La Zambie surprend la Côte d'Ivoire
Les Chipolopolos, qui s'étaient inclinés deux fois en finale (1974 et 1994), ont réussi leur pari de rendre hommage par la plus belle des manières à leurs prédécesseurs de 1993, décédés dans un accident d'avion au large de Libreville. Le sélectionneur français de la Zambie Hervé Renard l'avait prédit. Le retour en terre gabonaise, près de 19 ans après ce dramatique accident d'avion, était forcément "un signe du destin". Le pèlerinage émouvant, à deux jours de la finale, sur la plage de la capitale gabonaise où s'est écrasé l'appareil, n'aura pas été vain. Un supplément d'âme qui a fait la différence.
Hervé Renard: "C'est quelque chose d'énorme, qui paraissait irréalisable avant la compétition mais au fil des jours de préparation et de compétition on a commencé à croire en nous. Nous ne sommes pas les meilleurs mais on avait une force qui nous animait et qui a fait la différence."
Après avoir fait chuter deux autres grands favoris, le Sénégal (2-1 au 1er tour) et le Ghana (1-0 en demi-finale), les Zambiens ont eu la peau des Éléphants et de leur capitaine Didier Drogba, décidément maudit. Comme en 2006 en finale contre lÉgypte, le leader ivoirien a manqué un penalty, cette fois en cours de jeu, et ne soulèvera peut-être jamais un trophée avec sa sélection, lui qui a quasiment tout gagné en club. La Côte d'Ivoire, qui figurait parmi les grands favoris avec le Ghana et n'a remporté le trophée qu'une fois (1992), subit pour sa part un nouvel échec en finale après celui de 2006, déjà aux tirs au but.
Finale fermée
Une finale reste une finale. Serrée, difficile et stressante. Et peu de joueurs ont l'expérience de ces moments où il faut répondre le jour J. Didier Drogba peut en témoigner. Le capitaine et attaquant ivoirien a manqué le pénalty de la victoire et l'occasion d'entrée au panthéon africain (70e). Sous la pluie, les deux meilleures attaques de la compétition (9 buts marqués) se sont neutralisées à Libreville. Méfiantes et sous pression, les deux équipes ne se sont pas livrées par peur de perdre (côté ivoirien) ou pour raison stratégique (côté zambien). les Ivoiriens tardent à se lâcher sur le plan collectif.Tétanisée par l'enjeu et bousculée par la vivacité et la belle technique des attaquants zambiens, la Côte d'Ivoire n'est jamais véritablement entrée dans la partie, loin de la solidité affichée tout au long du tournoi.
Et le suspense seul intérêt de la rencontre est entré dans une autre dimension durant la séance de tir au but. Les deux équipes ont réussi les sept premiers pénaltys. Après l'arrêt de Mweene devant Kolo Touré, le tireur Zambien a expédié le ballon au-dessus. Gervinho, un des meilleurs joueurs de la finale, l'a imité. Sunzu inscrivait le tir au but vainqueur pour les Zambiens.
Drogba "mange la feuille"
Avant peu d'occasions. Pourtant, dès le coup d'envoi, la combinaison des Chipolopolos surnom des Zambiens conclue par un tire de Sinkala a surpris la défense ivoirienne sauvée par une parade de Barry Copa (2e). Les individualités ivoiriennes ont été à la peine et Yaya Touré, loin de son meilleur niveau, a gâché la plus belle occasion des siens après une magnifique talonnade de Drogba (30e). Le match aurait pu s'emballer sans le raté exceptionnel de Didier Drogba qui a envoyé son pénalty dans les tribunes (70e). Le capitaine des Éléphants avait déjà failli dans cet exercice dans la CAN gabono-équato-guinéenne, voyant sa frappe détournée par le gardien de la Guinée équatoriale en quart de finale.
François Zahoui: "Les Zambiens avaient une histoire (le crash aérien de 1993) mais cette coupe, nous aussi on la voulait. On voulait ramener cette coupe à cause de la situation difficile en Côte d'Ivoire."
Et pourtant, lorsque Chansa a bousculé Gervinho à l'entrée de la surface et que l'arbitre désignait le point de penalty, Drogba a pris ses responsabilités. Le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, jubilait en tribune, et le sélectionneur François Zahoui serrait un poing rageur. Le sacre tant attendu de la "génération dorée" des Éléphants se dessinait, au bout de vingt ans d'attente. En vain.
Les Éléphants ont manqué une autre balle de match. Sur une déviation de Bony, Gradel, a trop croisé son tir (88e). En prolongations, les Ivoiriens se sont éteints. Du coup, les Zambiens, entraîné par le Français Hervé Bernard - ont eu la meilleure occasion des prolongations par le biais de Chris Katongo, élu meilleur joueur du tournoi et de la finale, qui a trouvé le poteau gauche (95e). La Côte d'Ivoire quitte la CAN sans encaisser un seul but. Et sans le trophée.
Tirs au but réussis pour la Zambie: C. Katongo, Mayuka, Chansa, F. Katongo, Mweene, Sinkala, Lungu, Sunzu
Tir au but raté pour la Zambie: Kalaba
Tirs au but réussis pour la Côte d'Ivoire: Tioté, Bony, Bamba, Gradel, Drogba, Tiéné, Ya Konan
Tirs au but ratés pour la Côte d'Ivoire: K. Touré, Gervinho
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.