CAN 2022 : Youcef Belaïli, l'autre star de l'Algérie au parcours mouvementé
Le milieu offensif de 29 ans, qui souhaite poursuivre sa carrière en Europe, est devenu un élément-clé de l’Algérie dont le premier match de la CAN aura lieu ce mardi.
À l’autre bout du fil, Abdelhafid Belaïli fulmine : "Sincèrement, mon fils est devenu un appât pour les agents européens." Depuis un mois que Youcef Belaïli est sans club, les rumeurs abondent et envoient l’international algérien (30 sélections, 6 buts) dans différents clubs, à Marseille, Montpellier ou Saint-Étienne. En réalité, les contacts sont rares pour le moment. "Des gens vont voir des clubs et leur font croire qu’ils sont son agent", soupire Belaïli père, qui gère les intérêts et la carrière de son fils.
Mais Abdelhafid l’assure à franceinfo: sport, son fils Youcef n’a que la Coupe d’Afrique des Nations en tête, et ce pour les quatre prochaines semaines. "Il est concentré à 100% sur les prochains matchs et je m’occupe des potentiels contacts." Ce mardi 11 janvier, Youcef Belaïli sera donc très attendu à l’occasion du premier match dans le tournoi de l’Algérie, tenante du titre, face à la Sierra Leone (14 heures). Car depuis son retour en sélection en 2018, l’ailier de 29 ans s’est imposé comme l’un des cadors de cette équipe, au même titre que Riyad Mahrez.
À 30 ans, Mahrez est la star absolue de l’équipe d’Algérie, capitaine des Fennecs lors de la victoire à la CAN en 2019, meilleur joueur de Premier League en 2016, nommé trois fois au Ballon d’or et élément important du Manchester City de Pep Guardiola. Mais à gauche de l’attaque de la sélection algérienne, Belaïli s’est imposé comme l’autre leader offensif de cette équipe, tout aussi imprévisible que son coéquipier, presque aussi fin techniquement et plus puissant.
Un but splendide face au Maroc en décembre
Depuis un mois, Belaïli ne cesse de faire parler de lui. Le sacre de l’Algérie lors de la Coupe arabe qui s’est déroulée au Qatar a bien aidé. Face au Maroc en quarts de finale, l’ailier algérien a inscrit un but qui a fait le tour du monde et l’ensemble de ses performances lui ont permis de terminer deuxième meilleur joueur du tournoi. Sur le coup, l’émotion a envahi Abdelhafid Belaïli, dont la vidéo de lui en larmes après cette réalisation sublime a tourné sur les réseaux sociaux.
Le but incroyable de Youcef Belaïli face au Maroc hier en #FIFArabCup pic.twitter.com/d8tvehhZ1A
— Instant Foot ⚽️ (@lnstantFoot) December 12, 2021
"Il est devenu un joueur-clé de l’Algérie grâce à son sérieux, sa combativité et son amour du maillot et du pays. Son courage le pousse à faire d’énormes efforts pour satisfaire le peuple algérien", s’enorgueillit le paternel. Belaïli a également fait parler de lui après la demi-finale remportée face au Qatar, le 15 décembre. En prolongation, l’ailier donne la victoire à son équipe et célèbre son but face au pays organisateur.
Le lendemain, son club qatari, le Qatar SC, annonce son départ. Mauvais timing, selon les proches de l’intéressé. Youcef Belaïli n’en prend pas ombrage et publie un message de remerciements à l’attention du club, qui explique de son côté que la rupture s’est faite à l’amiable. Un épisode étonnant, à l’image de la carrière du joueur. Car Belaïli, qui fêtera ses 30 ans en mars, aurait pu aller haut. Très haut même, à en croire ses coéquipiers et son sélectionneur.
Suspendu deux ans pour dopage
"Belaïli est pour moi l’un des meilleurs joueurs du continent africain en ce moment. Il est impressionnant", assurait Farid Boulaya, coéquipier en sélection et joueur du FC Metz, en novembre. "Il a une faculté incroyable à éliminer mais le plus impressionnant chez lui, c’est sa puissance", expliquait Islam Slimani, meilleur buteur de l’histoire des Fennecs et attaquant de l’Olympique Lyonnais, à L’Équipe en décembre.
"Il a un talent extraordinaire", ajoutait Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie en novembre 2020, avant de nuancer : "Le problème, c’est la constance." Malgré de belles promesses, Belaïli n’a jamais su éclater au très haut niveau sur le continent européen. Après de bons débuts chez lui à Oran, des passages réussis à l’Espérance de Tunis et l’USM Alger et deux premières sélections sous les ordres de Christian Gourcuff en 2015, Belaïli est suspendu deux ans pour usage de cocaïne.
"Il était bien moralement pendant ces deux années, il était bien entouré. On s’entraînait, on jouait des matchs ensemble. Donc il n’a pas perdu ses repères et sa forme", assure Abdelhafid Belaïli. La suspension purgée, le fils rebondit à Angers, où Saïd Chabane l’apprécie particulièrement. "Le président l’aimait beaucoup mais malheureusement, l’entraîneur (Stéphane Moulin, ndlr) ne le convoquait pas souvent", regrette le paternel. À Angers, Youcef Belaïli ne reste que six mois et ne joue qu’un petit match de Coupe de la Ligue.
"Quand il est arrivé, il sortait d’une opération au genou. Il n’a jamais réellement réussi à revenir", expliquait Stéphane Moulin à L’Équipe en octobre. Nouveau rebond pour Youcef Belaïli, cette fois du côté de l’Espérance de Tunis où il remporte deux fois de suite la Ligue des champions africaine. Ses performances attirent l’œil du nouveau sélectionneur Djamel Belmadi, qui lui permet de porter à nouveau le maillot algérien.
"L'Europe, c'est son objectif"
"Youcef, c’est le chouchou du coach. Il compte beaucoup sur lui, comme Mahrez", assure Abdelhafid Belaïli. Et Youcef Belaïli répond présent : en 2021, l’ailier a inscrit trois buts et délivré douze passes décisives en dix-sept matchs avec les Fennecs. Imprévisible, danger permanent pour les défenses adverses, Belaïli sera à n’en pas douter l’un des hommes à suivre de cette Coupe d’Afrique des Nations.
Alors que le fils prépare la compétition et le match contre la Sierra Leone de ce mardi, le père gère de son côté les sollicitations. "On a plein de contacts dans les pays du Golfe, mais ce sont des roues de secours. Youcef veut donner la priorité à l’Europe, c’est son objectif", explique Abdelhafid Belaïli, qui précise que seul Saint-Étienne s’est intéressé à son fils, et qu’un "seul contact concret est en cours, avec le FC Bâle".
Et même si "des agents veulent jouer les obstacles, ils n’empêcheront pas Youcef de jouer en Europe", assure le paternel, impatient de voir son fils débuter la compétition avec les Fennecs. Toujours avec confiance et optimisme. Il y a de quoi : l’Algérie n’a plus perdu de match depuis le 16 octobre 2018 et une rencontre face au Bénin. Juste avant le retour en sélection du porte-bonheur des Fennecs, Youcef Belaïli.
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