Coupe de France - Des clubs amateurs déclarent forfait : "Pour se prendre dix buts en 30 minutes ? Non merci"
Iniquité sportive, manque de préparation, protection des joueurs contre la Covid-19… les arguments ne manquent pas aux dirigeants des quelques clubs amateurs qui ont décidé de déclarer forfait en Coupe de France. Dans l’Allier, l’AS Dompierre (D1) devait affronter Andrézieux-Bouthéon (N2) pour le sixième tour de la compétition, ce samedi, alors que l’équipe première ne s’entraîne plus depuis trois mois. "Nous avons été avertis dix jours avant la rencontre. C’est impossible de s’entraîner en semaine avec le couvre-feu à 18h, donc nous aurions eu un seul entraînement, pendant le week-end, avant le match. Nous n’aurions pas été prêts à résister à l’intensité physique contre une équipe qui évolue 5 divisions au-dessus, avec des joueurs sous contrats fédéraux, qui s’entraînent tous les jours", explique Gaëtan Reure, son entraîneur. "Déjà qu’en temps normal on aurait souffert physiquement, alors dans ces conditions-là, des blessures me semblent inévitables", ajoute-t-il.
Si les clubs amateurs encore en lice en Coupe de France ont le droit de s’entraîner et de disputer la compétition, ils n’ont en revanche pas obtenu de dérogation pour s’entraîner après 18h. "On n’a même pas la moitié de l’effectif disponible pour l’entraînement, puisque les joueurs travaillent avant le couvre-feu", regrette Fabien Desmet, président de l’US Tourcoing (R1), qui devait affronter Boulogne-Sur-Mer, équipe de National 1, dont le championnat n'a pas été interrompu. "Depuis juillet, Boulogne a disputé une trentaine de rencontres, et les joueurs s’entraînent tous les jours. Nous, on n’a même pas droit à un match de préparation. Nous aurions été complètement désavantagés, et c’est certain qu’on aurait pris une valise. Dix buts en trente minutes ? Non merci", déclare le président, qui n’a pas voulu mettre en danger l’intégrité de ses joueurs. "Si nous devions jouer contre une équipe du même niveau, avec les mêmes conditions de préparation, alors nous n’aurions peut-être pas pris cette décision de déclarer forfait", assure-t-il.
"Qui sommes-nous pour mobiliser des médecins, en cette période, pour un match de foot ?"
En Alsace, Guy Massaloux, président de la FA Illkirch-Graffenstaden (N3) et médecin généraliste, préfère parler d’un boycott, plutôt que d’un forfait. Il dénonce "l’irresponsabilité" de la FFF : "Le virus circule activement, on réfléchit actuellement à des mesures draconiennes, mais on voudrait faire jouer des joueurs amateurs ? Je n’aurais plus aucune crédibilité en tant que médecin si je cautionnais cela". La fédération a pourtant annoncé un protocole sanitaire stricte pour les équipes engagées, avec un test PCR deux jours avant la rencontre, un test antigénique la veille du match, et un médecin sur place le jour même pour vérifier que tous les joueurs se soient bien soumis à ces tests. "On nous dit que les précautions sont prises pour éviter un cluster. Mais les labos et les médecins sont déjà submergés de travail, on ne va pas les embêter encore plus pour un match de foot amateur ? Sans compter qu’un test coûte en moyenne 72€ à la Sécu, quel est l’intérêt ?" réagit Guy Massaloux.
La responsabilité l’emporte sur la volonté
Pour Gaëtan Reure, la programmation du 6e tour de la Coupe de France ce week-end est un moyen pour la FFF de déculpabiliser, en laissant jouer les footballeurs amateurs : "Il y a une volonté farouche de la FFF à mener la compétition à son terme, avec notamment des intérêts économiques. Et on a l’impression que les clubs amateurs retardent la chose, donc on nous fait jouer sans tenir compte du temps de préparation nécessaire". En Haute-Loire, le président du Velay FC (N3), Guillaume Fourcade, n’a pas aimé la manière avec laquelle la fédération a organisé ces rencontres : "Tout le monde veut jouer ce tour, les joueurs veulent disputer la Coupe de France, mais notre devoir est aussi de montrer notre mécontentement". A la veille des premières rencontres du 6e tour, huit clubs ont déjà annoncé leur forfait : à l'AS Dompierre, l'US Tourcoing, la FA Illkirch-Graffenstaden et le Velay FC s'ajoutent le FC Flers, l'ES Manival, Bourg-Blanc et l'US Berlaimont
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Les clubs déclarant forfait vont devoir faire une croix sur les 7500€ promis aux qualifiés pour le tour suivant : "Financièrement, pour le club, c’est important. Mais nous savions déjà que les retombées économiques de la Coupe de France seraient faibles cette année, puisque le calendrier est déjà connu, et qu’avec la nouvelle forme prise par la compétition, nous ne serions pas tombés sur un club pro au tour suivant, alors que ces matches représentent une belle fête et de belles recettes en billetterie et buvette", explique Guillaume Fourcade.
Alors que le forfait d’une équipe en Coupe de France mène généralement à une interdiction de participation à la compétition la saison suivante, la FFF a précisé, en début de semaine, que les clubs ne seront pas sanctionnés.
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