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Foot : six anecdotes croustillantes sur les derniers jours du mercato

Derrière la frénésie du marché des transferts, quelques histoires de loupés ou de magouilles du dernier jour du mercato.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
L'attaquant coréen d'Arsenal Park Chu-young fête son but contre les Bolton Wanderers en 4e tour de la Coupe de la Ligue, le 25 octobre 2011, à l'Emirates Stadium de Londres. (IAN KINGTON / AFP)

D'ici quelques heures, les présidents de clubs, joueurs, agents et entraîneurs pourront reprendre une activité normale. Ce jeudi 31 août marque le dernier jour du marché des transferts, la grande bourse aux footballeurs, pour les clubs français. Et durant les dernières 24 heures du "mercato" d'été, personne ne dort et tout le monde vit son portable collé à l'oreille de peur de rater la bonne affaire. "C'est comme le dernier jour des soldes, où toutes les nanas s'étripent pour la dernière paire de chaussures", résume l'agent Jennifer Mendelewitsch, citée par SoFoot. Combien de transferts négociés à quelques heures des douze coups de minuit ont vraiment changé la face du football ? Bien peu. Par contre, ces derniers instants ont donné lieu à quelques jolies anecdotes. 

Le jour où Manchester City a recruté sans le faire exprès

A l'époque, Manchester City n'a pas été racheté par un cheikh émirati richissime, et cherche à consolider sa place en Premier League. Le coach de l'époque jette son dévolu sur Benjani, attaquant de Portsmouth passé notamment par Auxerre. L'affaire est conclue le dernier jour du mercato, et le Zimbabwéen se rue à l'aéroport pour poser avec son nouveau maillot dans le nord de l'Angleterre. Les dirigeants de City attendent l'attaquant... qui n'arrive pas. Un avion, deux avions atterrissent, sans Benjani. Ce dernier s'est tout simplement endormi sur un siège. Il n'arrive qu'à 23 heures dans sa nouvelle ville. Pendant ce temps, les dirigeants de City ont changé d'avis, craignant que ses blessures récurrentes au genou ne fassent pas du joueur une si bonne affaire, raconte la BBC (en anglais)

Au point qu'un porte-parole du club démentira le transfert : "Nous n'avons pas réussi à boucler l'affaire avant minuit." Erreur ! Quatre jours plus tard, la Premier League annonce qu'elle a bien reçu tous les documents et que le transfert est validé. Pour se faire pardonner, Benjani marquera pour son premier match contre l'ennemi juré, Manchester United. Et, peu après, se blessera au genou. Il quittera le club deux ans plus tard, en n'y ayant marqué que deux buts. 

Le jour où la neige et un fax récalcitrant ont failli compromettre un transfert à Arsenal

L'attaquant d'Arsenal Andreï Archavine lors d'un de ses premiers matchs sous le maillot du club londonien, le 21 février 2009.  (PAUL ELLIS / AFP)

Les négociations s'annonçaient rock'n'roll avec le club de l'international russe Andreï Archavine, le Zénith Saint-Pétersbourg, propriété de Gazprom. "Le type avec qui on négociait venait de couper l'approvisionnement en gaz de la République tchèque la semaine précédente, sourit l'agent du joueur, Jon Smith, dans une interview à BT Sport (en anglais)

Les négociations traînent jusqu'aux dernières minutes de la dernière journée du mercato d'hiver 2009, quand l'agent du joueur décide de s'asseoir sur sa commission pour débloquer les choses. Il reste une poignée de secondes, et les représentants du club russe, coincés en Russie à cause d'abondantes chutes de neige qui paralysent le trafic aérien, n'arrivent pas à faxer le document signé au club anglais. Ils finissent par l'envoyer par mail avec la mention "Accepté" à huit secondes de la clôture du marché. 

Mais il n'y a personne à la Ligue anglaise pour homologuer le contrat, chutes de neige obligent. Ce n'est que deux jours plus tard qu'Arsenal pourra officialiser le transfert. La première interview du joueur russe est donc surréaliste, relate The Independent (en anglais). 

"Êtes-vous un joueur d'Arsenal ?
- Euuh... je crois."

Le jour où le fax est arrivé quatre minutes trop tard

L'attaquant portugais Yannick Djalo pensait avoir donné un nouvel élan à sa carrière en signant pour l'OGC Nice, le dernier jour du mercato 2011. Problème : les dirigeants niçois ont saisi l'arrivée du joueur dans le logiciel de la Fifa trop tard. Ils ont cliqué sur "enregistrer" à 0h04. Mais le dirigeant niçois Julien Fournier, cité par le site Foot365, assure avoir validé la transaction à 23h56 : "Le transfert s’est matérialisé avant minuit et la Ligue en a attesté. Mais sur un transfert international, il y a effectivement une saisie supplémentaire sur le TMS, le logiciel de la Fifa. C’est cette procédure qui nous a mis en retard de quatre minutes." 

Deux cent quarante secondes d'écart qui vont donner lieu... à quatre ans de bataille judiciaire. Le joueur se retrouve au milieu d'un conflit inextricable entre l'OGC Nice et le Sporting Portugal, qui s'accusent mutuellement d'avoir fait capoter la transaction, et reste six mois sans jouer. En 2015, Nice verse 800 000 euros au club portugais pour arrêter la procédure. La carrière de l'attaquant, qualifié de "futur meilleur buteur de la sélection portugaise", ne s'en est jamais remise. Il végète aujourd'hui dans un club américain.

Le jour où l'entraîneur du PSG a vomi après un transfert

L'entraîneur Vahid Halilhodzic et le joueur Fabrice Fiorèse sous les couleurs du Paris Saint-Germain, le 28 avril 2004 à Nantes. (MAXPPP)

"Cette nuit, quand je suis rentré chez moi à 1 heure du matin, je vous le dis franchement, j'ai vomi." Confidence du – redoutable – "coach Vahid", alors en charge du PSG. L'objet de son courroux ? Le transfert de son attaquant Fabrice Fiorèse, au dernier jour du mercato, chez l'ennemi juré marseillais. Le joueur commence sa manœuvre une semaine avant la clôture du mercato et débute un bras de fer pour obtenir un départ... alors que son salaire vient d'être doublé. Après cinq jours, il fait son mea culpa dans le bureau de son président. Son agent déclare au Parisien : "Le PSG s'est bien comporté avec Fabrice. Il est de l'intérêt des deux parties qu'elles continuent ensemble." Ses équipiers croient à son changement d'humeur, et obtiennent même sa réintégration dans l'équipe. Et pourtant, dans le plus grand secret, Fiorèse se met d'accord avec l'OM.

Le soir même, le club phocéen fait une offre de transfert au PSG, qui l'accepte après avoir fait monter les enchères. Le lendemain, Fabrice Fiorèse pose pour les photographes à Marseille, en confiant : "L'OM a toujours été le club de mes rêves." La saison précédente, sous le maillot du PSG, il avait craché sur les supporters olympiens au Vélodrome…

Le jour où David Beckham a fait diversion

29 janvier 2013 : France Football publie une longue enquête détaillant les coulisses de l'attribution du Mondial 2022 au Qatar et ses à-côtés peu reluisants. Deux jours plus tard, le PSG – qui appartient à l'émir du Qatar – arrache la signature de David Beckham. Vous avez dit hasard ? Les journalistes Philippe Auclair et Eric Champel, auteurs du livre Fifagate, écrivent "contre-feu". "Le transfert a été négocié dans le plus grand secret, mais surtout dans une urgence absolue." Il fallait faire diversion. Lors de la présentation officielle du Spice Boy – qui ne jouera qu'une poignée de matchs à Paris –, un journaliste pose la question qui fâche. Réponse sèche de Nasser Al-Khelaïfi, patron du club : "Il s’agit de la conférence de presse de David Beckham. Je ne parle que de David Beckham."

David Beckham (à gauche) aux côtés de Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, et Leonardo, le directeur sportif, le 31 janvier 2013, au Parc des Princes.  (BENJAMIN GIRETTE / AP / SIPA)

Le jour où un joueur promis à Lille s'est enfui en Eurostar

Le 27 août 2011 reste un jour noir pour les supporters de Lille. Ce matin-là, les dirigeant des Dogues venaient chercher la star coréenne Park Chu-young dans sa chambre d'hôtel. Au programme, sa visite médicale puis la signature de son juteux contrat à 200 000 euros mensuels. Les négociations durent depuis des semaines, et le temps presse : le mercato se termine dans quatre jours.

Surprise ! La chambre d'hôtel est vide. Le joueur coréen a été discrètement exfiltré vers Londres, où Arsenal négocie en secret avec lui. Un trajet d'Eurostar plus tard, et Arsène Wenger accueille son nouvel attaquant. Le président du club lillois, Michel Seydoux, écume de rage dans L'Equipe : "On est sidérés par ce comportement inacceptable au niveau des qualités humaines. Cela montre bien que ce joueur n'avait rien à faire au LOSC." Comme il y a une justice, le joueur ne s'imposera jamais à Arsenal, et est depuis retourné au bercail après un passage par le championnat saoudien.

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