'attaquant Victor Boniface, tous deux étincelants cette saison et symboles du mercato réussi du Bayer. Xabi Alonso a également réussi à rééquilibrer le Bayer Leverkusen avec le passage à une défense à trois.
Un entraîneur à l'image du joueur
Deuxième meilleure attaque de Bundesliga avec 38 buts marqués en 13 matchs, Leverkusen est une équipe avec un jeu attrayant porté vers l'avant, rendu possible grâce à la liberté laissée par Xabi Alonso à ses joueurs. "Sur le terrain, j'ai été encouragé à prendre mes propres décisions. C'est quelque chose que je veux vraiment pousser et que je rappelle aux joueurs. Ce ne sont pas des robots", a rappelé Xabi Alonso à l'AFP.
Car le Basque est un entraîneur avec des principes qui étaient déjà les siens lorsqu'il était joueur, comme l'assure Anthony Le Tallec, qui l'a côtoyé une saison (2005-2006) lors de son passage à Liverpool. "Je ne suis pas surpris qu'il ait de tels résultats aujourd'hui, assure-t-il à franceinfo: sport. L'équipe de Leverkusen est à l'image de Xabi Alonso quand il était joueur", ajoute Anthony Le Tallec, qui qualifie son ex-coéquipier comme quelqu'un de fédérateur et de perfectionniste.
Christophe Kuchly, journaliste et auteur du livre Les entraîneurs révolutionnaires dans le football (Editions Solar), partage cet avis. "Il met en place ce qu'il a connu en tant que joueur en associant jeu de possession et de transition". Les deux hommes se rejoignent pour dire que son charisme a un impact prépondérant sur sa réussite. "Il est jeune et pourtant il n'a pas à faire ses preuves quand il entre dans un vestiaire, car Xabi Alonso c'est un nom qui parle aux joueurs. Il a une certaine autorité naturelle auprès d'eux", estime notamment Christophe Kuchly.
Un destin tout tracé pour lui ? Ses résultats attirent déjà les grands clubs, et notamment le Real Madrid, mais Xabi Alonso est pour l'instant ferme : "Je suis très à l’aise ici. Je suis très attaché à ce club" a-t-il rappelé pour Movistar. De quoi envisager d'entrer à terme dans la case des grands techniciens du football, juge Christophe Kuchly. "Dans sa tranche d'âge et parmi les entraîneurs émergents, c'est le plus prometteur". En attendant, Xabi Alonso a la tête à "100%" au Bayer Leverkusen. Sera-t-il celui qui viendra enterrer l'encombrant surnom de "Neverkusen" qui dure depuis presque 22 ans ?
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