Uli Hoeness s'en va, une grande page du Bayern se tourne
"Je me fiche complètement de mon image !", se plait-il à dire à qui voudrait lui reprocher ses coups d'éclat. Fils d'un modeste charcutier, Hoeness est capable à la fois de colères homériques et de pleurer d'émotion. A l'heure où il quitte la présidence du Bayern Munich, club qu'il considère comme son bébé, l'homme de 67 ans laisse derrière lui un héritage considérable.
"Maintenant que je n'ai plus de fonctions officielles, je vais repasser en mode attaquant!", a-t-il assuré, sachant qu'il restera membre du Conseil de surveillance. En 2014, les yeux embués de larmes, il affirmait d'ailleurs qu'il "servirait le club jusqu'à (son) dernier souffle". Peu après, il était envoyé en prison pour presque deux ans pour fraude fiscale. "Chaque fois que j'entendrai ou lirai une attaque injuste contre le club, je le défendrai comme une poule défend ses poussins", lance ce personnage parfois imprévisible.
Une succession bien organisée
C'est ce vendredi soir que l'assemblée générale élira son successeur, à savoir l'ancien patron d'Adidas Herbert Hainer, un proche de Hoeness. "J'ai choisi pour l'avenir des gens en qui j'ai confiance (...) Si je n'étais pas totalement convaincu par Hainer et (Oliver) Kahn, je me serais représenté", a-t-il dit. Le "boss" souhaite avant tout préserver le caractère "familial" du club.
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Le règne de Hoeness à la tête du club bavarois débute en 1979. Le rugueux attaquant voit sa carrière interrompue par une grave blessure et il est alors propulsé manageur à 27 ans. Il transforme peu à peu le club traditionnel en entreprise florissante, important des Etats-Unis des idées de marketing sportif inconnues alors en Europe, fondées sur l'âpre négociation de droits télés et le développement des produits dérivés.
Un chiffre d'affaires qui explose
C'est en 2009 qu'il succède à Franz Beckenbauer à la présidence. En quatre décennies, il fait bondir le chiffre d'affaires de 12 millions de deutschmarks (6 millions d'euros) à 750 millions d'euros, dont 52 millions de bénéfices après impôts (exercice 2018-2019) ! Sur la même période, les Bavarois remportent 58 titres, dont 24 Bundesliga et deux Ligues des champions (2001, 2013).
Surnommé "le Nelson Mandela" du Bayern par Rummenigge, il n'aura commis qu'un seul faux pas, dans ses affaires privées. Coupable d'une fraude fiscale de plusieurs millions d'euros, Hoeness a passé près de deux ans en prison de 2014 à 2016. A son retour, il est triomphalement réélu à la présidence du club, qu'il quitte aujourd'hui de son plein gré. Membre du Conseil de surveillance, il gardera assurément une part d'influence sur le club qu'il vénère.
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