Les Éléphants règnent à nouveau sur l'Afrique
Devant un stade à peine plein, les Ivoiriens ont pu triompher comme en 1992, face au même adversaire et également à l'issue d'une séance de tirs au but interminable (0-0, 11-10 t.a.b.). Cette cruelle séance a notamment été marquée par les crampes du gardien ivoirien, Copa Barry, qui a peut-être déstabilisé ses adversaires. Et c'est précisément lui qui après avoir arrêté deux tirs, a offert le titre aux Eléphants en marquant le but décisif. Après leurs échecs lors des finales 2006 et 2012, les Ivoiriens triomphent 23 ans après leur dernier titre. Hervé Renard remporte ainsi sa deuxième Coupe d'Afrique des nations, trois ans après son succès retentissant avec la Zambie. A noter que contrairement à la demi-finale ayant opposée le Ghana à la Guinée Equatoriale, aucun incident n'a émaillé cette finale.
Andre Ayew avait du mal à contenir ses larmes. Les deux premiers tireurs ivoiriens Bony et Tallo ont raté leur frappe et le Ghana menait 2-0 grâce à Wakaso et Jordan Ayew, mais les Eléphants ont égalisé par Aurier et Doumbia alors que les Ghanéens Acquah et Archeampong rataient à leur tour. C'est alors que le gardien ivoirien Barry se disait victime de crampes avant le 5e tir ! Les capitaines Andre Ayew et Yaya Touré marquaient et on allait à la mort subite. Et c'est le duel entre gardiens qui a tranché, quand l'Ivoirien Barry a arrêté le tir de son homologue Razak Braimah, et réussissait le sien. Une belle revanche, un clin d'oeil du destin pour le portier des Eléphants qui avait dû s'incliner en 2006 et 2012, et qui n'a joué la finale dominical que parce que le titulaire habituel Gbohouo s'est blessé !
Il fallait cette séance pour donner du piment à une finale qui en fut singulièrement dépourvue. La peur de se livrer: sous une pluie fine ininterrompue, le match a patiné, avec des joueurs manifestement crispés par l'enjeu. Les défenseurs ont pris le pas sur les attaquants, à tacler proprement, à tout intercepter et dégager, plus saignants. Cet attentisme offensif a du coup débouché sur un nombre minimal d'occasion. Il y eut les poteaux trouvés par la frappe puissante d'Atsu (26e) et le centre-tir d'Andre Ayew (36e), et c'est tout! Les attaquants ivoiriens étaient méconnaissables: Gradel inexistant, et remplacé par Doumbia (67e), Gervinho auteur d'une poignée de chevauchées rapidement avortées, et rarement bien servi; Bony remiseur, dos au but, jamais en face, jamais dangereux.
Côté ghanéen, pas mieux. Andre Ayew, s'il a beaucoup défendu, n'a pas apporté offensivement, et Gyan ne s'est illustré que par deux ratés grossiers (53e, 72e). Un seul joueur au-dessus, Atsu: par ses débordements et ses bons centres, le rapide ailier a semé quelques frissons dans la morne plaine du rectangle vert. Yaya Touré était l'ombre de lui-même, sans aucun impact, lent et discret, et même imprécis. Rien d'un quadruple meilleur joueur africain en titre. "Ce genre de joueurs fantastiques sont toujours prêts pour les matches importants", avait dit son cornac Renard. Voire... Le préposé aux tâches obscures à ses côtés, Serey Die, a été bien plus précieux, malgré son avertissement précoce. Les Black Stars ont tenté leur chance de loin en seconde période, sans attraper le cadre, et les Ivoiriens auraient pu faire le coup parfait si Doumbia avait été plus prompt que Mensah sur un renvoi du gardien ghanéen (90e). Les tirs au but allaient décider du sort. Et les Eléphants y auront été meilleurs.
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