Michel Platini est-il le meilleur candidat pour prendre la tête de la Fifa ?
Le Français, jusqu'à présent à la tête de l'UEFA, a officialisé sa candidature à la succession de Sepp Blatter.
Le suspense n'aura pas duré bien longtemps. Michel Platini s'est porté candidat mercredi 29 juillet à la présidence de la Fifa. Le président de l'UEFA, âgé de 60 ans, a officialisé sa décision dans une lettre aux 209 fédérations membres de la Fifa, rendue publique par l'instance européenne.
Le "Platoche" que les Français adulaient pendant sa carrière de joueur est-il le meilleur candidat pour prendre la tête de la fédération internationale de foot, empêtrée dans un immense scandale de corruption ? En attendant l'élection le 26 février, francetv info pèse le pour et le contre.
Oui, car son expérience le rend légitime
Depuis son élection en janvier 2007 à la tête de l'UEFA, qui regroupe et représente les fédérations nationales de toute l'Europe, Michel Platini a mis en œuvre des réformes ambitieuses qui ont fait de lui un dirigeant respecté. Sous sa présidence, l'UEFA a ainsi adopté la fameuse règle du fair-play financier. Celui-ci empêche les clubs européens de dépenser plus d'argent qu'ils n'en gagnent, au risque de sanctions allant de la limitation de recrutement de nouveaux joueurs jusqu'à l'exclusion des compétitions internationales. Le PSG ou le Dynamo Moscou de Mathieu Valbuena, qui ont goûté à ces punitions, peuvent témoigner de leur caractère sérieux.
Michel Platini a également mis en place un élargissement de la Ligue des champions aux nations moins prestigieuses, et a étendu le nombre de pays participants à l'Euro de 16 à 24. De quoi se faire réélire, à chaque fois par acclamation, en 2011 et en 2015.
Oui, car il a su se faire des alliés de poids
Alors qu'il a été son conseiller spécial, et qu'il a contribué à le faire élire à la tête de la Fifa en 1998, Michel Platini est devenu au fil des ans le principal opposant de Sepp Blatter. Signe de leur rivalité, le Suisse, devenu le visage d'une institution entachée de soupçons de corruption, a souhaité "bonne chance à tous les candidats [à sa succession], y compris Michel Platini" au moment de l'officialisaiton de son départ.
Mais, avant de sortir du bois, le Français a ménagé l'incertitude et pris le temps de sonder les différentes Confédérations qui composent la Fifa avant de se lancer dans la course. Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, il peut d'ores et déjà compter sur le soutien de quatre des six Confédérations, à l'exception de l'Afrique (CAF) et de l'Océanie (OCF).
Oui, car c'est à peu près le seul
"Platoche" n'a de toute façon pas grand-chose à craindre des candidats déjà déclarés. L'ancienne légende brésilienne Zico, surnommé le "Pelé blanc" du temps de sa splendeur, ne dispose d'aucune assise au sein des instances internationales. Le président de la Fédération libérienne de football, Musa Bility, est inconnu hors des cercles africains. L'option Diego Maradona, qui s'est déclaré intéressé, est quant à elle totalement farfelue.
Reste l'inconnue du prince jordanien Ali Bin Hussein. Opposant malheureux de Sepp Blatter en mai et soutenu à l'époque par Michel Platini, il s'était dit "prêt" à retenter sa chance lors du nouveau scrutin. Mais, alors que les observateurs s'attendaient à le voir se ranger derrière le Français, le prince Ali a vertement critiqué mercredi sa candidature.
"Platini n'est pas bon pour la Fifa. Les fans de foot et les joueurs méritent mieux. La Fifa est empêtrée dans le scandale (...) La culture des arrangements en coulisses, en sous-main, doit prendre fin", a ainsi estimé le Jordanien, moins d'une heure après la déclaration de candidature de Michel Platini.
Non, car il a aussi ses casseroles
Plusieurs soupçons "d'arrangements" entourent en effet Michel Platini. Son vote pour le Mondial-2022 au Qatar, qu'il a tout de suite rendu public pour montrer que son horizon ne se limitait pas à l'Europe, lui a ainsi valu de nombreuses critiques. Il faut dire que, quelques jours avant le vote, Michel Platini déjeunait à l'Elysée en compagnie de Nicolas Sarkozy, mais aussi de l'émir du Qatar, et d'un représentant de Colony Capital, alors propriétaire du PSG. "Ce n'était pas une erreur", s'est-il défendu, tout en affirmant qu'il faudra revoter en cas de "preuves de corruption".
Ses opposants l'ont aussi attaqué sur l'emploi de son fils, Laurent, dans une filiale d'une société de sports qatarie, un an après l'attribution du Mondial-2022. "Mon fils a été approché pour travailler pour les Qataris non pas parce qu'il est mon fils, mais parce qu'il est un bon avocat", avait alors avancé le Français.
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