Coupe de France : face à des équipes professionnelles, des amateurs plus tout à fait amateurs
Parmi les footballeurs amateurs qui affronteront des équipes de Ligue 1 ou Ligue 2 en 16es de finale de Coupe de France, certains vivent du football et s'entraînent quotidiennement.
Et si les "petits poucets" de la Coupe de France n’étaient plus aussi petits qu’ils en avaient l’air ? Au stade des 16es de finale de la compétition, qui se déroulent à partir du dimanche 2 janvier, la plus petite division représentée est le National 3, la cinquième division française, où de plus en plus d’équipes au statut amateur tendent vers le professionnalisme.
Il est passé par le centre de formation des Girondins de Bordeaux, a connu plusieurs sélections en équipe nationale du Togo et a même disputé une Coupe d’Afrique des nations, mais c’est sous les couleurs de Jura Sud Foot, équipe de National 2, que Cédric Mensah affrontera l’AS Saint-Etienne dimanche. Le gardien togolais est l’un des quelques joueurs du club jurassien à disposer d’un contrat fédéral, qui lui permet de toucher une rémunération, sans pour autant lui accorder le statut de footballeur professionnel. "Avec les primes de match, cela me permet de vivre correctement du football sans exercer un autre métier, mais sans faire de folies non plus", explique-t-il sans vouloir dévoiler de chiffres.
Salaires, primes de match et conseillers sportifs
Comme Cédric Mensah, en National 2, de nombreux joueurs peuvent se permettre de vivre du ballon rond, grâce à des contrats fédéraux. Ils sont en moyenne 8 par équipe, selon une enquête menée par le site footamateur.fr, avec tout de même de grandes disparités entre les clubs qui n’en comptent pas un seul et ceux dont une large partie de l’effectif est sous contrat, comme le Vannes OC, qui rencontre le PSG lundi. Une division en dessous, en National 3, la moyenne de contrats fédéraux tombe à deux par club, avec certaines équipes qui en comptent plus d’une dizaine, comme l’AS Cannes, qui affronte Toulouse dimanche.
Voici la programmation des 16èmes de finale de #CoupeDeFrance ! pic.twitter.com/WLzl5rNWbx
— Coupe de France (@coupedefrance) December 20, 2021
La Roche Vendée Football (N3) qualifiée pour les seizièmes de finale de Coupe de France, dispose de trois joueurs sous contrat fédéral parmi son effectif. "Ils touchent au minimum 1700 euros par mois. Les autres joueurs sont indemnisés à chaque participation à un match, à hauteur de 120 euros environ, et avec des primes de victoire de 110 euros", indique Christophe Chabot, le président du club. Cette professionnalisation croissante s’accompagne aussi de points plus négatifs selon le dirigeant : "On est à mi-chemin entre le club pro et le club amateur, sans statut unifié pour les joueurs, et par moment c’est un peu tendu quand vous croisez des gens dans les couloirs qui ne parlent que de leurs salaires et de leurs intérêts."
Ces intérêts sont mêmes parfois défendus par des conseillers sportifs, voire des agents, dont disposent certains joueurs des quatrième et cinquième divisions françaises, comme Canarie Unjanqui, surveillant dans un collège et défenseur central de Chauvigny (N3), qui affronte l’Olympique de Marseille dimanche : "Je pense que c’est assez répandu parmi les jeunes joueurs, afin d'essayer de viser plus haut. Mon conseiller m’a permis de venir à Chauvigny et ça me libère pour me concentrer sur le foot. À notre niveau déjà, il ne faut rien prendre à la légère et avoir ce côté professionnel si on veut performer."
Des divisions exigeantes
Pour rester performants au sein de divisions qui se professionnalisent, les joueurs de N2 et N3 s’entraînent très régulièrement. "On a trois ou quatre entraînements collectifs par semaine, en soirée, pour que ceux qui travaillent puissent être présents, et les joueurs sous contrat effectuent des entraînements individuels supplémentaires", explique Christophe Chabot. En National 2, pour les joueurs de Jura Sud Foot, il est assez contraignant d’allier un emploi avec le football : "On s’entraîne tous les jours et généralement le matin", affirme Cédric Mensah.
Les joueurs de l'équipe de @JuraSudFoot se sont entrainés, hier et aujourd'hui avant d'affronter l'@ASSEofficiel ce dimanche, en 16e de finale de la @coupedefrance pic.twitter.com/CR56AT6rBc
— France Bleu Besançon (@bleubesancon) January 1, 2022
Afin d’encadrer ces séances quotidiennes et favoriser la récupération de ses joueurs, le club jurassien dispose d’un staff étoffé, qui n’a pas grand chose à envier à des équipes professionnelles : "Le staff est composé d’un coach, d’un entraîneur adjoint, de deux préparateurs physiques, d’un analyste vidéo et d’un entraîneur des gardiens. Un kiné intervient aussi une fois par semaine. Ils adaptent les entraînements selon des données statistiques récupérées grâce à des GPS que l’on installe dans des brassières. C’est très professionnel", assure le gardien togolais. Du côté de la Roche Vendée Foot, "un déplacement concerne 25 à 30 personnes, juste pour les joueurs et le staff", assure Christophe Chabot.
Si les Vendéens se déplacent à Versailles (N2) dimanche, les neufs autres clubs de N2 et N3 encore engagés en Coupe de France affrontent des équipes professionnelles. Leurs joueurs, dont certains sont issus des centres de formation et d’autres sont d’anciens professionnels en fin de carrière, tenteront de réaliser l’exploit. "Même si l’écart de niveau reste important, on a eu pour certains le même cursus de formation. Donc sur un match de Coupe de France, tout peut arriver. Ça va nous permettre de nous jauger, et on va jouer notre chance à fond", promet Cédric Mensah.
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