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Crise à la Fifa : qui soutient encore Blatter ?

Sa réélection à la tête de l'instance dirigeante du foot mondial, lors du scrutin de vendredi, pourrait être compromise par le scandale de corruption qui secoue l'organisation.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le président de la Fifa, Joseph Blatter, le 21 mars 2014 au siège de l'organisation à Zurich (Suisse). (MICHAEL BUHOLZER / AFP)

Joseph Blatter aime à se présenter comme un "capitaine qui ne quitte pas le navire en mer agitée". Et le président de la Fifa a bien l'intention de rester à la barre, alors qu'une tempête sans précédent secoue l'instance dirigeante du football mondial. A 79 ans, "Sepp" espère être réélu, vendredi 29 mai pour un cinquième mandat.

Mais sa réélection, qui passait il y a deux jours encore pour acquise, pourrait être compromise par l'offensive lancée par les justices suisse et américaine et le scandale de corruption qu'elle a déclenché. Malgré l'ouragan, le vote est maintenu. A la veille du scrutin, francetv info examine donc le rapport de force.

Un électorat conservateur plutôt favorable à Blatter

Le seul adversaire en lice face au quasi-octogénaire Sepp Blatter est le prince Ali, de son nom complet Ali Bin Al-Hussein, l'un de ses vice-présidents. Ce richissime Jordanien de 39 ans allait à une défaite quasi-certaine, mais il pourrait profiter des derniers évènements. Celui qui a le rang de général dans l'armée jordanienne a en effet basé toute sa campagne sur l'intégrité à restaurer à la Fifa quand le Suisse Blatter, lui, a capitalisé sur son bilan.

Il reste quelques heures au prince Ali pour convaincre qu'il incarne vraiment "le changement", comme il l'avait dit mardi devant les membres de la Concacaf, la Confédération d'Amérique du Nord, centrale et caraïbes, frappée de plein fouet par les actions judiciaires menées jeudi. Les cartes sont donc rebattues. Mais l'électorat de la Fifa est majoritairement conservateur, et un de ses réflexes face au chaos pourrait être de réélire Blatter. Comme lors des élections de 2002 et 2011.

La base de l'élection est simple : 1 voix pour chacune des 209 fédérations. L'UEFA compte 54 membres mais ne dispose que de 53 voix, Gibraltar n'étant pas reconnu par la Fifa. L'Afrique possède 54 voix, l'Asie 46, la Concacaf (Amérique du nord, centrale et Caraïbes) 35, l'Océanie 11 et l'Amérique du sud 10. Pour l'heure, seules les deux premières ont arrêté une position officielle.

L'UEFA veut en finir avec l'ère Blatter

La position de la fédération européenne est on ne peut plus claire. Elle a été rappelée par son président, Michel Platini, jeudi après-midi lors d'une conférence de presse depuis le siège de la Fifa à Zurich. Michel Platini a indiqué qu'il avait rencontré Sepp Blatter en tête-à-tête et qu'il lui avait demandé "de démissionner""Dépité, écœuré" par la situation, la légende du ballon rond a argué que "changer de président, était la seule façon de changer la Fifa".

L'ancien triple Ballon d'Or a assuré qu'"une très grande majorité des fédérations européennes va voter Ali". Et l'ex-meneur des Bleus a appelé les autres fédérations non européennes à les imiter. "Platoche" pense que Blatter "peut être battu". Problème, l'UEFA ne pèse qu'un peu plus d'un quart des voix. Et pour le moment, celles-ci ne sont pas même toutes acquises au prince Ali.

L'Afrique soutient le président sortant mais...

La Confédération africaine de football (Caf) a réitéré son soutien au président en exercice, dès mercredi. Seul bémol, elle laisse ses membres libres de leur vote, comme l'a précisé, sous couvert d'anonymat, un responsable d'une fédération africaine, à l'issue d'une réunion de la Caf à Zurich à la veille de l'ouverture du 65e congrès de la Fifa. Même si la CAF vote habituellement en bloc en faveur de Sepp Blatter, "ce qui est arrivé ce matin peut rebattre les cartes pour l'élection", a ajouté ce responsable.

Reste que Sepp Blatter est toujours très populaire auprès des dirigeants du foot africain. "Il y a beaucoup de raisons de croire que la Fifa a fait beaucoup de bien à l'Afrique. C'est une institution respectable car elle donne la parole à chaque pays et a fait beaucoup en termes de développement pour l'Afrique", a souligné ce responsable africain. Avec 54 voix sur 209, cette confédération est certes le plus large contingent électoral de la Fifa, mais elle ne pèse qu'un quart des voix environ. Le suspense reste donc entier.

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