CAN 2017: Alain Giresse: "le foot, une drogue sociale" en Afrique
Vous retrouvez le Mali que vous aviez mené sur le podium en 2012, ce que le pays attendait depuis quarante ans. Quel souvenir en gardez-vous ?
Alain Giresse: "Le pays était en transe, c'était démentiel. Le président de la République vient vous accueillir, on ouvre le stade, ça prend des proportions énormes. La contrepartie, c'est que si ça ne va pas, ça créé des excès dans l'autre sens. Les résultats du foot, c'est une drogue sociale (en Afrique), il faut faire attention, ça prend une ampleur qu'ici, on ne peut pas connaître. Quand le Mali m'a recontacté après mon départ du Sénégal, la reprise du dialogue a été facile."
Quelle feuille de route le Mali vous a-t-il donné ?
AG:"Dans tous les pays, il n'y a qu'une feuille de route, c'est la gagner. Mais c'est toujours quelque chose d'assez compliqué. Donc le but sera de faire la meilleure performance. C'est assez ouvert. Chacun se positionne pour faire la meilleure performance et le Mali est dans ce cas: bien se préparer et avoir de l'ambition".
Dans quelle situation se trouve la sélection malienne ?
AG:"On est une équipe qui a perdu ses cadres, qui est en train de se restructurer avec une ossature formée par des joueurs comme Mola Wagué qui joue à Udinese, Yacouba Sylla de Montpellier, Mustapha Yatabaré qui évolue au Kardemir Karabukspor en Turquie, Bakary Sako de Crystal Palace. Et derrière, des jeunes issus des moins de 20 ans troisièmes à la Coupe du monde 2015 comme Adama Traoré (Monaco) avec de la qualité. Mais on ne passe pas des U20 au niveau de très grosses équipes en l'espace de quelques mois. Donc il y a un manque de maturité qui existe".
Qui voyez-vous comme favori ? Le Gabon avec Pierre-Emerick Aubameyang ?
AG:"Le Gabon est le pays organisateur qui bénéficie de la faveur de jouer à domicile avec Aubameyang qui est le meilleur joueur africain et qui peut à lui seul apporter beaucoup de solutions à son équipe. Après il manque le Nigeria, l'Afrique du sud mais il y a les plus gros pays, l'Egypte est de retour, l'Algérie, le Cameroun, le Ghana, la Tunisie, la Côte d'Ivoire bien sûr."
Le Gabon, où se déroule la CAN, a justement été votre première expérience en Afrique entre 2006 et 2010.
AG:"J'avais cette curiosité de l'Afrique et cela a été plus qu'une bonne expérience car je suis arrivé dans un pays où l'équipe nationale était au plus bas, où la fédération avait des moyens plus que limités. Il a fallu se plonger là-dedans et comme j'étais avide de découverte, j'y suis resté quatre ans et l'aventure (en Afrique) était lancée".
Comment jugez-vous avec du recul votre expérience au Sénégal qui vous a limogé après son élimination au premier tour de la CAN-2015 ?
AG:"Sur le plan sportif, c'est dommage car on était en train de bâtir une équipe qui avait été renouvelée et ça s'est joué à peu de choses pour qu'on passe. Après, les rapports étaient très mauvais entre la presse et moi et l'élimination a été le bon moment pour vider leur sac. Mais c'est passé aux oubliettes".
Comment voyez-vous l'avenir du football africain ?
AG:"Le football africain regorge de talents car (le continent) ne pense que football. Après, ce qui ne permet pas d'exploiter toutes ces possibilités, c'est que les structures font défaut. Les pays africains n'arrivent pas encore sur une Coupe du monde à passer les niveaux les plus élevés mais ça progresse partout et le niveau de performance de ces équipes va se relever".
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