Scandale à la Fifa : Michel Platini complètement blanchi ? On vous explique pourquoi ce n'est pas aussi simple
Après avoir été mis hors de cause "en l'état" par la justice suisse, l'ancien Ballon d'or français souhaite que la Fifa annule les sanctions prises à son encontre. La prochaine élection à la présidence de l'instance internationale du football se déroulera en juin 2019.
"Je ne peux plus être banni du football". Après avoir été mis hors de cause, "en l'état", par la justice suisse, Michel Platini souhaite désormais que la Fifa lève les sanctions prises à son encontre dans le domaine du football. Depuis 2015, le triple ballon d'Or ne peut plus exercer aucune activité liée au ballon rond.
Cette sanction avait suivi l'ouverture, en septembre 2015, d'une procédure pénale visant Sepp Blatter. Le président déchu de la Fifa était mis en cause pour un paiement controversé, en 2011, de 1,8 million d'euros, sans contrat écrit, à Michel Platini, pour un travail de conseiller achevé en 2002. L'ancien numéro 10 français, lui, n'est pas incriminé par la justice suisse. Mais est-il réellement blanchi ? Eléments de réponse.
Il n'y a pas de procédure "en l'état", mais l'enquête n'est pas terminée
La procédure en cours ne vise pas l'ancien triple Ballon d'or français, a confirmé la justice suisse. "Nous vous confirmons que, en l'état, la présente procédure n'est pas menée à l'encontre de votre mandant, Michel Platini. Nous pouvons également vous confirmer que votre mandant ne sera pas incriminé dans le cadre de la présente procédure", a écrit le procureur suisse aux avocats de Platini, dans un courrier publié par Le Monde, vendredi 25 mai.
Le Ministère public suisse (MPC) a toutefois ajouté un bémol. Il a précisé à l'AFP que la procédure visant Sepp Blatter et dans laquelle Michel Platini a été entendu en tant que témoin assisté "n'est pas définitivement terminée". Mais il a néanmoins confirmé par communiqué "qu'il ne menait, en l'état, aucune procédure à l'encontre de Michel Platini".
"C'est un porte-parole, il n'a pas fonction de juriste, dire qu'il y a un 'cas' Platini est faux. Nous réagirons très vivement auprès des procureurs lundi", a rétorqué Vincent Solari, l'avocat de l'ancien joueur tricolore. "Il n'y aucune charge, il ne sera pas poursuivi, il est hors de cause", a-t-il encore insisté.
La Fifa maintient sa sanction pour violation du "code éthique"
Quant à la Fifa, elle maintient sa sanction. Parallèlement aux enquêtes judiciaires, la Fédération internationale de football avait décidé, en 2015, de suspendre Michel Platini de toute activité liée au ballon rond. Ce qui a empêché le Français de 62 ans de se présenter à la présidence de la Fifa en février 2016.
"M. Platini a été suspendu pour violation du code d'éthique. La décision a été maintenue par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui a confirmé les accusations mais a réduit la durée de la suspension", de six à quatre ans, a réagi samedi 26 mai la Fifa dans un communiqué. "Il a toujours été très clair, pour la Fifa comme pour le TAS, que M. Platini n'a jamais été visé par une enquête criminelle en Suisse. Les éléments d'un acte criminel dans la loi suisse sont différents de ceux pris en compte pour un acte prévu par le code d'éthique de la Fifa", a précisé l'institution.
La Cour suprême suisse a confirmé la décision du TAS selon laquelle Michel Platini "a commis plusieurs violations du code d'éthique", assène la Fifa. De plus, "le niveau de preuves en matière d'éthique sportive est plus bas qu'en matière criminelle", conclut l'instance du football mondial.
Selon Platini, "tout a été était fait pour "l'écarter" de la présidence de la Fifa
Se considérant comme "blanchi", selon ses avocats, Michel Platini réclame désormais la levée de la sanction imposée par la Fifa, qui court jusqu'en octobre 2019. En vain pour l'instant. Si la sanction est maintenue, il ne peut être candidat à la prochaine élection à la présidence de la Fifa, qui se déroulera en juin 2019.
Michel Platini estime que la Fifa s'acharne contre lui. "Ça a été très difficile. La Fifa n'a communiqué que pour me massacrer médiatiquement. J'en ai pris plein la gueule, a confié l'ancien joueur à l'AFP. Mais quand ma peine a été réduite par les instances sportives (...), quand aucun fait de corruption n'a été établi contre moi, les gens ont compris : tout était fait pour m'écarter de la présidence de la Fifa."
Sur franceinfo, son avocat, Michel Solari, a enfoncé le clou, samedi 26 mai : "Je vous rappelle, a-t-il déclaré, que cette procédure pénale a été initiée par une dénonciation faite par un organe de la Fifa qui n'a pas été identifié à ce jour. Cette personne a déclenché une procédure [ayant] provoqué l'ouverture de la procédure interne de la Fifa. [Celle-ci] avait reproché à l'époque à M. Platini des violations du droit pénal qui se sont révélées totalement fausses (...). Je pense que la Fifa devrait avoir la décence de tirer les conclusions qui s'imposent au vu de la décision du ministère public de la Confédération."
Sans dire s'il sera ou non candidat à la présidence de la Fifa en 2019, Michel Platini estime désormais ne plus pouvoir "être banni du football". Et rappelle ce proverbe italien : "Quand les portes se referment, les portails s'ouvrent."
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