Coupe de France : les clubs amateurs heureux mais soucieux pour la reprise
Il n’y a pas que les skippeurs du Vendée Globe qui naviguent en eaux troubles. Ce mardi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a annoncé à la surprise générale, la reprise des entraînements, pour les clubs amateurs, qui participent à la Coupe de France. Une bonne nouvelle, pour Nicolas Pinard, entraîneur de Limonest (qui évolue en National 3). "Pour nous, c’est hyper motivant. Si on se qualifie au prochain tour, on peut s’entraîner une semaine de plus. C’est une chance de pouvoir jouer et on est très content de reprendre la compétition. Il faut avoir conscience qu’on est des privilégiés." Privés de compétition depuis le mois de novembre dernier, les joueurs sont aussi impatients de retrouver le chemin des terrains. "On est satisfait de reprendre la compétition parce qu’elle manque à tout le monde. En plus, la Coupe de France permet de vivre de belles émotions", s’enthousiasme Quentin Granier, ailier droit à l’Aubenas Sud Ardèche (pensionnaire de Régional 2). Mais cette reprise a un prix. En effet, les 249 clubs encore en lice dans cette compétition centenaire doivent se creuser la tête pour trouver des solutions, car de nombreuses obligations ont été mises en place.
Des contraintes sanitaires assez importantes
Pour que ces rencontres se déroulent sans encombre, la Fédération française de football (FFF) et l’État ont installé un protocole sanitaire strict : les matches sont prévus en début d’après-midi en raison du couvre-feu à 18 heures, des tests PCR doivent être effectués trois jours avant l’événement. Aussi, des tests antigéniques ont lieu le jour du match et un médecin doit être présent pour les valider. Des assujettissements qui interrogent car les clubs amateurs expliquent qu'ils n'ont pas toutes les indications à leur disposition. "L’organisation pose beaucoup de questions. Il y a des contraintes sanitaires, mais nous n’avons pas plus d’explications", s’inquiète l’entraîneur du CA Vitry (qui évolue en Régional 1), Faycel Aouini. "Je me demande une chose : si le jour du match, on a deux ou trois joueurs positifs à la Covid-19, que va-t-il se passer ? Nous sommes dans le flou."
L'annonce inattendue et le manque d'informations alarment aussi les sportifs, comme l’explique Quentin Granier. "On ne sait pas combien de joueurs et de membres du staff vont pouvoir se déplacer. En plus, on a une certaine pression sur les épaules, car si on ne respecte pas le protocole, on est forfaits pour la rencontre. Donc on aimerait plus de clarté." En effet, l'instance française du football a été catégorique. Dans un communiqué publié mardi, elle explique que "si une équipe se trouve dans l'incapacité de participer à (une) rencontre du fait de la mise à l'isolement de tout ou partie de son effectif ou pour défaut de tests, celle-ci sera éliminée par forfait".
"On a projeté de s’entraîner à 20 heures malgré les obligations"
Dans la période d'arrêt, si les entraînements étaient suspendus, sauf pour ceux qui bénéficiaient de contrats fédéraux, les joueurs ont quand même continué à s’amuser avec le ballon. Les clubs ont ainsi tenté de s’adapter en faisant travailler leurs athlètes individuellement à la maison. Footings et activités musculaires ont été au programme pour garder la forme. "On a eu la chance de pouvoir s’exercer avant cette reprise. Mon coach était persuadé que la compétition allait recommencer et que, du coup, ceux qui feraient le plus d’efforts seraient récompensés", raconte l’ailier droit du club de l’Aubenas Sud Ardèche. "On a fait beaucoup de compromis, on a travaillé individuellement chez nous, et on n’a jamais coupé avec le football. Donc on essaye de rester positifs, car on sait très bien que certains n’ont pas eu notre chance".
La reprise des séances collectives devient un véritable casse-tête pour les techniciens. En effet, avec la mise en place du couvre-feu à 18 heures, les entraînements doivent avoir lieu avant cette heure fatidique. Une contrainte assez problématique pour des clubs où les joueurs ont souvent une profession. "On a projeté de s’entraîner à 20 heures malgré les obligations, car on ne peut pas faire autrement. Avec le couvre-feu à 18 heures, ça veut dire que nous devons mettre des séances à 16h et terminer à 17h30. C’est impossible pour les joueurs qui font des longs déplacements et surtout qui ont une vie professionnelle. La mairie nous offre les installations entre 17 heures et 22h30 et nous allons fournir des attestations pour justifier les trajets allers-retours des personnes concernées par les entraînements, puisque la Fédération française de football ne nous donne pas de certificats officiels", explique Faycel Aouini.
Certaines équipes ne sont pas aussi aventurières et vont annuler leurs séances prévues en semaine, pour s’exercer uniquement le week-end. "On a demandé une dérogation pour savoir si on pouvait s’entraîner après le couvre-feu de 18 heures, mais notre requête a été refusée. On a seulement ce samedi et ce dimanche pour préparer notre rencontre face à l’AC Seyssinet, qui se déroule le week-end prochain. Il faut qu’on s’adapte", précise Quentin Granier. Des matches amicaux contre les équipes U20 pourraient aussi être mis en place, pour préparer les joueurs.
Un risque de blessures qui inquiète les clubs
Forcément, comme les athlètes n’ont plus effectué de séances collectives depuis des mois, le risque de blessures peut être accru. "Notre inquiétude concerne surtout l’intégrité physique des joueurs. C’est une compétition prestigieuse sur un match couperet, et les joueurs vont être très motivés. Au vu de leur niveau de forme, ça risque d’occasionner des blessures", avance Faycel Aouini. "C’est pour ça que je suis mitigé entre le plaisir de retrouver la compétition et l’organisation compliquée du tournoi. L’échéance est très proche et les joueurs arrivent avec très peu de préparation."
Les 30 et 31 janvier prochains, les clubs amateurs vont jouer leurs matches de Coupe de France. Avec l'espoir que tout se passe bien.
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