Coupe de France : pour Toulouse, un sacre historique à plus d’un titre
Les courbes de popularité entre le rugby et le football ne sont sans doute pas encore proches de se croiser dans le coeur des Toulousains, mais l'exploit reste retentissant. Dans une ville qui ne jure presque que par le ballon ovale depuis des décennies, le TFC est venu rappeler à tous que son club de football est aussi capable de grandes choses.
En balayant sans pitié le FC Nantes en finale, samedi 29 avril (5-1), les hommes de Philippe Montanier ont fait une entrée fracassante dans l'histoire de la Ville Rose, grâce à une performance historique sous plusieurs aspects.
Sur le terrain, une humiliation dans l'histoire
Il faut remonter à la finale de l'édition 1970 pour trouver trace d'une claque au niveau de celle qu'a infligée le TFC à Nantes samedi. Cela faisait 53 ans qu'une équipe n'avait pas inscrit cinq buts en finale de la Coupe de France. À l'époque, Robert Herbin, Jean-Michel Larqué et Aimé Jacquet s'étaient amusés, déjà, avec les Canaris (5-0). Les idoles des Verts ont laissé leur place aux moins connus Logan Costa, Thijs Dallinga ou Zakaria Aboukhlal, principaux artisans du titre toulousain en 2023.
Plus encore que le score final, c'est la tornade toulousaine qui marquera les esprits. Devant dès la 3e minute, les hommes de Philippe Montanier ont eu le pied bloqué sur l'accélérateur jusqu'à la mi-temps, avant de contrôler. "Gagner une finale c'est rare. Sur un score comme 5-1 c'est peu banal. Il y a une fierté d'avoir gagné, mais aussi la manière. On voulait marquer l'histoire du club mais on va peut-être marquer l'histoire de la Coupe de France avec ce score. Les joueurs ont été fantastiques, parfois les planètes sont alignées et tout se passe comme c'est prévu", s'est félicité l'entraîneur en conférence de presse. Il fallait également remonter à 1955 pour trouver trace d'une équipe ayant marqué au moins quatre buts avant la mi-temps, soit une éternité.
Pour le club, un trophée qui fera date
Si ce titre est le deuxième de l'histoire de la ville après celui de 1957, il est le premier de l'histoire du club actuel, fondé à la suite de la dissolution de l'ancien, en 1970. À l'exception de trois titres de champion de D2 (1982, 2003, 2022), le palmarès du club était encore officiellement vierge, ce qui faisait désordre pour une ville de cette taille. "C'est la meilleure émotion sport de ma vie. J'ai 27 ans et je n'ai jamais connu Toulouse remporter un vrai titre. Je n'étais pas très emballé par le rachat par RedBird mais force est de constater que depuis 2-3 ans, ça gagne !", sourit Sébastien à la sortie du stade.
Un peu plus loin, Alexandre, qui s'apprête à rentrer en minibus à sept vers Toulouse, ajoute une dimension supplémentaire à l'exploit : son club est tout juste promu en Ligue 1 cette année. "C'est comme dans un rêve. C'est dingue. Je ne sais pas si on va revivre ça un jour. Il y avait la Ligue 2 l'an passé mais là, c'est l'émotion la plus forte qu'on ait eu. On va bien célébrer ça sur le retour !"
Les joueurs aussi mesurent déjà la portée de la performance qu'ils ont accompli, samedi soir : "On est rentrés avec cette envie vraiment de ramener un trophée à Toulouse. Sur le terrain on courait tous les uns pour les autres. On est un vrai groupe et ça donne ça. C'est un truc de fou !", a savouré Farès Chaïbi au micro de France 2.
Pour la ville, une parenthèse football pour une ville qui respire le rugby
Et ce trophée devra apporter un peu baume au coeur aux supporters du TFC à Toulouse, qui souffrent depuis longtemps de la comparaison avec le Stade Toulousain, ogre de France et d'Europe. Dans une ville qui respire avant tout le rugby, le football a longtemps été le parent pauvre de son cousin ovale, qui draîne toujours les foules à Ernest-Wallon. "Toulouse se faisait beaucoup chambrer car on était une anomalie. On est la quatrième ville de France et on n'avait pas de trophée majeur. Là, ça fait sérieux ! Le club va se faire respecter un peu plus, surtout vu la manière ce soir", se félicitent Arnaud et Jean-Marie, 44 et 42 ans, voix cassée après avoir hurlé.
Après quelques parcours en Coupe d'Europe à la fin des années 2000, le TFC était retombé dans un relatif anonymat, avec des passages en Ligue 2, pendant que le Stade Toulousain collectionnait les titres. "Même des quadragénaires comme nous n'ont pas connu de trophée majeur avec Toulouse. Le Tef', c'était un match contre le Naples de Maradona en Coupe d'Europe, un autre contre Liverpool dans les années 2000 et rien d'autre. En plus, on va retourner en Europe. La dernière fois qu'on y avait été pendant l'époque Gignac, on avait galéré. L'ambiance au Stadium était morose à l'époque mais les bons résultats ont fait revenir du monde en tribunes, ça va tout changer", ajoutent-ils.
Plus stoïque en conférence de presse, Philippe Montanier n'a pas pour autant oublié l'environnement du club et la ville dans la réussite des Violets. "Il y a beaucoup de joie de partager cette Coupe avec les gens du club, et bien sûr tous nos supporters. Le peuple violet attend depuis si longtemps de ramener cette coupe au Capitole", a souri l'entraîneur. Symboliquement, le TFC a vécu la plus belle heure de son histoire le même jour où le Stade toulousain a échoué aux portes de la finale de la Champions Cup, dominé par le Leinster. Dimanche, la place du Capitole sera pour une fois plus inondée du violet du TFC que du rouge et noir du club de rugby, mais Toulouse continuera de voir la vie en rose.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.