Micro caché et (très) gros sous : Chuck Blazer, la taupe du FBI au sein de la Fifa
Depuis 2011, cet Américain de la Fifa collabore avec les policiers américains dans l'enquête sur les pots-de-vin versés aux cadres de l'organisation.
Il espionnait la Fifa pour le compte du FBI. Charles "Chuck" Blazer, ancien secrétaire général de la Concacaf, la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes, est la taupe au cœur de l'affaire de corruption présumée contre la Fédération internationale de football révélée mercredi 27 mai. Selon le Wall Street Journal (en anglais), il a enregistré plusieurs conversations avec d'autres cadres de la fédération.
Avant d'être une taupe, Chuck Blazer était plus connu sous le surnom de "Monsieur 10%". Membre du comité exécutif de la Fifa depuis 1996, l'Américain fut le numéro 2 de la Concacaf, l'une des six fédérations régionales affiliées à la Fifa, de 1990 à 2011. C'est là qu'il a bâti sa fortune, grâce à un accord qui lui a permis de toucher 10% du montant des contrats conclus par l'organisation avec ses partenaires, racontent le New York Times et Buzzfeed (en anglais). L'article du site américain précise que cette règle a même été appliquée aux recettes d'un match organisé pour aider financièrement la veuve d'un joueur.
"On peut vous menotter et vous embarquer maintenant"
Un goût pour l'argent qui a provoqué sa chute. Un soir de novembre 2011, deux agents du FBI et l'IRS l'abordent après une filature dans les rues de New York. "On peut vous menotter et vous embarquer maintenant, ou vous pouvez coopérer", lui lance l'un d'eux, selon le New York Daily News (en anglais).
Leurs arguments sont plutôt convaincants : leur cible n'a payé aucun impôt de 1992 à 1998 et le FBI a mis au jour le schéma qui lui a permis, pendant vingt ans, de dissimuler ses millions de dollars gagnés avec la Concacaf. Acculé, il accepte de coopérer avec les enquêteurs.
Le micro était caché dans son porte-clé
Ces derniers l'envoient à Londres, pendant les Jeux olympiques de 2012, avec un drôle d'anneau olympique : son porte-clé, transformé en micro. Avant de partir, Blazer a envoyé des e-mails à des collègues russes, hongrois, australiens et américains pour les rencontrer. Pendant ces rendez-vous, Blazer pose son porte-clé sur la table.
Ce sont ces enregistrements qui ont conduit, trois ans plus tard, au coup de filet de Zurich. Entre-temps, "Monsieur 10%" est déjà tombé. Un rapport de la Concacaf, qui évalue ses détournements chiffrés par le New York Times (en anglais) à 21 millions de dollars (19 millions d'euros), l'oblige à quitter son poste en 2013. Atteint d'un cancer du colon, Charles Blazer, 70 ans, refuse désormais de répondre à la presse.
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