Quand la Fifa embarrasse ses sponsors
L'énième scandale révélé mercredi 27 mai éclabousse aussi les sponsors de la Fédération internationale de football (Fifa).
Coca-Cola, McDonald's, Adidas, Visa... Ils versent des millions d'euros chaque année à la Fédération internationale de football (Fifa) pour avoir le droit d'afficher leur logo dans les stades de la Coupe du monde. Leur image est associée à la Fifa pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Les deux enquêtes pour corruption présumée, révélées mercredi 27 mai, mettent une nouvelle fois les sponsors de l'organisation dans l'embarras. L'un d'eux, Nike, est même implicitement visé dans l'une des procédures.
Francetv info revient sur leurs réactions aux scandales de ces dernières années.
Les affaires de corruption du "mercredi noir"
Personne ne leur a demandé de s'expliquer, mais ils ont préféré prendre les devants. Après l'annonce des arrestations de Zurich (Suisse), les principaux sponsors de l'organisation ont réagi. La majorité d'entre eux, comme Coca-Cola, Adidas ou McDonald's, ont simplement demandé à la Fifa de faire le ménage. L'équipementier allemand encourage ainsi son partenaire "à continuer de mettre en place et à respecter des normes conformes à la transparence dans tout ce qu'il fait".
Certains sont cependant allés un peu plus loin. Les cartes de crédit Visa ont menacé de se désengager. Faute de changements, "nous avons informé [la Fifa] que nous réévaluerions notre parrainage", a fait valoir Visa dans un communiqué, évoquant ses "profondes déception et inquiétude". "En tant que sponsor, nous comptons sur la Fifa pour prendre des mesures rapides et immédiates pour régler ces problèmes", a ajouté Visa.
Même si la majorité des sponsors devrait continuer de soutenir la Fifa, la menace de Visa n'est pas à prendre à la légère. Fin 2014, l'organisation a perdu cinq partenaires, rapporte L'Equipe, avec les départs de Continental, Johnson and Johnson, Castrol, Sony et Emirates. Des départs qui ont fait dire au député conservateur anglais Damian Collins que la Fifa était devenue "une marque toxique".
Les violations des droits de l'homme au Qatar
Le Qatar est un sujet encore plus sensible pour les sponsors de la Fifa. Ils sont accusés par plusieurs ONG de soutenir les violations des droits de l'homme sur les chantiers des stades de la Coupe du monde 2022. Selon les chiffres de la Confédération syndicale internationale, publiés en mars 2014, 1 200 ouvriers sont morts depuis 2010 en construisant ces stades. Des témoignages décrivent en outre des conditions de travail proches de l'esclavage, avec un système, la Kafala, qui maintient les salariés sous le joug de leur employeur.
Après la publication du dernier rapport d'Amnesty International (en anglais) le 21 mai, des internautes ont pris les sponsors à partie en lançant une campagne de détournement de leurs logos, avec la mention "Fier de sponsoriser les violations des droits de l'homme au Qatar".
Cette stratégie de s'en prendre aux sponsors pour faire bouger les lignes est parfaitement assumée par le groupe de pression New Fifa Now, qui a relayé ces images sur Twitter. Après le scandale de Salt Lake City en 1999, "ce sont les sponsors du CIO qui ont poussé à la réforme, nous pensons que les sponsors et partenaires de la Fifa doivent adopter la même stratégie", explique à Libération son président, Jaimie Fuller. Sur son site, l'association propose un mail type, en six langues, à adresser à huit sponsors importants, dont les adresses sont fournies.
Les partenaires de la Fifa semblent sensibles à ces pressions, du moins dans leur discours. Le 18 mai, à quelques jours du congrès de la Fifa, Visa avait confié être "troublé" par les conditions de travail dans l'Emirat. "Nous demandons à la Fifa de prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à la situation", explique l'entreprise. Le même jour, Coca-Cola a cru bon de préciser que "le groupe ne tolère aucune violation des droits humains où que ce soit sur le globe".
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