Coupe de France : Rennes, toujours placé, jamais gagnant
“Le grand plaisir de la vie est dans l’attente”. Difficile de savoir si John Cowper Powys fut un jour supporter du Stade Rennais mais l’écrivain britannique a couché sur le papier à la fin des années 70 un proverbe que tout fidèle du club Rouge et Noir garde précieusement dans un coin de sa tête, lui qui attend depuis 48 ans de connaître le bonheur de voir son club soulever de nouveau un trophée. Car si Rennes est une équipe fidèle, elle l’est avant tout avec les rendez-vous manqués. Pour la quatrième fois en dix ans, le SRFC investira le Stade France en se dressant face au Paris Saint-Germain, samedi en finale de la Coupe de France. Mais si les histoires d’amour finissent mal en général, celle entre l’enceinte dyonisienne et Rennes a tout du mélodrame, avec trois finales perdues, face à Guingamp en Coupe de France (2009, 2014) et Saint-Etienne en Coupe de la Ligue (2013). Entre derbies bretons, désillusions et bus à impériale, retour sur les trois derniers échecs du Stade Rennais à Saint-Denis.
• 2009 : les favoris tombent de haut
Si la Coupe de France est souvent l’histoire de petits poucets, les finales réservent souvent bien peu de surprises. Depuis 1959 et le triomphe du Havre face à Sochaux, les clubs de Division 1 puis de Ligue 1 ont fait du trophée leur chasse gardée. Alors quand Rennes se déplace au Stade de France pour sa première finale depuis 1971, la confiance règne au moment d’affronter Guingamp, rival breton mais embourbé dans le ventre mou de la Ligue 2 (13e).
Dans une ambiance de fest-noz, où 80 056 personnes (record d’affluence pour une finale de coupe de France) reprennent en chœur le Bro gozh ma zadoù, hymne de la Bretagne, Rennes croit réaliser le plus dur en ouvrant le score grâce à Carlos Bocanegra (69e). A vingt minutes d’une nouvelle ligne au palmarès, les joueurs de Guy Lacombe vont finalement craquer en moins d’un quart d’heure. Le bourreau se nomme Eduardo. Une remise maladroite de Hansson (73e) puis des grosses largesses défensives (83e) permettent à l’attaquant brésilien de signer un doublé et de crucifier les Rennais. Le trophée tant attendu s’envole donc chez le voisin, qui inscrit par la même occasion son nom au palmarès de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. La générosité à la rennaise.
• 2013 : bus, "tocards" et Brandao
Quatre ans après la désillusion face à Guingamp, Rennes retrouve le Stade de France, cette fois en finale de la Coupe la Ligue. Face à lui, Saint-Etienne, géant du football français mais lui aussi en grosse de disette de trophée avec aucun titre depuis 32 ans. Le Stade Rennais, qui débarque bien mal en point du côté de Saint-Denis avec huit matches de rang sans victoire et un Frédéric Antonetti qui parle de "tocards" pour qualifier son équipe, décide pourtant de croire en son destin en prévoyant avant la finale un bus à impériale pour parader dans la ville le lendemain de la finale.
Un poil trop confiants, peut-être, les dirigeants rennais puisque sur le terrain, rien ne va se passer comme prévu. Stéphane Ruffier n’attend pas une minute avant de sortir une énorme parade devant Mevlut Erding avant que Brandao, profitant d’une sortie complètement ratée de Benoit Costil, n’envoie l'ASSE au paradis en inscrivant le seul but du match (13e). Les Stéphanois rentreront en héros dans le Forez, les Rennais la tête basse du côté de l’Ille-et-Vilaine. Le bus, lui, est resté au garage.
• 2014 : le non-match
Cette fois, c'est la bonne. Rennes débarque au Stade de France pour la troisième fois en cinq ans en s'offrant un remake de la finale 2009, et compte bien vaincre enfin le signe indien. Frédéric de Saint-Sernin, président des Rouge et Noir à l'époque, n'hésite pas à monter au créneau dans les médias pour réfuter le sentiment de lose que traîne le club depuis plusieurs années. "Je ne peux pas laisser dire que nous sommes un club de losers. Sinon, comment expliquer sinon que le Stade Rennais arrive si souvent en finale ? Au contraire, c'est un club capable de performer sur des matches couperet", confiait-il à Ouest France quelques jours avant ce nouveau derby.
Rien de mieux qu'une finale de Coupe de France pour confirmer les dires du boss. On s'imagine alors des joueurs assoiffés de revanche, avec moins de pression que cinq ans auparavant puisque Guingamp joue désormais dans la même cour après sa montée en Ligue 1 la saison précédente. Sauf que Rennes ne verra jamais le jour, face à des Costarmoricains maîtres de leur sujet. Une demi-volée de Martins-Pereira (36e) puis une tête de Yatabaré au retour des vestiaires (46e) achèveront les espoirs de rennais impuissants et passés totalement à côté de l'événement. ''Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il ne s'est rien passé justement. On n'a rien réussi, on doit assumer", lâchait un Benoit Costil lucide à l'issue du match, pour des Rennais qui quitteront la pelouse sous les sifflets de leurs supporters.
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