Le Maroc perd la CAN...et le droit d'y participer
Compétition cherche pays hôte! Voilà à quoi pourrait ressembler la petite annonce pour la CAN 2015. La Coupe d'Afrique qui devait se tenir au Maroc du 17 janvier au 8 février prochain est pour l'instant une compétition sans pays organisateur depuis l'annonce de la décision de la CAF. L'organisme du football africain a décidé de retirer l'organisation au Maroc, puis de l'exclure. Le Maroc avait demandé à plusieurs reprises à la CAF le report de la CAN à cause de l'épidémie d'Ebola, ce que l'instance suprême du football africain a toujours refusé. La sanction est donc tombée ce mardi lors d'un Comité Exécutif après un mois de bras de fer.
Un report aurait porté "un coup mortel au football africain", a souligné sur France24 Issa Hayatou. "Il y va de la crédibilité de la Confédération. Ils ont naturellement dit que c'est pour des raisons d'Ebola. Mais quand on voit aussi que le Maroc est en train d'organiser le Championnat du monde des clubs, 25 jours seulement avant la CAN, c'est un argument qui est vite effacé", a expliqué le président de la CAF tout en excluant "une coorgansiation". Lors de ce Comité exécutif, la CAF a jugé que le maintien par le Maroc de sa demande de report équivalait à un "refus d'organiser la compétition aux dates indiquées". "La CAN n'aura pas lieu au Maroc" et cette équipe nationale est "automatiquement disqualifiée", a-t-elle tranché.
Une piste... au Qatar?
Quel pays sera en mesure de remplacer le Maroc au pied levé, aussi près de l'échéance? Une source interne à la CAF, qui souhaite garder l'anonymat, a indiqué à l'AFP que trois pays au maximum pourraient être sur les rangs, dont l'Angola et le Gabon. L'Angola avait organisé la compétition en 2010. Une édition endeuillée par l'attaque contre la délégation togolaise par des séparatistes, le 8 janvier 2010 à Cabinda, qui avait fait deux morts. Le Gabon a coorganisé l'édition 2012 avec la Guinée équatoriale. D'autres pays ont parfois été cités comme des solutions possibles: le Nigeria, où le contexte sécuritaire est cependant tendu, voire l'Egypte, où la CAF a son siège et qui dispose des infrastructures. Une autre piste, étonnante, a été évoquée par le quotidien L'Equipe et la radio tunisienne Shems FM: la Coupe d'Afrique des nations pourrait se tenir en... Asie, au Qatar, hôte controversé du Mondial-2022. Ce pays aurait là l'occasion de montrer au monde ses compétences en matière d'organisation d'événements. Pays-hôte de la Coupe du monde 2010, l'Afrique du Sud avait fait savoir fin octobre qu'elle n'était pas intéressée, pour des raisons budgétaires.
"Le Comité exécutif a pris note de la réception, le 10 novembre, de quelques candidatures d'associations nationales confirmant leur souhait d'organiser la compétition 2015 aux dates arrêtées", s'est bornée à affirmer la CAF dans un communiqué publié sur son site internet. "Ces candidatures sont actuellement à l'étude, le Comité exécutif finalisera la sélection de l'association nationale retenue sous peu, et confirmera le lieu et la date du tirage au sort de la phase finale par la même occasion", poursuit le texte. "La décision sera finalisée dans les prochains jours", a précisé à l'AFP le porte-parole de la CAF, Junior Binyam, à la sortie de la réunion.
D'autres sanctions pour le Maroc?
Pour le Maroc, la sentence est lourde. L'exclusion de la compétition donc qui pourrait également être suivie de sanctions financières, comme l'a laissé entendre le communiqué de la CAF. Elle a prévenu qu'elle "appliquerait ultérieurement les dispositions règlementaires qui s'imposent, suite au non-respect par la Fédération royale marocaine de football des clauses réglementaires et contractuelles" liées à l'organisation de la compétition. Des accusations qui, au Maroc, ne passent pas. "Le Maroc n'a pas refusé d'organiser la CAN" et n'a "pas failli à ses engagements", a répliqué le ministre des Sports marocain, Mohammed Ouzzine, interrogé lors d'une séance de questions au Parlement. "Tout pays a le droit de prendre des précautions pour garantir la sécurité de ses citoyens", a martelé le ministre, assurant que le Maroc était désormais "prêt à tous les scénarios".
Cette décision de la CAF est l'épilogue d'un long feuilleton qui aura vu le Maroc faire plusieurs demandes de reports. Une première le 10 octobre devant la propagation du virus Ebola, qui a fait près de 5.000 morts, essentiellement dans trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone). La nouvelle demande, après la fin de l'ultimatum fixé par la CAF le 8 novembre dernier, qui réclamait un délai d'un an, jusqu'à janvier 2016, en raison selon lui d'un "cas de force majeure sanitaire", a poussé la CAF a tranché dans le vif. On devrait connaître le remplaçant dans les prochains jours. Une chose est sûre, la 30e CAN ne sera pas au Maroc.
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