CAN 2024 : des stars vieillissantes, le problème Riyad Mahrez... Les pistes pour expliquer le fiasco de l'Algérie, éliminée sans gloire

Comme en 2022, les Fennecs ont été sortis dès la phase de poules de la CAN après leur défaite contre la Mauritanie, mardi soir.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
L'Algérien Baghdad Bounedjah après la défaite face à la Mauritanie, au Stade de la Paix de Bouake, en Côte d'Ivoire, le 23 janvier 2024. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Rien ne va plus pour l'Algérie. En difficulté depuis le coup d'envoi de la CAN, les Fennecs ont été éliminés, mardi 23 janvier, après leur défaite contre la Mauritanie (1-0). Pour la deuxième édition de rang, les Algériens sont dehors avant la phase finale et terminent derniers de leur poule. Pire, ils n'ont plus remporté le moindre match à la CAN depuis leur sacre en 2019. Franceinfo: sport s'est penché sur les explications de ces échecs répétés.

Une équipe vieillissante

Au sommet du continent en 2019, l'Algérie est désormais au fond du trou. Un déclassement qui s'explique en partie par une génération vieillissante et pas encore totalement remplacée. Dans la liste des 26 sélectionnés pour aller jouer en Côte d'Ivoire, 12 étaient déjà présents il y a quatre ans, dont de nombreux cadres. La problématique est particulièrement présente en attaque, où seulement deux des six joueurs appelés par Djamel Belmadi ont moins de 30 ans (Mohammed Amoura, 23 ans, et le Lillois Adam Ounas, 27 ans). Le sélectionneur "est en train de faire du neuf avec du vieux", regrettait Mounir Ouassel, directeur du média Le Score, à 20 minutes au début du tournoi.

Le futur en sélection de plusieurs de ces joueurs dont Riyad Mahrez (32 ans), Islam Slimani (35 ans), ou Sofiane Feghouli (34 ans), sera particulièrement scruté après ce nouveau fiasco. Derrière, la jeune génération, incarnée par les prometteurs Farès Chaïbi (21 ans, 106 minutes de jeu lors de cette CAN) et Mohammed Amoura (113 minutes cumulées), n'a pas encore pris les commandes.

Le problème Riyad Mahrez, cible des critiques

Au coeur de cette désillusion, un joueur cristallise particulièrement l'attention et les critiques. Cadre historique de la sélection, Riyad Mahrez a été chahuté tout le tournoi par les supporters et les observateurs, pour ses prestations décevantes (il avait été noté d'un cinglant 2/10 par le site spécialisé DZFoot après le match contre nul le Burkina Faso, "probablement [...] son pire match sous les couleurs de l'équipe nationale") et la perception d'un manque d'engagement. Ancien taulier du Manchester City de Pep Guardiola, Mahrez avait fait le choix, l'été dernier, de s'exiler en Arabie Saoudite à Al-Ahli. 

"Beaucoup appellent à sa mise à l'écart, que ça soit parmi les journalistes, les observateurs ou de simples fans de la sélection. Il n'est plus ce joueur indiscutable derrière lequel toute la nation poussait", expliquait Naïm Beneddra, journaliste pour Goal et spécialiste des Fennecs, à Eurosport avant le troisième match.

"On n'écoute pas ce qui se dit. Toutes les personnes qui essaient de parler et de croire qu'on doit gagner tous les matchs 3-0, qu'elles restent derrière leur téléphone et leur ordinateur", avait réagi le joueur au micro de BeIN Sports à l'issue du match contre le Burkina Faso, peu après avoir tweeté un message avec un smiley qui se bouchait les oreilles. Mais, laissé sur le banc pour la rencontre décisive contre la Mauritanie mardi soir, il n'a pas pu changer le cours du match.

Un sélectionneur contesté

Tout comme Riyad Mahrez, le sélectionneur des Fennecs Djamel Belmadi était de plus en plus contesté. Il n'aura pas survécu à ce nouvel échec, puisque la fédération algérienne a annoncé son départ mercredi, suite à un accord à l'amiable. Apparu très affecté juste après le coup de sifflet final de la défaite des siens contre la Mauritanie, il s'est ensuite montré tendu face à la presse, s'expliquant violemment avec un journaliste qui l'interrogeait sur le fait de devenir le premier sélectionneur algérien à être éliminé deux fois au premier tour : "Toi, depuis le début, tu es en mission, depuis le début c'est comme ça. T'as pas précisé que je suis le deuxième entraîneur à avoir gagné la Coupe d'Afrique. Je me fous de tes remerciements [...] Je sais même pas quoi répondre à ça".

Ciblé depuis l'année dernière pour sa communication devenue compliquée, rarement à même d'expliquer les difficultés de son équipe, il a dit ne pas "[s']expliquer pourquoi [ils] n'arrive[nt] pas à gagner", avant de pester contre l'arbitrage et la Var qui "n'a pas fonctionné". Une sortie qui n'était pas sans rappeler, dans une moindre mesure, sa diatrible, en avril 2022, après la défaite des siens face au Cameroun dans un match qui privait l'Algérie de la Coupe du monde au Qatar : "Aucun arbitre ne viendra mettre à mal tout un pays [...] Nous, quand on va en Afrique, on n'a pas les mêmes faveurs. On vole les espoirs de tout un pays et on le laisse comme ça... Je ne dis pas qu'il faut le tuer. Mais on ne va plus accepter ce genre de situation".

Belmadi n'avait pas non plus voulu s'exprimer sur la suite et les réflexions à avoir après ces deux échecs au micro de Canal+ Sport Afrique, avant de concéder en conférence de presse que c'était "peut-être" la fin d'un cycle. A l'issue de la rencontre, la presse algérienne a relaté une tentative d'intrusion de la part de supporters dans l'hôtel de la délégation des Fennecs, à Bouaké. Ils appelaient à la démission du sélectionneur, qui est finalement intervenue quelques heures plus tard.

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