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Cinq bonnes raisons de ne pas enterrer Manchester United

Largués en championnat, les Red Devils doivent remonter un handicap de deux buts face à l'Olympiakos en 8e de finale de Ligue des champions. Même s'ils échouent, ce n'est pas la fin du club mancunien.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Wayne Rooney, l'attaquant de Manchester United, le 8 mars 2014 contre Birmingham. (SIPANY/SIPA / SIPA USA)

"Je savais que la tâche serait difficile", a reconnu David Moyes, l'entraîneur de Manchester United dans le Guardian (article en anglais). Le manager écossais, arrivé en début de saison pour succéder au légendaire Alex Ferguson, mesure pleinement la difficulté de sa tâche : Manchester United joue mal, se traîne à une piteuse 7e place en championnat, et est au bord du précipice en Ligue des champions, après avoir concédé une défaite 2-0 chez les Grecs de l'Olympiakos, qui ne font peur à personne.


Alors que le match retour se déroule mercredi 19 mars, il y a pourtant des raisons d'espérer.

1 Les chiffres parlent (encore) pour United

Une grande partie du bilan de David Moyes est conditionnée au résultat de Ligue des champions : or, l'Olympiakos, lorsqu'il joue en Grande-Bretagne, ne représente pas une menace considérable. En sept matchs, les Grecs ont perdu sept fois, en encaissant à chaque fois au moins deux buts... 

2 L'entraîneur a encore des cheveux

En huit petits mois à la tête du club, David Moyes a l'air d'avoir pris dix ans. On constate aussi ce phénomène chez les chefs d'Etat (Barack Obama n'en est que le dernier exemple). Teint gris, œil dans le vide et poche sous les yeux, David Moyes n'apparaît pas comme un meneur d'hommes conquérant au premier abord. 

Entraîner United, c'est usant. Demandez à Wilf McGuinness, qui a eu la lourde tâche de succéder à Matt Busby, qui avait entre autres ramené la Ligue des champions à Manchester, en 1969. "J'ai entraîné United pendant quatre saisons : l'été, l'automne, l'hiver et le printemps, déclare-t-il avec humour à la BBC (en anglais). Pendant ce court séjour de 18 mois sur le banc, il a perdu tous ses cheveux. "Je me suis demandé si je n'allais pas attaquer le club pour ça", ironise-t-il. Finalement, David Moyes n'est pas au bout du rouleau...

3 Le club est toujours une cash-machine

Le club avait budgété en début de saison une 3e place en championnat et un quart de finale de Ligue des champions. Les deux objectifs apparaissent difficiles à tenir.

En revanche, niveau financier, tout marche comme sur des roulettes. Le club aux 650 millions de supporters a battu tous les records de partenariats financiers. A partir de la saison prochaine, ses différents sponsors maillot lui rapporteront 150 millions d'euros, record du monde, relève le Daily Express (en anglais). De quoi tenir une saison sans les ressources substantielles de la Ligue des champions. Les propriétaires du club ont laissé entendre qu'il y aurait une enveloppe substantielle pour acheter de nouveaux joueurs à l'intersaison (on parle du milieu du Bayern Toni Kroos).

4 A Manchester, on sait qu'il ne faut pas se moquer d'un entraîneur à terre

On appelle ça la jurisprudence Alex Ferguson. Quand il reprend le club, en 1986, United est au bord de la relégation. Il parvient à sauver le club, mais les premières saisons sont poussives. En 1988, le journaliste britannique Brian Marriott se fend d'un éditorial assassin, titré "Fergie must go" : "United ne gagnera jamais rien tant qu'il demeurera manager du club." Treize titres de champion d'Angleterre et deux Ligues des champions : Ferguson lui a donné tort dans les grandes largeurs.

Contempteurs de David Moyes, méfiez-vous. La presse britannique a aussi retrouvé l'auteur d'une banderole "Ta ra Fergie" (une référence à la série Coronation Street, en gros "Dégage Ferguson") en 1989. Pete Molyneux, authentique amoureux du club, raconte son geste au Guardian (en anglais) "Je tremblais comme une feuille. J'aime le club, et j'avais peur que les gens se retournent contre moi. Mais la réaction a été incroyable, comme un effet domino. J'ai été applaudi, acclamé." Quelques années plus tard, il regrette bien évidemment son geste. "J'étais frustré", se justifie-t-il. 

Moralité : il faut peut-être attendre un peu avant de juger David Moyes, qui avait demandé "dix-huit mois, peut-être deux ans, pour changer les choses", dans France Football en début de saison. Il a récidivé dans un courrier adressé aux supporters du club : "C’est facile de supporter votre équipe lorsqu’elle gagne, mais bien plus dur quand les choses ne se passent pas bien. La loyauté que vous avez affichée est magnifique."

5Le principal responsable des déboires du club... n'est plus au club

Les supporters de Manchester United les plus virulents brandissent des pancartes "Moyes out !" ("Moyes dehors" en VF), piratent le compte Twitter du club, mais la majorité silencieuse a choisi son camp. D'après un sondage mené par le fanzine Red Issue, 40,5% des sondés estiment que le principal responsable de la situation actuelle est Sir Alex Ferguson. Pour n'avoir pas recruté pendant ses dernières années, pour avoir refilé à son successeur une équipe de joueurs vieillissants et/ou démotivés... et pour être encore présent à tous les matchs, dans les tribunes, avec une caméra braquée sur lui en permanence pour guetter ses réactions.

"Quel est l’intérêt pour lui d’avoir pris sa retraite ? a tweeté le médiatique joueur des Queen's Park Rangers Joey Barton. Il est à tous les matchs. Pars en vacances. Joue au golf. Passe du temps avec ta famille. Ferguson est là, tapi dans l'ombre comme la grande faucheuse, pour revenir en sauveur."

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