Une Copa America centenaire placée sous le signe des affaires
Le doyen des tournois continentaux vit avec son temps: pour la première fois dans sa longue histoire, il a quitté l'Amérique du Sud pour partir à l'assaut des Etats-Unis, éternelle terre de mission du football. En plus des dix équipes sud-américaines habituellement en lice, la "Copa America Centenario" a convié six sélections venues de la zone Concacaf les Etats-Unis, le Mexique, le Costa Rica, Haïti, Panama et le Jamaïque. Pour l'accueillir, les Etats-Unis, vingt-deux ans après le Mondial-1994, ont mis les petits plats dans les grands avec dix stades ultra-modernes utilisés en temps normal par les grands noms du football américain.
Mais cette Copa 2016 a bien failli être annulée en raison de l'implication de plusieurs dirigeants nord et sud-américains dans le retentissant scandale de la Fifa. Hasard du calendrier, Jeffrey Webb et Eugenio Figueredo, anciens patrons de la Concacaf (Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes) et de la Conmebol (Amérique du Sud) et grands ordonnateurs de ce tournoi exceptionnel, comparaîtront devant la justice américaine vendredi, quelques heures seulement avant le coup d'envoi entre les Etats-Unis et la Colombie à Santa Clara (Californie).
Malversations et fraude
Ils sont accusés de malversations, fraude, racket et enrichissements personnels entre 2012 et 2014 pour l'attribution de contrats de diffusion et de marketing dans le cadre de cette Copa 2016. Sur les terrains, le tournoi s'annonce palpitant avec un grand favori, l'Argentine de Lionel Messi, qui a pris la fâcheuse habitude de rater ses grands rendez-vous. L'Argentine attend un trophée depuis 23 ans et son sacre dans la Copa America 1993: l'Albiceleste a atteint la finale du dernier Mondial, en 2014 au Brésil, et de la dernière Copa America, en 2015 au Chili, mais a trébuché sur la dernière marche.
"On est passé très près en 2014 et 2015, je crois que nous méritons un titre", a estimé Messi qui, à 28 ans, a tout gagné avec le FC Barcelone, dont huit titres de champion d'Espagne, quatre éditions de la Ligue des champions et cinq Ballons d'or. L'Argentine croisera la route dès la phase de poules du Chili qui l'a battue en finale de la Copa 2015 aux tirs au but (0-0 a.p., 4 tab à 1), tandis que le Panama et la Bolivie complétent le groupe D.
L'épouvantail mexicain
Autre cador du football sud-américain qui court après un titre depuis longtemps, le Brésil. Deux ans après sa déroute à domicile et le traumatisme infligée par l'Allemagne (7-1 en demi-finales), la Selaçao est toujours en quête de rachat: en l'absence de Neymar qui se réserve pour le tournoi olympique des JO-2016 de Rio et après une cascade de forfaits dont celui de Kaka, le jeune attaquant de Santos Gabriel est très attendu. Le Brésil, éliminé en quarts de finale par le Paraguay de l'édition 2015, a été épargné par le tirage au sort avec l'Equateur, le Pérou et Haïti pour lancer sa campagne américaine.
En revanche, les Etats-Unis n'ont pas été gâtés avec une entrée en matière contre la Colombie de James Rodriguez, le Paraguay, demi-finaliste en 2015, et le Costa Rica, quart-de-finale du Mondial-2014. Jürgen Klinsmann, le sélectionneur allemand de Team USA, joue gros après avoir dilapidé son crédit lors de la Gold Cup 2015 organisé aux Etats-Unis, le rendez-vous majeur de la zone Concacaf, avec une très décevante 4e place. Enfin, Luis Suarez disputera avec l'Uruguay son premier tournoi depuis le Mondial-2014 qu'il avait quitté prématurément après avoir mordu un adversaire. L'attaquant du FC Barcelone, touché à une cuisse, aura fort à faire face au Mexique, épouvantail de ce tournoi, beaucoup moins face au Venezuela et à la Jamaïque.
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