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Le patron du foot brésilien mis à pied pour harcèlement sexuel, énième écueil pour la Copa América

Alors que la tenue de la Copa América (13 juin-10 juillet) au Brésil fait polémique, le patron du football auriverde a été suspendu pour harcèlement sexuel, dimanche.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 5min
L'ancien joueur brésilien Juninho Paulista présente le trophée de la Copa América, à Carthagène (Colombie), le 3 décembre 2019. (JUAN BARRETO / AFP)

La Copa América ne cesse de faire parler. Après le Covid-19 en Argentine, des émeutes en Colombie, une relocalisation très controversée au Brésil, elle doit désormais faire face à la suspension du patron du football local pour harcèlement sexuel.

La nouvelle est tombée dimanche, quand la Confédération brésilienne de foot (CBF) a annoncé la mise à pied de son président. "La CBF informe qu'elle a reçu dimanche après-midi la décision de la commission d'éthique du football brésilien suspendant temporairement (pour une période initiale de 30 jours) le président Rogerio Caboclo de l'exercice de ses fonctions", a indiqué la Fédération dans un communiqué.

Caboclo, 48 ans, a été dénoncé vendredi à la Commission d'éthique par une employée de la CBF, qui l'accuse de plusieurs épisodes de harcèlement sexuel et moral ces derniers mois, selon Globo Esporte.

Le président de la CBF, qui risque une amende, une destitution, voire une interdiction de participer à toute activité liée au football, sans parler d'éventuelles poursuites pénales, clame son innocence. Il quittera néanmoins ses fonctions une semaine avant le début de la Copa América, et sera remplacé par le vice-président Antonio Carlos Nunes de Lima, a déclaré la CBF.

La Copa América de nouveau menacée d'annulation

Son départ résonne comme un nouveau coup de semonce pour le tournoi, dont Caboclo était le principal artisan de la tenue au Brésil. Il confirme aussi que la Copa América, si elle réussit à se tenir, sera une miraculée tant les écueils auront été nombreux.

Initialement, elle devait avoir lieu un an plus tôt, co-organisée pour la première fois par deux pays, la Colombie et l'Argentine, avant d'être reportée par la pandémie. Reprogrammée du 13 juin au 10 juillet prochain, la compétition a vu les vents contraires se déchaîner ces dernières semaines, quand elle a coup sur coup perdu ses deux co-organisateurs.

La Colombie, confrontée à une intense fronde sociale, qui a fait des dizaines de morts, a d'abord invoqué le coronavirus pour demander un report de la compétition, que lui a refusé la Conmebol, la Confédération sud-américaine de football. Puis, l'Argentine a elle aussi renoncé pour des raisons sanitaires, alors que la pandémie bat des records dans le pays (plus de 80 000 morts).

À la surprise générale, la Conmebol a alors désigné le Brésil pour suppléer ses deux voisins, alors que le géant sud-américain est le deuxième pays au monde en termes de nombre de morts du coronavirus (plus de 470 000 décès), après les Etats-Unis. La décision a provoqué une onde de choc au Brésil, certains experts craignant que l'organisation de la compétition dans de telles circonstances ne contribue à une "recrudescence de la pandémie".

Suarez, Casemiro, Tite... le vent du boycott souffle fort

Les footballeurs eux-mêmes n'ont pas caché leur désarroi. Plusieurs stars d'autres pays sud-américains, comme l'Uruguayen Luis Suarez, se sont déjà manifestées contre la tenue de cette Copa América. Des rumeurs de boycott ont aussi commencé à surgir du côté de la sélection brésilienne. "Nous allons en parler après le match contre le Paraguay, mardi (qui compte pour les éliminatoires du Mondial 2022). Nous ne voulons pas dévier de notre objectif, qui pour nous est la Coupe du monde", avait déclaré le capitaine, Casemiro, vendredi.

La veille, le sélectionneur Tite avait affirmé avoir une opinion "très claire" sur le sujet, qu'il exprimerait lui aussi l'issue de la rencontre contre le Paraguay. Plusieurs médias indiquent que le technicien pourrait présenter sa démission du fait de l'organisation du tournoi dans son pays.

Le sénateur Flavio Bolsonaro, fils aîné du président brésilien, a de son côté intimé dimanche aux joueurs de la Seleçao ne pas boycotter la Copa América. "Je veux lancer un appel spécial aux joueurs de la sélection brésilienne: ne vous laissez pas manipuler (...) Je compte sur vous pour éviter ce boycott", a-il déclaré dans une vidéo publiée sur Instagram. "C'est à vous de donner un peu d'espoir et de joie à notre population."

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